Cela fait déjà six mois que je suis revenue au Canada, et je n’ai pas vu le temps passer. 6 mois de PVT à Winnipeg. J’anticipe d’ailleurs un peu, écrivant ce bilan quelques jours avant, parce que lundi c’est Thanksgiving et je serai en week-end dans un parc, ce que je ne prévoyais pas vraiment.
À vrai dire, il y a pas mal de choses que je n’imaginais pas du tout se dérouler ainsi pour mon retour (teaser). Analysons tout ça ensemble !
Si vous arrivez sur mon blog pour la première fois, je vous redonne le contexte : après une année de programme d’échange au Manitoba où je travaillais comme lectrice à l’université de Brandon, j’ai quitté le Canada en 2014 mais j’ai réussi à obtenir un PVT en 2016 et j’ai décidé de revenir au Manitoba et m’installer à Winnipeg… pour y rester.
Cinq ans d’expatriation partout dans le monde m’ont fait choisir le Canada pour y vivre définitivement. Et finalement c’est une des premières conséquences que je tire de ces six mois : je le savais déjà mais j’en suis vraiment sûre, oui, je veux vivre ici.
PVT à Winnipeg, choses pratiques
Travail
Commençons par le plus rapide : je n’ai pas vraiment de recul sur la situation de l’emploi à Winnipeg car j’avais trouvé un travail exactement dans mon champ de compétences avant de partir. J’enseigne donc le français aux adultes (mais pas que) à l’Alliance Française – et c’est un vrai travail qui demande d’autres habiletés que juste parler français.
Je travaille donc en français au quotidien. Les cours sont plus diversifiés que ce que je pensais, j’alterne entre classes d’adultes, cours pour employés du gouvernement fédéral et classes d’enfants à partir de trois ans, et cette variété me plaît. J’ai ma propre salle de classe pour la première fois de ma carrière, un vrai poste à temps plein, des étudiants en général super agréables, des collègues avec qui partager potins et cookies, un salaire qui me permet de vivre confortablement. C’est un bilan positif.
Logement
J’avais des critères assez précis : je voulais vivre seule, payer moins de 850 dollars de loyer (ce qui est déjà pas mal cher pour une ville de taille moyenne comme Winnipeg), avoir le chauffage inclus et surtout être à moins de quinze minutes à pied du travail.
J’ai dû visiter sept ou huit appartements au total, parfois miteux parfois trop beaux, mais j’ai assez vite compris que j’allais galérer si je passais par des agences. Je venais d’arriver, je n’avais pas d’historique de crédit (j’avais passé ma première année avec une carte de débit seulement) ni de contacts d’anciens propriétaires à donner. J’ai finalement trouvé en ciblant des annonces sur Kijiji qui contenaient le contact direct du propriétaire.
Après… j’adore mon appart mais il a aussi des soucis et j’hésite à déménager à la fin de mon bail en mai prochain.
La banque
Pour rester dans le pratico-pratique, certaines banques ne sont pas présentes sur tout le territoire et à l’ouest le choix se fait surtout entre Scotia et RBC. Je suis retournée à la RBC car j’étais déjà chez eux la première année. Par contre, malgré un contrat de travail et un salaire au-dessus du salaire minimum, ils n’ont pas voulu me laisser avoir une carte de crédit tout de suite. J’ai attendu d’avoir travaillé quatre mois et ai dû déposer un dossier complet avec mes fiches de paye et mes dépenses mensuelles, avant que ma demande soit approuvée pour une carte sans montant bloqué.
La carte de crédit, ça fait bizarre pour un Français, mais ça marche comme une visa à débit différé et ici c’est indispensable, parce que sinon, avec une simple carte de débit sans puce on ne peut pas payer sur Internet ni effectuer de réservation… pas pratique du tout.
Voyages, Winnipeg, le Manitoba
Bon, c’est un peu le point noir. Au cours de ma carrière, je me suis toujours arrangée pour enseigner dans des systèmes scolaires avec des vacances, ou bien choisir mes dates de contrat pour pouvoir partir entre deux missions. Mais en Amérique du Nord, c’est deux semaines de congés payés au bout d’un an, le sans solde n’est pas toujours évident à prendre et je savais que je n’aurai pas de vacances avant un moment. Travailler six mois de suite sans pause c’est un peu difficile, mais je le savais et finalement je ne m’en sors pas si mal.
Car on a beaucoup de jours fériés, pratiquement un par mois, qui se décalent toujours automatiquement au vendredi ou au lundi (France, à bon entendeur…) et finalement je découvre le Manitoba comme jamais, parce que quand je vivais à Brandon, j’allais plutôt dans les autres provinces que dans celle qui m’accueillait.
Il y a pas mal de parcs tout autour de Winnipeg où randonner, se baigner, faire des feux de camps, observer les animaux, j’ai pu aussi aller à Hecla, à Spruce Woods, à Gimli sur les bords du lac (un jour je vous écrirai les articles qui vous montreront tout ça), j’ai vu les couleurs d’automne et j’ai pu retourner au parc de Riding Mountain (j’y suis allée une fois mais en mode nord-américain, sans sortir de la voiture en conduisant autour du parc). Et ça c’est vraiment une révélation : moi la parisienne, la citadine, je me surprends à aimer la nature de plus en plus mais en même temps, étant au Canada, ça semble juste tellement logique d’aller se promener tout le temps entre arbres et lacs.
Du coup je ne suis pas trop à Winnipeg même (je n’habite pas en centre-ville), je n’ai pas joué les touristes sauf au Musée canadien des Droits de la personne, j’ai encore plein de coffee shops à tester et j’ai recréé la routine habituelle, qui me suit partout dans le monde : des endroits où aller boire un café, acheter des robes de seconde main et manger des gâteaux (pour vous lecteurs : chez Parlour ou Thom Bargen, chez Salvation Army ou Goodwill et au Frenchway).
Winnipeg est moins pire que dans mon souvenir, la ville a pas mal changé et ne mérite pas (plus ?) forcément son affreuse réputation.

D’un point de vue perso
Vie sociale et linguistique
Je vous ai déjà expliqué la plus grosse déconvenue de mon retour : mes copines canadiennes m’ont ghostée. Après une année d’amitié extraordinaire, où j’avais été accueillie à bras ouverts, où on se voyait tous les jours ou presque, je n’existe plus. On dit souvent que les Canadiens sont très chaleureux au premier abord mais peuvent se montrer assez doués en fausses excuses.
Et je m’y suis retrouvée confrontée pour la première fois : ah non je peux pas, ah non désolée, ah non ceci. Je préférerais mille fois un peu de franchise, un “non désolée on a évolué, trois ans se sont passés, enterrons cette amitié si on ne décide pas sérieusement d’essayer de la reconstruire”. Tant pis.
J’ai encore quelques amis internationaux, mais le courant ne passe plus trop avec certains, et le reste de ma vie sociale se compose de… Français. Collègues, amis rencontrés via le blog ou le forum de Pvtistes (il y en a peu mais il y a certains qui choisissent de faire leur PVT à Winnipeg). Du coup, je parle français au travail toute la journée et je parle français dans ma vie sociale en plus.
L’anglais me manque, c’est la première fois que je l’utilise aussi peu. Sans nécessairement le perdre (au contraire mon accent britannique est revenu en force) j’aimerais bien me trouver de nouveaux amis, de préférence anglophones. Mais Winnipeg est réputée être une ville difficile pour ça : les gens ont construit leurs cercles depuis l’école ou l’université et ne laissent pas beaucoup d’étrangers y entrer. Il va falloir de la patience.
Et puis aussi…
Le plus gros changement dans ma vie finalement, ce n’est pas de faire ce PVT à Winnipeg, d’être revenue au Canada parce que ça c’était attendu et c’est familier. C’est de ne plus être célibataire. Pour reprendre ses mots, il y a désormais quelqu’un qui partage mes journées, mes nuits, mes balades et j’ajoute qu’il me prête même son chat en guest-star sur mes photos. Vous l’avez peut-être deviné ou lu entre les lignes, puisque des on sont apparus dans mes articles. Je ne m’attendais pas à me mettre en couple, je supposais que ça arriverait quand ça arriverait mais sans chercher.
Et en fait c’est juste une autre suite et conséquence logique de mon retour et de l’envie profonde de vivre ici : c’est tellement plus facile de s’engager en ayant posé ses valises pour plus longtemps que huit, dix, douze mois quelque part, quand on a pas de billet de retour. Et le plus drôle dans tout ça, c’est que c’est le blog qui m’a apporté mon copain. Il me lit depuis quatre ans, depuis son arrivée au Manitoba. Comme quoi, tenir un blog peut mener à plein de choses !–
Et après ?
La semaine prochaine, ça fera six mois que je travaille donc je pourrai entamer mes démarches de résidence permanente, via le programme de la province. Il y a bien une petite voix qui me dit que j’ai fait le quart de mon visa, que ça va passer trop vite, mais la transition vers l’avenir devrait normalement bien se passer. Ce n’est pas encore pour tout de suite, six autres mois m’attendent, six mois de neige, d’hiver, de moins 30 ou 40, et tout autant de balades et de découvertes !
Quelques bilans sur la vie à Winnipeg :
– le bilan à 6 mois de PVT Canada
– le bilan des un de PVT à Winnipeg
– le bilan en chiffres des 18 mois
– le bilan de fin du PVT
– 3 ans à Winnipeg
– 4 ans à Winnipeg
– 5 ans à Winnipeg
– 6 ans à Winnipeg
42 commentaires
Et me voilà à jour des nouvelles!!! Désolée d’avoir tardé. Je suis trés heureuse pour toi. A deux c’est mieux 😉
Je te taquinais, il n’y avait pas de rush 😀
Je sais mais je m’en veux un peu d’avoir laissé passer une telle bonne nouvelle. Les enfants sont super contents pour toi!
En te lisant, je me rends compte que ces 6 derniers mois sont passés à une vitesse folle.
Je suis ravie de voir que tout va bien pour toi.
Beaucoup de chose ont aussi changé de mon côté – ne serait-il pas temps que je t’envoie un mail avec quelques nouvelles ?
A bientôt 🙂
Florence
Oh ouiiii 😀
Je voulais te dire que tu m’inspires vraiment, ton blog m’a fait découvrir ton métier, me donne d’autant plus envie de vivre au Canada, aujourd’hui j’envisage de plus en plus sérieusement d’y aller dans quelques années, et de faire un DU FLE pour m’orienter pourquoi pas dans cette voie…
J’ai aussi vu via ton Twitter que tu t’étais fait plagier, franchement ça me laisse dans l’incompréhension de voir des personnes capables de ça, courage j’espère que la personne va cesser cette copie ridicule !
Je te souhaite plein de bonheur pour la suite et avec ton copain, c’est chouette tout ça 🙂
Je viens de découvrir ton blog et de dévorer tout plein d’articles. J’adore ton style. C’est naturel et ça fait du bien ! Bravo pour ton blog donc mais aussi ton PVT et ton chéri ! Bonne continuation
Merci beaucoup Fanny ! A bientôt ! 🙂
C’est vraiment chouette de voir que tu avais raison, que ton intuition était bonne et que le Canada est l’endroit où tu te vois t’installer. Ca fait un chouette parcours, même si tu aurais peut-être souhaité y revenir plus vite/tôt, quand on regarde les choses globalement de mon point de vue extérieur, ça donne le sentiment d’un chemin presque logique, qu’il fallait suivre pour qu’il n’y ai plus de doute à l’arrivée 🙂
J’espère que tu auras de belles surprises concernant les rencontres sociales/amicales, et qu’elles seront aussi positives et enrichissantes que le reste de ce que tu vis en ce moment 🙂
Ah, et bonne chance pour la résidence permanente ! Que la finalité soit positive et surtout le chemin pas trop lourd administrativement 🙂
Déjà six mois ? Comme le temps file… Contente de lire un bilan aussi positif, tu sembles à ta place ! Continue à bien profiter du Canada, de ta routine, de la belle nature, et de l’Amour 😉 Grosses bises
Je vais essayer 😀 merci !
Une rencontre grâce à ton blog c’est trop beau j’adore !! 😀 Je suis heureuse pour toi. Bilan mitigé mais positif dans l’ensemble ça fait plaisir. Continue à nous régaler les yeux avec tes photos <3
Le blog m’a apporté plein d’amies, c’était presque logique en fait 😀
Tu as l’air vraiment épanouie, c’est vraiment bien! Je suis contente pour toi 🙂
Merci Maëva !
Super bilan je suis contente que tu ai trouvé un boulot qui te convient si bien et l’amour surtout 🙂 pour ma part je bosse et vis en anglais du coup je chéri mes amitiés francophones. Mais je suis d’accord c’est pas toujours facile de se faire de vrais amis sur le long terme
C’est plus facile dans le petites villes aussi je pense ! combien d’habitants dans ta ville ? A Brandon il y en avait 40,000 et c’était beaucoup plus simple de socialiser.
Super bilan, tout ça ! (malgré les déconvenues amicales, le reste est quand même vachement positif)
Faites un blog, ça aide dans la vie ! =D
J’espère aussi que ça se passera bien pour la résidence permanente. Si ça peut te rassurer, c’est toujours moins tordu qu’aux USA haha ! Le coup de pouvoir la demander au bout de 6 mois de travail, wow ce serait tellement le rêve ici O_O
A propos de comparaison entre les deux pays, le peu de congés que tu as c’est dû au fait que tu travailles “dans le privé” (comprendre : en Alliance Française, donc pas en école ni université) ? Parce qu’ici, on a un break géant pendant les vacances de Noël avec les horaires d’université, c’est vraiment cool. Ca compense le salaire pas toujours au top comparé au travail fourni. Je n’avais pas pensé à ça en faisant mes nouveaux plan de carrière dans le milieu académique, mais maintenant j’avoue que j’y pense !
Oui, le Canada a besoin de francophones, surtout la région où je suis qui fait rêver personne, donc l’immigration est facilitée. Pareil pour les congés, quand j’enseignais en université oui j’avais eu une semaine en novembre, cinq à Noël, une en février et le semestre finissait pour nous mi-avril. Moi une carrière dans le supérieur ne m’a jamais tentée, trop de concurrence, et pas envie de faire un doctorat !
Super bilan effectivement, même si c’est toujours blessant de découvrir que certains amis étaient heureux d’être des amis “de loin”. Je suis également dans une région où il est difficile de rencontrer du monde. Mon amoureux est inscrit dans un club de jeux (de rôle et société) et il a des copains, commence à être invité pour autre chose qu’une soirée au club. Mais moi, je galère et finalement je continue à faire des rencontres mais uniquement de gens qui ne vivent pas ici !
Je croise les doigts pour tes démarches de résidence permanente.
Merci pour le croisage de doigts ! Et toi tu n’aimerais pas rejoindre un groupe, club, cercle ?
Il faudrait, je sais que ce serait la meilleure chose à faire, mais …
Il faut prendre le temps, faire des essais, être déçue, recommencer, s’ancrer dans un lieu. Pour l’instant, je ne le dis pas trop fort autour de moi, mais je n’ai toujours qu’une envie : repartir, être en mouvement !
Wahou mais c’est top !!!! Je suis contente pour toi. Tu as trouvé ta place. Tout va aller dans le bon sens tu verras
Je n’en doute pas ! Merci !
❤️ Two cups of english tea ❤️
Oui 🙂
Quel joli bilan à 6 mois (6 mois ! c’est fou que ce soit passé si vite, j’ai l’impression que c’était hier), et comme je suis contente qu’après cette année si difficile en Europe tu aies trouvé et le pays qui te convient et un nouvel amour. Je te souhaite tout le meilleur pour la suite, et les amis viendront d’eux-mêmes 😉
Je reconnais que c’est passé hyper vite ! Merci pour les encouragements 🙂
Je me retrouve complètement dans le problème des vacances et dans celui des amitiés “flaky”. Pour les vacances, j’ai jamais pu m’y faire… c’est l’une des raisons pour lesquelles je me suis mise à mon compte. Quand je travaille, c’est beaucoup et à fond, mais je peux profiter en toute liberté des mois plus creux. Quant aux amis… c’est compliqué. J’avoue, je suis devenue aussi flaky par la force des choses, peu de temps libre. J’aimerais voir plus de gens, mais c’est pas facile. Les villes sont étendues (genre, tu passes pas chez quelqu’un pour un café rapide si t’es pas dans le même quartier), on a tous des horaires différents, etc.
J’avoue qu’entrer dans le système scolaire me tente bien pour récupérer un rythme de vie un peu plus “normal” et des congés plus longs !
Contente que tu es trouvée quelqu’un pour te réchauffer cette hiver ! Je parle du chat, bien évidemment ; )
Bisous d’une parisienne installée à Québec depuis 6 mois !
Le chat est effectivement un mini radiateur, tant mieux, on est descendus à -7 cette nuit ! Mais toi, comment tu vas ?
contente pr toi
même si ça risque d être long tu va te constituer un autre cercle d’amies
Oui, je suis pas inquiète 🙂 et puis je reçois plein de messages “oui j’ai lu ton blog et j’arrive, on peut se rencontrer” donc y a un vivier potentiel là-dedans aussi !
ça fait vraiment plaisir de voir que tu ne regrettes pas ton choix, c’est le principal je pense pour ces 6 premiers mois après pour le reste comme les amis ça viendra avec le temps, j’en suis sûre !
Non, en effet, aucun regret ! Ni le choix de la destination, ni de la ville, ni le moment du départ… c’était que des bonnes décisions !
Wouhoouuu !!! Super ce bilan !!! que du positif, trop contente pour toi, continue à bien profiter !!! <3
J’essaye j’essaye !
Ohh heureuse pour toi. Tu te feras des amis en sortant tous les 2 😉 Tu verras.
J’espère 😀 mais on a un peu tous les deux le problème de travailler en français donc les anglophones sont moins accessibles !
Oh comme je suis heureuse pour toi !! ❤ Je le trouve très positif ce bilan et ça fait vraiment plaisir à lire ! C’est vraiment triste par contre pour tes copines canadiennes et je trouve ça si nul de ghoster les gens…
Mais sinon je te sens plus apaisée, à ta place et c’est vraiment super chouette.
Bises
Oui je suis à la bonne place 🙂 merci pour tes mots doux !