Mon second Thanksgiving canadien pourrait se résumer en quelques mots : balades, nourriture et feuilles d’automne au parc de Riding Mountain.
Il s’est beaucoup, beaucoup mieux passé que le premier qui m’avait laissé un goût amer : je m’étais fait un peu trop critiquer pour des raisons injustifiées et j’étais coincée à un dîner dont la moyenne d’âge devait être de 72 ans. J’avais gardé cependant un excellent souvenir de la nourriture (ça vous étonne ?) et j’étais donc impatiente de remanger tout ça.
Bien sûr, Thanksgiving est une fête controversée, mais beaucoup ferment les yeux pour n’y voir que le dernier grand week-end avant l’hiver qui permet de partir quelque part et de se réunir en famille.
Destination : le parc de Riding Mountain
J’ai eu l’idée d’où aller passer le week-end de Thanksgiving (qui s’appelle l’Action de Grâce en français) dès que j’ai évoqué la question : au parc de Riding Mountain. Ce parc, qui se situe à trois heures à l’est de Winnipeg, est un peu trop loin pour y aller juste deux jours. J’y étais déjà allée en 2013 mais sans mettre le pied en dehors de la voiture ni effectuer la moindre randonnée, je voulais donc y remédier et avoir une meilleure image du parc.
D’ailleurs, Riding Mountain est un parc fédéral, donc l’accès est gratuit pour les 150 ans du Canada. En plus, mon copain y avait déjà été et avait logé dans une sorte de maison d’hôte au concept inclassable où la nourriture est délicieuse. Bingo : tous les critères pour un bon week-end une bonne fin de semaine, étaient réunis.
Samedi : road-trip et marche autour du lac
On part de Winnipeg après mes cours vers 13h, sous 17 degrés et un grand soleil. Après une pause café obligatoire chez Tim’s (le Starbucks canadien) on arrive au parc vers 16h, et on passe tout de suite au centre d’information pour récupérer des cartes du parc. Les couleurs et la lumière subliment le lieu, c’est beau !
On ne veut pas aller trop loin, on est un peu échaudés par nos expériences de randonnée pas toujours optimales (je n’oublierai jamais le coup du sentier qui finit dans le lac d’Hecla) et n’ayant que deux heures avant le coucher du soleil, on décide de rester dans les parages et de marcher autour du lac, jusqu’à l’isthme.
C’est marrant de se prendre pour Moïse et une fois arrivés sur un mini îlot en plein milieu de l’eau, je ne sais plus où donner de la tête :
- il y a les chaises rouges emblématiques de Parcs Canada, qu’on utilisera pour une séance photo rigolote,
- la pluie arrive, ce qui donne une ambiance de fin du monde au lac,
- mais elle s’en va, ce qui en transforme radicalement les couleurs.
On a dû y passer presque une heure je pense, mais il est temps de rebrousser chemin. La lumière a encore changé, rendant la nature toujours plus intéressante, et on n’a pas croisé que des feuilles ce jour-là. Je continue de remplir mon bestiaire canadien : après les biches, les orignaux, les serpents, les spermophiles, les rats musqués… j’ai vu mon premier castor ! et pas un petit…
Dimanche : l’automne et l’expérience de La Grange
Dimanche, on commence par faire un petit tour autour de La Grange, l’endroit où on loge. Il est autour de 9h du matin mais la lumière est dorée comme en fin de journée, c’est beau. Pas loin, il y a le train, parce qu’il y a toujours le train dans les Prairies. On est dans le village de Laurier, 177 habitants à l’année, dont la majorité a le français comme première langue.
Le programme de notre journée, c’est de marcher, encore ! On se décide pour une marche d’environ 8 kilomètres, du côté est de Riding Mountain. Il faisait assez frais et tout gris, j’avais en plus oublié mes batteries de rechange ce qui explique le peu de photos. La nuit assez venteuse avait fait tomber pas mal de feuilles, on était loin des beaux clichés ensoleillés automnaux de la veille.
Pas d’animaux ce jour-là, juste quelques biches, et pas d’ours. J’en avais déjà parlé mais voilà, j’ai trop peur de croiser un ours. J’ai peur de ne pas savoir quoi faire, comment réagir, comment gérer la situation. J’ai lu sur le sujet, j’en ai parlé à mes étudiants qui, en bons Canadiens, m’ont répondu “ben oui” à la question : “Avez-vous déjà vu un ours ?” – comme si j’avais demandé à un Français s’il avait déjà mangé un croissant. Bref, pour eux c’est normal mais pour moi c’est effrayant. Il y a une liste au centre d’information où les visiteurs peuvent rapporter les animaux qu’ils ont vus dans le parc, il y avait pas mal d’ours noirs, mais nous n’en avons pas vu, à aucun moment.
On a fini par marcher 16 kilomètres, on était fatigués mais on a essayé de rentrer tôt parce qu’on avait un rendez-vous culinaire : le dîner de Thanksgiving ! On a rencontré deux Helpx français qui venaient de passer un an à Montréal et débarquaient au Manitoba, il y avait d’autres francophones du Manitoba et du Québec et puisque le Manitoba c’est un village, il y avait aussi la cousine d’un de mes étudiants. What are the odds comme on dit en anglais.
Les photos du dîner ne vont pas lui rendre hommage mais blâmez la basse lumière et le fait qu’une dinde, ce n’est pas trop photogénique. En tous cas, c’était délicieux, tout fait maison avec des légumes du jardin. Désolée si vous êtes végétariens..
L’endroit où on a passé le week-end est une sorte de bed and breakfast complètement unique. Il n’y a que quelques chambres, chacune avec un univers particulier (la marocaine, la française, etc. La nôtre était la cow-boy avec tout en bois et la déco adéquate) et un bric-à-brac organisé partout dans la maison. D’ailleurs, pour moi, c’était tellement un truc d’adultes de prendre son petit déjeuner avec d’autres gens, parler de trucs sérieux, mais les Canadiens sont les rois du chit chat, du bavardage anodin. Je suis en général pas trop capable de communiquer avant d’avoir ingéré mon café mais heureusement j’ai un copain avenant et bavard, ça m’évite de passer pour une grosse asociale.
Lundi : lever de soleil, bisons et de la route
Lundi matin, grosse baisse des températures, de 17 samedi à négatif, avec de l’humidité et un ciel tout gris.
On a commencé par faire un truc que je fais jamais parce que normalement j’aime dormir : se lever pour aller voir le lever du soleil. Autant vous avouer que j’avais moyen envie de quitter le lit douillet pour affronter les moins quelque chose dehors, mais le cadre était magnifique, ça fait du bien de sortir de ses retranchements parfois… et du coup ça montre aussi le Canada, les routes partout, le blé, le maïs et l’agriculture en général, les couleurs, les Prairies dans toute leur splendeur.
On était fatigués de nos kilomètres de la veille et on n’avait pas trop envie de randonner, donc on est partis après le petit déj, d’abord pour aller voir des bisons et ensuite retourner un peu dans le parc avant de reprendre la route pour Winnipeg. Le bison, c’est l’emblème du Manitoba, il est sur le drapeau, sur les plaques d’immatriculation, partout… y compris dans les assiettes (désolée encore une fois, c’est vraiment pas un article pour les végétariens). Et si vous êtes curieux du goût que ça a, c’est vraiment bon, comme du boeuf mais moins gras. Il y a un élevage à Laurier et c’était la première fois que j’en voyais d’aussi près (jusqu’à plus tard cet après-midi-là en tous cas).
L’après-midi, on a fait nos flemmards et on a fait un tour en voiture dans des coins du parc de Riding Mountain où nous n’étions pas encore allés (en même temps, le parc a une superficie de presque 3 000 km carrés !) , notamment l’enclos des bisons. Ils n’étaient pas au niveau du point de vue mais il y a un circuit qui permet de passer dans l’enclos en voiture. Et là… ils étaient tous regroupés dans les pâturages ! C’est super impressionnant de pouvoir les observer de près et de rouler au milieu d’eux.
Et puis on est rentrés à Winnipeg. Évidemment, on a croisé une de mes étudiantes dans la file d’attente du Tim’s pour la pause café du retour parce que le Manitoba, c’est un village (je vous ai déjà expliqué que la règle des six degrés de séparation ne s’applique pas ici ? C’est deux degrés. Tout le monde connaît tout le monde).
Je pense que je retournerai dans ce parc l’été prochain quand mes parents viendront me voir pour en profiter avec d’autres couleurs et faire des randonnées différentes. En tous cas, je conclus cet article alors que tout est blanc dehors et que l’automne est bel et bien fini. Mais l’hiver sera propice à de tout aussi jolies balades… (dit-elle en essayant de se convaincre !)
D’autres sorties au Manitoba ?
– une journée à Neepawa
– le parc de Birds Hill en toutes saisons
– le Canadian Fossil Discovery Centre à Morden
– faire du chien de traineau
– 12 sorties à moins d’une heure de Winnipeg
– le parc de Riding Mountain en automne
– le vieux barrage de Pinawa
– le parc du Whiteshell en automne
– le musée de Fort-la-Reine
– le site historique de Lower Fort Garry
– Grand Beach
– Hecla
– le désert de Spirit Sands
– le parc de Nopiming
– le guide des musées au Manitoba
20 comments
C’est magnifique ! J’adore ces paysages colorés, ça me fait rêver !
Pour ce qui est des ours… heu effectivement, ça doit vraiment être flippant ! Est-ce que sur ces fameux panneaux ils expliquent comment réagir / quoi faire ?
Non mais vraiment, si t’en croises un… tu fais quoi ? 😮
Non… j’ai demandé autour de moi, ça dépend de l’ours (noir ou brun) et s’il y a des petits…
J’avais loupé quelques billets. Superbe. Ça donne envie d’un beau week-end… L’automne c’est quelque chose. L’hiver, j’ai plus de mal !
J’ai adoré cet article rempli de couleurs automnales et de péripéties !!
J’adore tes photos, c’est vraiment très joli !
Merci beaucoup ! 🙂
Jolies photos! J’ai l’impression que les prairies sont sous appreciees, meme par les canadiens eux-memes qui se moquent de tout ce plat 😉 Ici en tous cas.
C’est une bonne idee de partir pour le weekend en tous cas pour en profiter au maximum
Mais oui ! Mais franchement y a vraiment de quoi se moquer mais ça m’énerve quand ça vient de gens qui connaissent pas (surtout les Français sur le Plateau haha)
Tes photos sont superbes ! J’avais déjà hâte de passer thanksgiving en Amérique du Nord, mais là encore plus 🙂 !
Je note l’endroit dans mon petit carnet to-do au Canada, il a l’air trop charmant.
Merci Floriane ! Par contre, attention, y a cinq semaines entre le Thanksgiving canadien et l’américain :p
Superbes couleurs !!! Tu me donnes envie d’aller voir le foliage en Amérique du Nord, tiens… Ce parc semble superbe. Pourras-tu donner les coorodnnées de la maisond ‘hôtes où vous avez logé, et sais-tu si l’option végé était négotiable ?
Ca s’appelle la Grange justement je devrais éditer si c’est pas assez clair 🙂
Et oui pour le végétarien !
Ces couleurs!!
L’année dernière, j’avais pu profiter d’un automne jaune et orange durant de longues semaines (en bretagne 😉 Cette année, c’est plus gris, plus venteux, plus humide, donc moins contrastant aux niveau des couleurs.
Bref, ça me donne envie tout ça!
(et le tout blanc c’est chouette aussi dans un autre genre, non ?)
Oui je me souviens qu’il avait fait beau à Paris aussi, et je m’étais promenée en Europe c’était coloré ! pas autant qu’ici bien sûr. Mais vous avez eu un été plus long 🙂 (ok peut-être pas en Bretagne)
Et pour le blanc oui carrément on est allés se balader en forêt samedi et c’était cool !
Tes photos sont vraiment magnifiques et rendent grâce à ces superbes couleurs d’automne !! C’est génial, j’aimerais pouvoir faire un week-end comme celui-ci 🙂
Il faut venir au Canada, c’est LE pays de l’automne 😀
Je n’ai jamais vu un bison en vrai! Ils sont impressionnants sur tes photos.
Oui ! Et mon copain connaît l’éleveur donc on s’approchera encore plus près la prochaine fois 🙂
Magnifiques photos; les parterres de feuilles donnent une couleur resplendissante. Vraiment superbe!
Merci 🙂