J’ai longuement hésité à écrire ce bilan des 6 ans à Winnipeg mais il s’est passé beaucoup de choses au long de cette dernière année. C’est vraiment complémentaire du bilan de l’année 2022.
Lorsque j’ai clos mon bilan des 5 ans en avril 2022, la pandémie s’estompait et je vous laissais sur la motivation de continuer à découvrir le Manitoba et d’aller dans des endroits où je ne suis pas encore allée (comme Churchill, la ville des ours polaires) tout en continuant à créer plein de contenu.
Mais vous l’avez peut-être remarqué, je ne poste plus. Mon compte Instagram est moribond, je publie à peine un article par mois sur le blog, je n’ai pas raconté mes derniers voyages ( je suis allée deux fois en Alberta, en été et en hiver) ni mes dernières excursions manitobaines. Cela fait pratiquement un an que je n’ai rien posté sur Youtube.
Pourquoi ? Il m’a fallu beaucoup de temps pour réfléchir à tout cela et tout ce que cela engendre, en bien comme en mal. C’est surement ça le fil rouge de cette dernière année : continuer ou arrêter ? J’ai eu des déconvenues mais aussi de belles réussites.
Ce que le blog a permis
J’ai écrit un livre, un guide sur le Canada qui sortira en octobre aux éditions Assimil. J’adore passer à la radio sur Radio-Canada un jeudi sur deux pour faire une liste des événements à venir à Winnipeg mais aussi partout dans la province. J’aime bien aller à des événements pour le travail et qu’on me reconnaisse : “ah c’est toi qui fais les vidéos sur Youtube !”. J’ai aussi construit un super réseau grâce aux rencontres que ma présence en ligne a engendré.
Il a fallu de longues réflexions, des listes, des hésitations, avant de parvenir je crois à une décision, abandonnée puis reprise. On continue, encore un peu.
Vivre à Winnipeg
Il y a un an, on parlait de peut-être déménager. Alors, est-ce que j’aime toujours vivre à Winnipeg, six ans après ? La réponse est oui, mais avoir pas mal voyagé dans la dernière année (je suis allée à Calgary, Canmore (deux fois), Banff, Edmonton, Jasper, Saskatoon, Toronto et Ottawa) m’a vraiment fait prendre conscience des failles de la ville.
Est-ce que je ne les voyais pas, ces failles, ou est-ce que c’est nouveau ? Je ne sais pas. Les trottoirs impraticables, la longueur de l’hiver, la criminalité ambiante, l’augmentation du coût de la vie (qui arrive partout) et un certain isolement commencent à me peser.
Pourtant, je ne pense pas que j’aurais la vie que je mène dans une autre ville, on reste encore extrêmement bien lotis ici, et Winnipeg a toujours des avantages indéniables :
- la communauté francophone d’abord,
- la riche vie culturelle dans les deux langues officielles,
- les services gouvernementaux dans les deux langues,
- les opportunités professionnelles,
- la nature à dix minutes,
- le coût de la vie encore abordable,
- la gentillesse des Manitobains (les plaques d’immatriculation le disent, Friendly Manitoba) et le côté village où tout le monde connaît tout le monde qui est aussi énervant qu’attachant.
- et c’est la terre des opportunités.
Et puis maintenant que j’ai trouvé le job idéal, je ne me vois pas partir. Donc je reste à Winnipeg, mais en sachant au fond de moi tout de même que c’est la bonne décision à prendre.
Le dossier de citoyenneté
Je pense que j’en reparlerai (ou pas) mais ma demande de citoyenneté m’a bouffé toute ma sixième année au Canada. J’ai postulé en octobre 2021 et j’ai reçu mon accusé de réception en janvier 2022. Lorsque j’écrivais mon bilan des 5 ans, j’attendais la convocation pour passer l’examen, et elle est arrivée un mois après. Après, de juin 2022 à mars 2023, j’ai observé tout le monde devenir citoyen autour de moi, y compris dont des gens qui avaient postulé après moi, sans que mon dossier n’avance. Impossible de laisser aller, je consultais mon dossier en ligne tous les jours, ça tournait à l’obsession. J’étais dégoûtée, en colère contre le système, et je le suis encore.
Si j’avais posté cet article autour du 10 avril, pour marquer ces 6 ans en temps réel, je vous aurai dit toute contente que j’avais reçu la convocation pour la cérémonie de citoyenneté pour le 19 et que tout allait bien. L’avenir (la grève) en a décidé autrement mais ça ira dans le bilan de l’année prochaine !
Les autres déconvenues
C’est la même chose dans chaque bilan : les relations sociales.
Pour redonner du contexte, j’ai passé mes trois premières années à Winnipeg à bosser 4 soirs par semaine jusqu’à 21 heures et les samedis, pour un total de presque 60 heures par semaine. Quand j’ai enfin arrêté le FLE pour prendre un travail de bureau dans le but de retrouver une vie normale, la pandémie a frappé : deux ans et demi de télétravail et des règles de socialisation plus bien strictes qu’ailleurs.
Je n’ai jamais vraiment rencontré de gens et je ne sais pas par où commencer : du bénévolat ? des activités ? Mais sans le permis (une autre déconvenue récurrente) ça rend les choses plus compliquées. Je me suis aussi tellement habituée à être seule (vestige de mes 5 ans consécutifs d’expatriation dans 5 pays différents) que je ne sais pas ce qu’il me faudrait. À réfléchir !
Au programme pour cette nouvelle année à Winnipeg
Spoiler alert : je suis devenue citoyenne canadienne donc je vais pouvoir voter aux prochaines élections, avoir un passeport canadien et reprendre les escapades aux États-Unis. Les vacances d’été cette année se passeront à Terre-Neuve, ce qui veut dire que j’aurai visité en partie chacune des 10 provinces canadiennes. Je vais collaborer avec le CDEM pour mettre en valeur les attraits touristiques au rural, donc à l’extérieur de Winnipeg, et reprendre le rythme par ici. J’espère que vous serez au rendez-vous !
Quelques bilans sur la vie à Winnipeg :
– le bilan à 6 mois de PVT Canada
– le bilan des un de PVT à Winnipeg
– le bilan en chiffres des 18 mois
– le bilan de fin du PVT
– 3 ans à Winnipeg
– 4 ans à Winnipeg
– 5 ans à Winnipeg
– 6 ans à Winnipeg
6 comments
Oh, j’avais raté que tu avais finalement pu prêter serment ! Félicitations 🙂
Ce que tu écris sur la vie sociale vient me chercher. Je n’ai pas beaucoup de conseils à donner en la matière car je suis généralement heureuse d’être dans mon coin, mais devenir bénévole dans un jardin de quartier m’a vraiment aidée, tout comme me rapprocher de l’association féministe locale. As-tu des causes qui te tiennent à cœur et pourrais-tu te rapprocher d’une association où les gens voient le monde de la même façon que toi ?
Hé oui, un mois de délai supplémentaire à cause de la grève. C’aurait pu être pire ! Oui merci pour tes suggestions. Soit il faut une voiture, soit il faut être dispo en semaine, ce qui n’est pas mon cas… il faut que je continue de chercher, après tout le bénévolat fait partie des responsabilités des citoyens canadiens!
Hâte de voir ce que la suite te réserve et impressionnée que tu aies préféré Winnipeg à l’Alberta (je suis personnellement tombée amoureuse de cette province et si je réussis un jour à retourner vivre au Canada j’essaierai de m’y installer). Bonne continuation !
Merci Lucile! Je comprends, je préfère un endroit plus modéré dirons-nous 🙂
Félicitations encore pour la citoyenneté qui aura tardé !! Et je serai encore fidèle au poste pour de prochains articles de ta part 😉 c’est toujours un véritable plaisir de te lire.
Cet été, on ne sera “pas loin” (en termes de distances canadiennes, you know what I mean), toi à Terre-Neuve et moi sur l’Île du Prince Edouard. J’espère que nos chemins se recroiseront bientôt, dans l’une de nos provinces respectives ou ailleurs 🙂
Merci pour ton soutien de toujours !! 🙂 l’île, c’est chouette, il FAUT que tu ailles visiter la maison aux pignons verts!