Le Manitoba est entré dans la Confédération Canadienne en 1870 : on a fêté en 2020 les 150 ans de la province. Il y a de beaucoup d’endroits un peu partout qui retracent l’histoire des pionniers et les premiers jours du Manitoba – comme le musée de Portage la Prairie dont on va parler aujourd’hui : Fort la Reine.
Tout le musée, soit 25 bâtiments, s’organise autour d’une grande aire centrale, après le centre d’informations qui accueille des expositions temporaires. Mais d’ailleurs, pourquoi ça s’appelle Fort la Reine ?
Parce que le site était un fort ! Si tout le monde connaît le nom de Jacques Cartier pour avoir exploré le Québec, à l’Ouest, d’autres explorateurs sont célèbres. Un des plus importants, c’est Pierre de la Vérendrye. Cet explorateur et marchand de fourrure a vécu entre 1685 et 1748 et a poussé toujours plus loin à l’ouest, en laissant des traces de son passage au Manitoba et en Saskatchewan… dont Fort la Reine. Le lieu a changé de nom et est ensuite devenu une ville qui s’appelle maintenant Portage la Prairie.
Le musée de Fort la Reine
L’histoire des pionniers
On a trouvé des traces de présence humaine au Manitoba datant d’il y a six mille ans. La région a toujours été habitée, probablement grâce aux lacs et à l’abondance de ressources.
Le fort était le coeur de la vie commerciale. C’était au fort que se faisaient les échanges de fourrures entre les trappeurs, les Autochtones et les colons, sous le seau d’approbation de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Il y a plusieurs forts à visiter à Winnipeg et au Manitoba, notamment Fort Gibraltar, Fort Dauphin dans la ville de Dauphin (logique) et surtout Lower Fort Garry qui est géré par Parcs Canada.
Les bâtiments historiques
Ce qui est bizarre dans ces musées canadiens, c’est que les bâtiments sont souvent d’origine mais ont été déplacés entièrement. Les maisons qu’on visite ont vraiment existé, ont vraiment été habitées, des photos de famille ornent les murs. C’est comme pénétrer les gens à leur insu alors qu’ils sont sortis faire une course.
Il y avait deux autres maisons à visiter, dont celle d’un Premier Ministre, Douglas Campbell. Il a exercé cette fonction entre 1948 et 1958. Toute la maison comportait leurs objets d’époque, leurs photos de famille et tout le premier étage était consacré à son activité de franc-maçon. Ce n’est pas quelque chose qu’on verrait en France !
Le problème cependant dans ce type de musées, c’est que ça ressemble vite à une brocante, à une collection d’objets et de bric-à-brac sans aucune explication de leur fonction ou de leur période. Les gens donnent beaucoup, donc la majorité des objets sont sûrement des donations de locaux qui ont trié leurs greniers/ont perdu un proche et le musée essaye de recréer l’ambiance de la décennie en ajoutant plein d’objets. Cela fait authentique, oui, mais aussi assez chargé.
Le musée a aussi la plus grande collection au monde de tracteurs de la marque Allis-Chalmers, mais je suis désolée, je n’ai pas pris de photos !
L’étable à Fort la Reine
Les étables rouges sont partout au Manitoba et dans les Prairies. Fort la Reine allait évidemment en avoir une aussi.
L’église orthodoxe
Autre bâtiment très commun dans les Prairies : les églises orthodoxes rutilantes, parfois au milieu de nulle part. Elles sont de toutes les tailles, en général très belles et ont une centaine d’années. Difficile d’imaginer la vie de ces immigrants venus d’Ukraine ou de Russie dans les conditions difficiles d’il y a un siècle.
Le village
Le magasin général, l’école, le cabinet du dentiste, de l’avocat, le barbier… Tout y passe pour reconstituer la vie dans un petit village de campagne.
Si vous me suivez très attentivement, vous reconnaîtrez la photo du train. En effet, j’étais déjà allée à Fort la Reine au mois de mai, pour faire un escape game dans ce wagon de train historique de 1880. Le reste du musée était fermé au public car on était encore en hiver, mais ce que j’en ai aperçu m’a donné envie de le visiter, ce qui explique pourquoi j’y suis retournée !
Et enfin, l’école, parce j’adore les vielles écoles.
Visiter Fort la Reine : informations pratiques
Mais attention, le musée n’est ouvert que quelques mois par an ! Toutes les informations pratiques se trouvent sur le site officiel de Fort la Reine.
J’ai beaucoup aimé mon après-midi à Fort la Reine. Et il y a un bonus aussi : le musée a un chat !
D’autres sorties au Manitoba ?
– une journée à Neepawa
– le parc de Birds Hill en toutes saisons
– le Canadian Fossil Discovery Centre à Morden
– faire du chien de traineau
– 12 sorties à moins d’une heure de Winnipeg
– le parc de Riding Mountain en automne
– le vieux barrage de Pinawa
– le parc du Whiteshell en automne
– le musée de Fort-la-Reine
– le site historique de Lower Fort Garry
– Grand Beach
– Hecla
– le désert de Spirit Sands
– le parc de Nopiming
– le guide des musées au Manitoba
12 comments
C’est très original ce musée on dirait un vrai petit village 😀 J’adore les maisons comme si elles étaient encore habitées.
Quoi ? Que lis-je? Pas de photo des tracteurs? franchement t’abuses, là.
C’est marrant que voir les plaques d’immatriculation qui sont passées de “sunny” à “friendly” Manitoba!
Et pour la maison, celle dans laquelle habitaient 12 personnes, en lisant le descriptif je me suis dit que c’est pas vraiment un mal : ils se gardaient chaud !
Très belle église orthodoxe, en effet !
Te serait-il possible d’en dire plus sur ce qui est exposé au 1er étage de la maison de Douglas Campbell ? Je suis curieuse d’en voir/savoir plus sur son activité de FM. C’est sûr que ce n’est pas en France que l’on verrait ça ^^
Petite question (bête peut-être) : comment sont entretenus ces bâtiments durant l’hiver ? Car j’imagine qu’ils ne sont pas chauffés; du coup, je me demandais comment ils (ainsi que leur contenu) pouvaient être aussi bien conservés au fil des ans.
Merci !
Salut! Alors, il y avait des photos, plusieurs Bibles et livres saints, la chaise de “Grand Master”, des costumes, des registres des membres de la loge pendant presque cent ans… Ils sont vraiment ouverts sur la question des francs-maçons ici, ce n’est pas un secret comme en France. J’avais visité la loge de Winnipeg pendant l’équivalent des journées du patrimoine et c’était vraiment intéressant !
Pour l’entretien, tu me poses une colle. Je pense que si, les bâtiments sont chauffés au minimum histoire de ne pas les détériorer plus, ça serait trop compliqué sinon. Je me renseigne et je te dis !
Merci pour ces précisions 🙂
Wow, des registres de presque 100 ans !
Est-ce qu’au Canada, les FM œuvrent plus ou moins publiquement, comme en UK ?
Si ils chauffent les bâtiments en hiver, avec vos -40°C, ce doit faire une sacrée facture au bout de quelques années. Après, c’est sûr que pour les conserver en bon état, il ne doit pas y avoir beaucoup d’autres solutions avec de tels hivers.
J’imagine qu’ils déplacent quand même les livres et autres objets fragiles ailleurs, lors de la fermeture hivernale..?
J’ai ta réponse, de la directrice du musée 🙂
“In the winter the buildings are closed, though they are not heated. The artefacts are changed in rotation so that the same artifacts are not exposed to the changing climate all of the time. Like most small pioneer villages, we are limited to the resources to climate control our exhibits and heritage buildings. Every spring we do a massive condition report process to assess any damages to the buildings and artefacts”
Thank you for this information 🙂
L’eglise orthodoxe est vraiment belle, c’est vrai que j’avais vu des musees similaires en Alberta, avec toute un village reconstitue.
Ils abordent el sujets des Autochtones et des consequences de la colonisation? Ou juste le “trade” et un tippee?
Touché… La question des Autochtones est gérée très très différemment ici par rapport à la Colombie Britannique. C’est tabou, surtout à la campagne (ce musée est au rural). Je crois que c’est abordé seulement au Musée des Droits de la Personne.
Merci C’est intéressant pour moi car j’ai vraiment vu la progression ici de quelque chose qui était tabou à un sujet proéminent et qui fait maintenant parti de beaucoup de décisions prises par le gouvernement et qui a des répercussions (positives) sur mon travail. Mais je dois dire que j’ai souvent été choquée par les commentaires de certains amis venant justement du Saskatchewan (j’ai épelé ca correctement du premier coup ! :O )
Bref, j’espère que c’est un débat qui fera aussi son chemin vers le reste du Canada. C’est après tout une partie primordiale de l’histoire canadienne.
Ca a l’air chouette, ce musée. J’aime bien ce genre de musée de plein air. Il y en a assez peu en France, dommage car c’est souvent intéressant.
Oui, c’est cool ! Un peu kitsch mais ça divertit 🙂