Il y a un anniversaire que je peux déjà fêter : un an à Winnipeg. Cet anniversaire de mi-PVT me surprend, pour plusieurs raisons différentes. Parce que je n’ai pas vu l’année passer, évidemment. Parce que ça marque la durée la plus longue que j’ai passée sans rentrer en France ni voir mes parents. Parce que je n’aurais pas imaginé la moitié de ce qui est arrivé.
Et surtout, pas une seule fois je me suis demandée ce que je faisais là, n’ai remis ma décision en cause, n’ai regretté ce que j’avais choisi. Je sais que je suis à ma place, dans tous les différents pans de ma vie, et c’est une sensation que je n’avais jamais vécu avec autant de certitude. Faisons donc le bilan de cette première année à Winnipeg.
Ce à quoi je m’attendais
L’absence de vacances et de voyages
Les congés payés en Amérique du Nord sont en général de deux semaines et c’est assez douloureux : je suis prof, donc j’ai toujours eu beaucoup de congés, parfois jusqu’à trois mois d’un coup. Là, je peux prendre quelques jours de sans solde par ci par là mais c’est à peu près tout et c’est difficile d’organiser des voyages.
Il y a bien un lundi férié par mois à peu près (le Canada est un pays magique qui a mis les jours fériés les lundis ou les décale s’ils tombent dans le week-end) mais cela ne suffit pas pour aller très loin, surtout en travaillant le samedi matin car les distances sont énormes.
La gentillesse des gens, le service et la tranquillité
J’ai déjà habité au Manitoba, je savais à peu près comment les gens fonctionnent ici mais c’est un plaisir de n’avoir jamais à se battre pour obtenir quoi que ce soit, qu’il s’agisse d’un article, d’un remboursement, d’un renseignement auprès d’une administration. Les gens sont polis, aimables, relativement respectueux de leur prochain et de leur environnement et c’est juste agréable de ne pas se sentir en danger (oui, ceci est une référence au métro parisien).
En ce moment, il y a d’immenses rassemblements dans la rue pour soutenir l’équipe locale de hockey, les Jets, avec les matches diffusés sur écran géant et mon cerveau de parisienne conditionnée a tout de suite pensé aux risques, aux attentats, à la foule. Mais non, ici il ne se passe rien, les actualités traitent de sujets très journal de 13h de TF1 parce que la vie est calme
Les couchers de soleil
Les ciels des Prairies sont les plus beaux que j’aie vus, dans cet hémisphère ou dans l’autre.
–La difficulté à rencontrer des gens
Je n’avais pas du tout vécu ça à Brandon, la ville à côté de Winnipeg lors de ma première année ici, mais j’avais compris depuis que se faire des amis – canadiens – est un gros défi.
En même temps, je travaille en français avec une majorité de Français, j’ai des amis français grâce au blog, mon copain est français aussi… j’ai reproduit malgré moi un schéma de l’expat que je ne cautionne pas vraiment. Je n’ai pas particulièrement de loisirs (et je ne me vois pas rejoindre un club quelconque pour socialiser) donc cela limite assez les opportunités. Cela ne me pèse pas, je suis bien comme ça, et je manque déjà de temps pour entretenir les amitiés que j’ai.
L’hiver
J’avais déjà habité ici donc le vortex polaire, les moins 40, la neige, le gel, le froid, le ressenti éolien… j’avais fait l’expérience de tout cela ! Je n’avais pas hâte de le revivre mais c’est correct comme on dit ici… J’avoue par contre que l’hiver de ces un an à Winnipeg a été un peu long, on a eu de la neige dès mi-octobre et des -20 jusque mi-avril. L’équipement acheté ici m’a bien servi, mais je vais probablement changer mes gants et chaussettes l’hiver prochain, le froid aux extrémités m’a souvent un peu gâché les promenades hivernales.
Ce qui a été une surprise à Winnipeg
Au travail
Il y a eu pas mal de turn-over, ce qui fait que j’ai obtenu ce qu’on pourrait qualifier de promotion : je suis devenue responsable pédagogique en attendant que ma collègue revienne de congé maternité. C’est un poste qui ne m’avait jamais intéressé, que je jugeais un peu fade, mais en fait, j’aime bien avoir une vue d’ensemble, former les autres enseignants, trouver des solutions à des problèmes.
Par contre, ces nouvelles tâches induisent des heures supplémentaires, et je travaille en moyenne 45h par semaine. C’est énorme, c’est sûrement trop, je pioche dans mes réserves parce que j’aime ce que je fais mais les périodes d’activité intense alternent entre des périodes de gros creux et il n’y a pas vraiment de juste milieu. On pense souvent que ça va se calmer, à la fin d’un contrat, à la fin de l’année budgétaire, mais non, ça repart de plus belle.
Ce n’est pas la première fois que je travaille en Alliance Française et les horaires bizarres se justifient par le fait qu’on doit être disponible quand les gens ne travaillent pas : avant leurs journées de travail ou après. À Jersey, je finissais aussi après 20h chaque soir, en commençant à 8h ou 8h30, mais je n’ai pas le souvenir de courir autant après le temps. Et surtout le temps libre.
Lui et le chat
Là, on est dans le perso plus que dans le PVT même si finalement tout est lié. J’ai décidé de vivre ici et ne plus repartir, avec un état d’esprit plus sur le long terme, contrairement à mes autres expatriations où je commençais à juger inutile de devoir encore rencontrer des gens pour qu’ils disparaissent quelques mois plus tard. Je ne cherchais pas à me mettre en couple, cette vie rangée me semblait encore très loin de mes préoccupations mais après une succession de hasards, ma vie a changé. J’étais célibataire depuis 2011, pendant toutes ces années à l’étranger, je jugeais les deux incompatibles. Sauf que non, il suffit de trouver la bonne personne, celle qui a aussi vécu la même chose, qui a les mêmes envies et qui lit votre blog depuis des années.
Donc je suis passée de nomade qui transporte sa vie en deux valises dans des avions tous les ans à personne qui s’installe et achète des meubles pour la première fois à fille qui calcule les affaires à mettre dans son sac car elle vit entre deux appartements. Cette année a été une année de transition aussi. Je venais ici pour trouver une stabilité, avoir mes affaires, ne plus vivre en coloc ou des apparts douteux où j’aurais hérité de trente ans de meubles abîmés. Mais la situation a été un peu plus erratique que ça et rien ne s’est passé comme prévu de ce point de vue là. J’entame donc une nouvelle partie de ma vie, accompagnée cette fois-ci, et avec un petit chat en bonus.
Les sorties dans le Manitoba
Autre gros bonus de ces un an à Winnipeg, les sorties au Manitoba, dans des parcs, des lacs, des petites villes. Lors de mon année à Brandon, j’avais plutôt cherché à visiter toutes les grosses villes du Canada et quittais le Manitoba dès que possible. Là, j’y reste et il y a énormément de choses à voir et à faire, en toutes saisons.
Je n’ai pas encore fait d’articles pour toutes les sorties mais je suis allée à des fêtes de village, dont une pour le 14 juillet, voir les couleurs d’automne au parc de Riding Mountain, ai été émerveillée et puis gelée au barrage de Pinawa, ai passé des dimanches au hasard entre routes et églises, suis allée de nombreuses fois au parc de Birds Hills, le plus proche de Winnipeg, suis allée me baigner dans une carrière à Stonewall, dans la ville islandaise de Gimli, sur la magnifique presqu’île de Hecla. Il y a encore beaucoup d’endroits que je ne connais pas et qui sont au programme pour cette année.
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Parmi les surprises ou les choses inattendues, je pourrais ajouter le week-end dans le Minnesota, le fait de vivre en français, la chute de ma consommation de cafés dans des cafés mignons, moins de poutines que prévu, les glaces, les feux des soirées d’été, les nouveaux copains. Et j’en oublie sûrement.
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Et la France dans tout ça ?
Je ne ressens absolument pas le besoin de rentrer. Certes, ça me fait un petit quelque chose quand au hasard de mon livre de cours ou d’Instagram je tombe sur une photo de Paris, mais c’est tout. La télé au travail diffuse les actualités en continu et je refuse souvent de regarder, je préfère prendre mes distances. Je me suis donc inscrite au consulat, au registre des Français de l’étranger, comme pour m’éloigner encore plus.
Mes parents et mon frère viennent me voir au Canada en août (on commence à Toronto et passe ensuite quinze jours à Winnipeg) donc je pense que ça atténue pas mal le manque de ma famille. Je leur parle sur Skype tous les dimanches ou presque aussi (mais je pense que je vais espacer, toutes les semaines c’est un peu trop, il ne se passe jamais grand-chose de trépidant en si peu de temps).
Mes copines me manquent et c’est difficile de ne pas savoir quand je vais les revoir. Mais elles savent que c’était la bonne décision et me soutiennent donc on trouve d’autres moyens de communication, même s’ils ne remplacent pas un déjeuner japonais, un thé ou une pâtisserie pris de vive voix.
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Et ce qui est prévu pour la suite ?
À la fois pas grand-chose et plein de trucs. Du point de vue tourisme et visites, il y a encore un certain nombre d’endroits à Winnipeg et au Manitoba où je ne suis pas encore allée, et les contrastes entre les saisons rendent chaque sortie au même endroit complètement différente. On a parlé d’aller en Saskatchewan pour un des grands week-ends, je vais passer quelques jours à Toronto au mois d’août et on parle du Costa Rica pour décembre prochain.
Sinon… je suis engagée dans les démarches de résidence permanente pour rester vivre ici sur le long terme. Après un an à Winnipeg, j’attends que cet an 2 de PVT m’apporte un peu plus de stabilité et cela devrait être le cas. Je suis bien et compte bien continuer à vous raconter mes péripéties !
Quelques bilans sur la vie à Winnipeg :
– le bilan à 6 mois de PVT Canada
– le bilan des un de PVT à Winnipeg
– le bilan en chiffres des 18 mois
– le bilan de fin du PVT
– 3 ans à Winnipeg
– 4 ans à Winnipeg
– 5 ans à Winnipeg
– 6 ans à Winnipeg
27 comments
oh c’est super Kenza, et je l’ai bien remarqué que tu te sentais mieux au Manitoba cette fois, avec toutes les balades et decouvertes que tu fais !!! 🙂 C’est super, il faut explorer à fond sa propre région et aller dans les provinces voisines durant les longs weekend, c’est notre seul moyen de partir comme tu dis avec le peu de vacances ! aaarf
Trop de la chance pour Costa Rica, j’ai hâte de decouvrir votre sejour la-bas !!!
J’espere que l’on pourra se voir quand je serai a Winnipeg
Tu me tiendras au courant 🙂
Bonjour Kenza,
Bonne Année 2019 🙂
Je prépare mon arrivée 🙂
Je pense arriver à Winnipeg entre mars et avril 🙂
Peux-tu me donner ton adresse mail ou ton numéro de téléphone pour quelques conseils si cela ne te dérange pas?
Annick
Je t’envoie un message !
C’est un bilan super agréable à lire, et qui donne le sourire 🙂 Bonne continuation au Canada alors !
Merci Julie !
Bonjour Kenza,
JOYEUX ANNIVERSAIRE A TOI!
Très bel article!
Je suis en pleine démarche pour la RP et je souhaite m’installer à Winnipeg.J’y étais en visite exploratoire en 2015 et j’avais BEAUCOUP aimé!
J’espère pouvoir arriver vite, tu me donnes encore plus envie!
@ bientôt,
Nicky
Je suis contente d’inspirer un peu 🙂 à bientôt !
Un bel anniversaire Kenza. ♥ xx
Pas mal de positifs dans ton bilan! Bonne chance pour la RP aussi 🙂 Le seul conseil que j’oserais te donner (beaucoup de choses ont changé depuis ma demande en 2004), c’est de vraiment en faire trois tonnes quand tu prépares ton dossier. Donne TOUTES les infos, fais même des lettres à part. Ça m’avais pris 5 mois à boucler mon dossier, mais j’ai eu la RP en… quatre mois.
Tu me donnes envie de découvrir le Manitoba en tout cas 🙂
Ça fait tellement plaisir de te lire si épanouie 🙂 Je suis vraiment contente pour toi, tu as l’air d’avoir trouvé un équilibre qui te convient !
Joyeux 1 an de PVT 🙂
Très joli bilan à lire! Merci de partager ça avec nous
A te lire, on sent qu’on ne peut que te souhaiter de nombreuses autres belles années au Canada 🙂 Et aussi, un peu plus de vacances ou de jours de congés parce que ça ne peut pas faire de mal, même si ce n’est pas pour explorer ce si grand pays, au moins pour profiter aussi du chat 😛
Sinon je milite pour l’arrivée du printemps, et surtout la fin des tempêtes de neige intempestives !!
Je suis contente que tu ai trouvé un endroit où tu te sens bien, assez bien pour rester. J’ai adoré ton article, je te lis depuis un bon moment déjà et c’est toujours un plaisir de lire tes aventures .
Quel beau bilan, ça fait plaisir à lire 🙂
(et le Canada c’est loin mais je pense qu’un jour, on viendra te voir parce que tu le vaux bien <3 )
Bonjour Claire et Kenza,
Ton blog m’inspire vraiment (Canadienne et Française et vivant en Suisse depuis toujours, je reviens d’un voyage en Hollande…), merci !
Et comme c’est en étant “bold” que les choses bougent, je voulais retrouver l’école de ton amie Claire à Am’dam mais ne sais pas comment m’y prendre.
En tout cas, je suis aussi prof pour adultes et aimerais bien reprendre mais n’ayant pas enseigné depuis un moment ne suis pas sûre comment m’y prendre (c’est pour ça que quand j’ai lu un autre texte de ta part j’ai cru y voir un signe 😉 ! ).
Je verrai bien si tu réponds ou pas. No worries anyways.
Enjoy Winnipeg et tout le reste ! Cheerio
Je suis contente de t’inspirer 😀
L’école de Claire s’appelle l’Ecole de Français, bonne chance !
Merci ! Et excellente suite à toi…
J’espère aussi vivre ce moment magique de “oui. Là je me sens chez moi” dans ma vie…. !
Bises
J’ai l’impression que cet hiver parait plus long que les autres à ceux qui vivent au Canada ou dans le nord des Etats-Unis; Courage je crois que le printemps n’est tout de même pas si loin!
Heureuse de voir que tu te plais là où tu es, et l’avantage du travail et des possibilités de n’avoir que de courts weekend c’est qu’on découvre bien plus la région dans laquelle on vit!
Très heureuse de voir que ce bilan est plus que positif pour toi ! Hâte de voir la suite de tes aventures ici !
super bilan, les photos sont top en plus
Cet un bilan extrêmement positif. Tu as l’air d’avoir trouvé ta place et ton bonheur à Winnipeg et c’est super 🙂
Les cieux manitobains ont l’air incroyables. J’en ai tant entendu parler qu’il va falloir que j’aille les voir sans faute !
C’est un très beau bilan, et je suis heureuse que tu le sois, heureuse ! 🙂
Je suis bien heureuse pour toi Kenza ! Je te souhaite plein de bonnes choses pour ta 2ème année !
On te sent epanouie, , heureuse. Ca fait du bien apres tant d’annees de “malchance”, deception plus ou moins importante.
Ravie pour toi Miss 😉
Belle semaine!
J’ai commencé à te lire quand tu étais en Hongrie, donc ça fait vraiment plaisir cet article où tu es bien ! Par contre vraiment, presque 6 mois d’hiver ça me parait si long, c’est vraiment pour ça que je n’ai jamais vraiment rêvé du Canada. Bonne continuation pour tout ce qui t’attend !