Après six années passées à enseigner le FLE dans cinq pays différents, je voulais en cette période de transition enseigner le FLE à Paris, ma ville. Même si je n’ai pas eu de mal à trouver du travail, je me suis heurtée à des difficultés et surtout à des situations complètement aberrantes et choquantes, à la limite de la légalité.
Je ne suis pas sûre que dénoncer à ma petite échelle serve beaucoup mais j’en ai vraiment marre de me faire avoir. Disclaimer : dans cet article sur les conditions de l’enseignement du FLE à Paris, je râle.
Après mes années à l’étranger, j’étais devenue un fantôme administratif. Pour récupérer la sécurité sociale, j’avais deux possibilités : m’inscrire à Pôle Emploi – mais il faut un numéro de sécurité sociale valide, que je n’avais plus – ou travailler. J’ai choisi la seconde solution et je suis donc (re)devenue prof de FLE à Paris.
J’avais passé un entretien début août pour enseigner le FLE sur un poste à temps plein (23h d’enseignement par semaine) auquel je n’avais pas donné suite car le travail administratif demandé représentait au moins autant d’heures, non rémunérées. Il fallait offrir 30 mn de tests de placement non rémunérés, assister à des réunions, corriger des copies, le tout gratuitement.
Finalement cette école m’a recontactée et j’ai négocié un contrat de 60h en six semaines, seuil nécessaire à l’époque pour ouvrir des droits d’assurance maladie. Je ne sais pas si ces données de 2016 sont encore valables aujourd’hui.
Le tout premier cours était à 11 heures un lundi matin. J’arrive à 8h pour commencer à préparer et pour que l’on me donne les informations et papiers nécessaires (listes de présence, manuels, etc). Dans cette école de FLE, on suit cinq jours par semaine la même classe pendant six semaines. Le professeur doit fournir un plan de cours détaillé (de minimum cinq pages word) le mercredi de la semaine précédente.
En arrivant le premier jour de la première semaine, étaient attendus pour le mercredi les plans de la semaine 1 et de la semaine 2. Je ne sais pas vous mais moi, j’ai du mal à prévoir dix jours à l’avance quels exercices je vais faire avec des étudiants que je n’ai jamais vus et dont je ne connais pas le niveau réel… Et en plus, le manuel de cours n’était pas prêté au prof et ne devait pas quitter les murs ! Jolie preuve de confiance et de moyens, préparer ses cours nécessitait donc de se trouver physiquement à l’école. Premier problème.
Les étudiants étaient cools, mon ressenti amer n’était pas du tout de leur faute et l’école étant l’une des moins chères de Paris, elle ne désemplit pas. Pendant ces semaines, j’ai observé – sans m’investir – des situations plus grotesques les unes que les autres. Les enseignants doivent faire trente minutes hebdomadaires de tests de placement non rémunérées. Ils doivent assister à une réunion pédagogique obligatoire toutes les trois semaines, non payée non plus. Deux évaluations des étudiants sont obligatoires, la correction doit être effectuée gratuitement, peu importe le temps qu’y passera l’enseignant (un devoir A1 comme remplir un formulaire d’inscription est bien plus rapide à corriger qu’une lettre de motivation en B2). Les photocopies personnelles étaient payantes.
Le pire a été quand le remboursement de la carte de transport m’a été refusé, car non pris en charge en dessous d’un certain nombre d’heures travaillées – j’ai dû faire appel à l’Urssaff pour régulariser la situation : c’est obligatoire pour tout employeur, au prorata du nombre d’heures travaillées.
La pression de la direction était assez importante. Et tout ça pour… 11 euros brut de l’heure. Oui. Par un savant calcul, le salaire donné en entretien est plus élevé mais à la fin, c’est ce qu’un prof qualifié, avec cinq ans d’études et autant d’expérience, touche. C’est triste non ? J’avais quitté la Hongrie et un salaire mensuel de 300 euros pour retomber dans la précarité.
Et on parle de Paris, une des villes les plus chères du monde. Je ne vois pas comment on peut vivre décemment avec un salaire aussi bas. Je sais que c’est la crise, que les salaires français ne sont pas forcément à la hauteur de ce que je pouvais gagner dans les pays anglo-saxons. Mais au bout d’un moment, c’est la façon dont les profs sont considérés qui me gêne et le fait qu’il faille toujours se battre pour obtenir quelque chose.
Comme vous pouvez imaginer, j’ai vite quitté cette école une fois mon contrat fini, mes droits à la sécurité sociale ont été rouverts et j’ai retrouvé une existence administrative. En parallèle, j’enseignais aussi dans une autre école, multiculturelle (dans mes classes il y a des allemands, japonais, américains, brunéiens, roumains, ukrainiens, islandais et indiens !) où le salaire est quelque peu meilleur (15 euros net de l’heure).
Je parle au passé car un prof peut enseigner le FLE à Paris en été-automne uniquement. Le reste du temps, il n’y a pas de contrat, pas d’étudiants, ils sont rentrés chez eux passer l’hiver, les fêtes ou ne sont simplement pas venus à Paris, inquiets par la menace d’attentats.
Depuis début novembre, je cours d’école en école à la recherche d’heures. On me dit oui très bien on vous recontacte dans quelques mois. En ce moment, c’est le calme plat, les heures ne sont pas du tout garanties et pour en obtenir s’il y en a, il faut se rappeler au bon souvenir des personnes en charge de l’attribution des cours et ne jamais lâcher. Les affectations promises ont vite fait de disparaître, créant déceptions et trous dans le compte en banque.
Mon but en revenant quelques mois en France était d’enseigner le FLE à Paris. Ce n’était pas de me retrouver sans travail, ni commencer à 19h30 chaque jour, à contre-courant dans le métro en allant au travail quand les gens rentrent chez eux. Ce n’était pas non plus de participer à un système où le prof est jetable, où ses qualifications ne comptent pas, où les “rémunération selon expérience” des annonces ne sont pas là que pour attirer, où l’arnaque s’opère des deux côtés de la barrière. Pour une heure de cours particulier à l’extérieur, j’ai vu une situation où l’étudiant était facturé trente-cinq euros de plus. L’enseignant lui en récupérait… cinquante centimes brut. C’est pathétique. J’en avais marre qu’on me mette dans mon cours A1 sans me prévenir un étudiant B1 car on lui doit un crédit de cours et c’est le seul horaire qui l’arrange. Alors, j’ai claqué la porte.
J’arrête le FLE dans ces conditions. J’en ai marre de devoir me battre pour des conditions de travail aussi misérables, supporter les aléas en ne gagnant pas assez et sans savoir ce que sera mon emploi du temps d’une semaine sur l’autre, s’il a la chance de ne pas être intégralement vide entre novembre et mai.
Je vais reprendre l’enseignement bien sûr, car j’aime mon métier et je ne veux pas faire autre chose que me trouver dans une salle de classe, peu importe qui j’ai en face de moi et la langue que j’enseigne (mon nouveau job, c’est prof d’anglais dans un lycée professionnel en banlieue). Et je sais qu’au Canada, je trouverai des conditions bien plus honorables. Mais en attendant, enseigner le FLE à Paris, c’est fini !
Et vous, profs de FLE ? Avez-vous déjà arrêté une mission à cause du salaire et des conditions de travail ? Avez-vous d’autres témoignages dans le même sens à apporter ? Je vous recommande en tous cas le groupe Facebook Stop Précarité FLE en France pour échanger davantage sur la question !
Et pour en savoir plus sur le FLE, ces liens sur le blog satisferont votre curiosité :
– le métier de prof de FLE en résumé
– tous les articles sur le FLE avec des billets d’humeur sur les étudiants ;
– une longue FAQ sur enseigner le FLE ;
– mes conseils pour chercher du travail comme prof de FLE ;
– mon job d’assistante à l’université au Canada avec le CIEP ;
– mon job comme assistante de français au Royaume-Uni ;
– mon parcours ;
– tous les aspects négatifs du métier ;
– un article sur le système scolaire hongrois ;
– un article sur le système scolaire britannique ;
– pourquoi il ne faut pas aller enseigner en Hongrie ;
– salaires et conditions de travail dans le FLE à Paris ;
– pourquoi j’ai arrêté le FLE ;
– des témoignages de profs de FLE en Australie, en Équateur, à Amsterdam,
en Irlande, à Beijing, au Japon, en Corée du Sud et en Afrique.
24 comments
Bonjour. Je voudrais apporter mon complement d infos et de nuances. Merci pr les partages et le blog.
.. j ai la ” chance” relative de travailler sur le haut du marche avec une ecole privee de langues pour des dirigeants et cadres expats du Cac 40 sur la France. Les cours sont individuels. Peu de back office au final mm s il est debile et mal foutu chez nous. Le management est dysfonctiionnel ds cette ecole. L empereur y est nu mais il a tjrs raison.
Je suis formatrice et consultante et le Fle est un fil rouge freelance en plus pour etoffer mon CV et decouvrir ls metiers et business des clients. Je reste à la page grace à eux. J aime les langues et ai tjrs tres bien scoré en français. Je suis bac plus 5 mais en business,. Je peux me permettre de ne pas prendre les prestas non rentables par chance. Mais j ai des pairs qui enchainent à fond.
.Je partage les ressentis sur les prix fle qui stagnent voire en deflation puisque pas de hausse depuis mes debuts il y a 8 ans. Le online permet d en faire plus cependant. Pendant la pandemie on a battu nos records de CA. Jadis c etait des heures de metro et autant de temps perdu.
Je note egalement des tentatives abusives de baisser les tarifs ou donner des ordres au mepris de la loi sur la sous traitance.
Des profs acceptent tete baissee. et cela m ahurit tjrs. J ai etudie le business et ne me laisse pas faire mais cela m a confortee d aller me diversifier et evoluer car je vois bien une uberisation mais comme pour les VTC je pense que cela va remonter car la penurie va se creer à force de maltraiter les gens.
Ce blog me parait interessant et utile car il denonce les bas fonds du marché et les derives de l uberisation de la formation, les abus d organismes semi publics pires que les buis buis prives.
Dans la formation professionnelle adultes qui est mon secteur, faut pas se lancer trop jeune qu on soit en fle ou autre sujet. C est plus pr ceux qui ont deja roule leur bosse qq annees.
Les langues font partie des moins rentables car paiement cpf en fin de cours, ca peut etre long. La ss traitance a donc des avantages. L ideal c est en direct et sans financement.
Je suis autoentrepreneuse et non je n ai pas souffert d abus comme si c etait evident d office pour l autrice du blog.
C est le meilleur statut fiscal d entreprise. Vs le portage salarial c est pas plus mal. Allez voir les collegues italiens et espagnols freelancers qui ont un fixe d urssaf incompressible et vous verrez comment c est de bosser juste pr payer son minimum d ursaff à 3 chiffres. Au moins quand je ne bosse pas je ne paie pas de taxe et je n ai pas de chef qui m interdit de partir ou m.impose horaire et client.
Autre point..il y a de la demande aussi hors de l ete. Je connais des ecoles où c est l inverse. Au contraire. L essentiel se fait en annee scolaire . Cela depend du marché dont on parle. Les juniors ou les adultes.
Dernier truc , je suis souvent etonnee de voir des pairs ne pas savoir calculer leur taux horaire reel total . Ils touchent 40 de l heure à 1 classe de 25 mais ont x h de prepa correction er back office. C est le 1er truc que je regarde et la formation langues est clairement pas le mieux. Si ce n est pas la marge , c est le volume. Mais l etre humain a une limite.
Franchement on se rapproche des VTC…et ils se barrent du metier….formation exigeante et rentabilite pas top et mode de vie epuisant.
Bref. Etre prof de langues a diverses options, applications et debouches. Ne pas prendre a la lettre 1 blog et 1 vecu de prof.
Bonjour !
Je recherchais justement qulque chose, un écrit, des témoignages au sujet d’un métier sur lequel il y a très peu d’informations, souvent masquées par les vitrines impeccables des Alliances francaises et de leurs fédérations. Je suis un vieux formateur, ayant débuté dans les GRETA à l’époque où les diplômes FLE n’existaient pas. Ce n’était souvent qu’une petite partie du travail et, pour les contractuels, la pluridisciplinarité était de mise pour avoir des chances d’avoir son contrat de travail d’un an reconduit.
Mais le salaire était correct et j’adore enseigner. J’ai aussi beaucoup appris grâce à une système de formation continue performant.
Aujourd’hui, je peux parler des Etats Unis, où j’ai pu émigrer car il n’y avait plus d’opportunité en France (pas de sacro saint diplôme, peut-être trop vieux, beaucoup de concurrence, dépassé ?…).
L’emploi durable est possible, si l’on est bon, adaptable et disponible et, surtout, si l’on est extrêmement agréable avec le public (c’est ce que l’on appelle l’ “auto-marketing”).
Comment ? Dans la plupart des Aliances Francaises, pas de contrat, pas d’assurance santé (tres chère). Le salaire est horaire et seul le face à face pédagogique est pris en compte. Bien sûr, il faut aussi que tu pavanes (gratuitement) dans les évènements culturels; cela permet à l’Alliance d’avoir des financements privés, seconde ressource financière vitale avec les cours payants. La concurrence est grande, quelquefois cruelle. L’objectif est d’avoir le maximum de cours payés entre 20 et 30 dollars US bruts de l’heure. L’Alliance, nous dit-on, est une grande famille….. Avec quelques exploitants qui ont su se placer ou qui en retirent une bonne expérience sur leur CV et surtout beaucoup d’exploités au turn over impressionnant. Mais ça marche ! La vitrine reste niquel et les Consulats francais s’en félicitent, lorsque cela les intéresse. Et n’espérez pas être pris dans une autre Alliance Francaise même avec une superbe lettre de recommendation. Si l’on est dépassé, sans avoir pu se payer l’acquisition de compétences supplémentaires (dans la mesure où elles peuvent servir), c’est foutu. Alors jeunes dames et jeunes messieurs, attention ! Après avoir acquis cette expérience et avoir découvert des tas d’autres cultures, changez de chemin avant qu’il ne soit trop tard ou passez de l’autre côté (celui des décideurs ) si vous en avez l’opportunité.
Bonjour,
Je te contacte pour savoir si il y a des débouchés si je fais la formation prof de français FLE. Je suis en France à Paris et j’aimerais bien m’expatrier sur le long terme. Est ce que à l’étranger il y a du travail dans ce secteur? Sinon tu sais si il y a des secteurs quand on s’expatrie avec beaucoup de débouchés?
Merci d’avance
ALexandre
Bonjour Alexandre,
Tu devrais lire mes autres articles et rejoindre le groupe FB “chercheurs d’emploi en FLE” si ce n’est pas déjà fait. Le marché est saturé, partout. La majorité des pays “glamour” sont inaccessibles pour cause de visas et partout les salaires locaux ne sont pas à la hauteur. Si tu veux t’expatrier avec des débouchés, la cuisine ou la pâtisserie française sont sans faille !
Paris ou province, même combat! La précarité en FLE règne partout.. je suis également dégoûtée par le système universitaire/centre de langues privés/ secondaire en France, suite à des expériences pas très positives liés à un “bad” management (les apprenants, eux, n’y sont pour rien!) … Les directeurs et autres responsables pédagogiques doivent sérieusement se remettre en question !!!
Bonjour,
Alors que je suis en pleine recherche afin de préparer un Master 1 de FLE (voire sur le point de candidater puisque tous les contacts sont pris et les infos utiles récupérées) à distance, je suis en train de m’interroger très sérieusement au vu de vos pertinents messages sur ce blog.
Titulaire d’une Licence d’allemand et prof des écoles durant 7 ans (j’ai dû démissionner pour partir vers une autre activité professionnelle autour du web), j’avais très envie d’enseigner le FLE.
Mais je suis aussi une maman qui vit seule et qui a besoin de gagner sa vie (et mes contraintes de maman ne me permettront de toutes manières pas de partir travailler à l’étranger avant plusieurs années, voire jamais).
Aussi, j’ai bien besoin du témoignage éclairé et honnête des enseignants actuels de FLE en Province (je suis sur Bordeaux).
Merci par avance…et bon courage à vous !
Bonjour Sandrine,
Mon but n’est pas de décourager mais d’informer… ce qui manque cruellement aux masters je trouve, aux séances d’orientation etc. Je n’ai aucune idée de la situation de l’emploi à Bordeaux mais j’imagine que c’est aussi difficile qu’ailleurs. Je laisse votre commentaire en tous cas, au cas où d’autres passent par ici.
Bonjour, je suis PE depuis 13 ans et je regrette de ne pas avoir passé de licence mention FLE à l’époque. Aujourd’hui j’aimerais travailler à l’étranger et élargir mon action de travail en passant le diplôme de FLE. J’ai déjà une licence et suis en poste donc je ne souhaite pas m’inscrire en cours du soir à une autre licence, dois je passer le DAEFLE ou y a t-il une autre possibilité?
En vous remerciant pour votre conseil.
Bonjour. Une licence de FLE ne suffira pas, c’est un diplôme de niveau master. Vous pouvez le passer à distance, en ligne, en vous organisant comme vous le souhaitez. Vous ne serez pas la seule à travailler, enseigner à temps plein.
Bonjour, je suis actuellement en Licence d’Italien à la Sorbonne. Je voulais poursuivre en Master FLE.
Pour être honnête, votre témoignage n’est que la confirmation de ce que j’ai déjà pu entendre.
Néanmoins, j’ai entendu parlé des alliances et des ambassades.
Êtes-vous toujours à Paris ?
salut… c’est la meme chose partout. ici en Italie quand j’ai repris l’enseignement après des années à faire autre chose, je me suis confronté à des écoles de langue dont la méthodologie est dépassée, sans outils, ou vidéo. Une obligeait l’apprenant à acheter son bouquin mais nous n’avions pas droit de l’ouvrir pendant le cours!!! Du coup je leur ai volé certains clients qui me suppliaient de faire des cours privés. Je n’en ai pas honte. Je suis maintenant indépendant. Et je n’ai jamais autant travaillé. Quitter les écoles est la meilleure chose que j’ai faite, et je remercie ces anciens “élèves” à m’avoir incité à enseigner en privé. Le bouche à oreille fonctionne, je ne travaille que chez moi, je réduis ainsi les frais (transport, essence, assurances,…) tout en proposant des économies aux apprenants (moins cher que l’école et pour moi un meilleur salaire). J’ai mon propre manuel, avec ma méthode, avec mes propres documents et une sélection de vidéos. Petit à petit je me “professionnalise” également avec mon blog.
Je partage tes conclusions Martial ! En quittant l’une de ces écoles, presque tous les étudiants m’ont proposé de les récupérer en cours privé. Il n’y a pas de honte à avoir, on délivre un meilleur service et une fois les frais de gestion retirés, c’est plus avantageux pour le prof comme pour l’étudiant comme tu le fais remarquer. Il faut par contre pouvoir accueillir les étudiants dans de bonnes conditions, ce qui n’est pas mon cas.
un peu d’inventivité et le tour est joué. je peux “recevoir” chez moi, j’utilise d’autres instruments, mon propre manuel. mais on peut aussi trouver un accord avec un magasin par exemple ou partager l’espace d’une entreprise. Cela a été le cas aussi pour moi. Je faisais une remise pour un cours à une entreprise qui me laissait utiliser une de ses salles de réunion. Idem avec un magasin de meuble. En plus c’était très utile pour le cours avec deux A1/A2 ce magasin pour explorer les meubles, les couleurs, les matières, les chiffres avec les prix. Le fait d’enseigner le FLE nous incite d’emblée à devoir inventer chaque jour car chaque apprenant est différent et on fait presque du sur-mesure. Inventer, créer donc des solutions pour pouvoir travailler meme en dehors de chez soi, c’est faisable. Dernièrement je fais aussi le nordic en français, la marche nordique au parc, mais uniquement en français. Certains de mes élèves, les retraités, adorent 🙂
Mon expérience n’est pas récente mais elle tout aussi navrante… Il y a 15 ans j’ai travaillé pour la Chambre de commerce d’une petite ville de province et les conditions/salaires/encadrement étaient aussi à pleurer. Manuels des années 70 dans un piteux état (et qu’on n’a pas le droit de sortir des murs), photocopies payantes, salaire de misère, désintérêt et manque d’encadrement total (j’étais débutante ou presque après un an d’assistanat en Angeleterre, donc j’ai appris sur le tas). J’ai repris mes études peu après mais pas en FLE parce que je ne voulais pas me retrouver avec ce type de conditions de travail… C’est vraiment dommage, j’aurais bien aimé continuer dans cette voie.
J’ai également arrêté une mission à cause des conditions : plus de 35h de travail dont plus de 30 de cours !!!!! Et pas de préparation de cours (la 4ème dimension). Pas de photocopieuse, pas de télé ou de vidéo, pas d’ordinateur, parce que c’est pas le genre de la maison. D’autres aberrations mais ça prendrait au moins une centaine de pages à décrire. Et l’inspection du travail qui s’en fiche complètement ! Pour info l’école est à Sancerre >fuyez. J’ai aussi eu une mauvaise expérience à l’IF de Saragosse où la directrice est digne d’un bourreau d’Esprits criminels. Là aussi la direction s’en balance complet, tant que ce n’est pas pour parader en costard cravate pour boire du champagne, j’ai l’impression qu’ils ne bougent pas de leurs fauteuils de fonctionnaires du MAE. La France, pourtant soucieuse de son « rayonnement » ne soutient pas ses travailleurs à l’étranger, d’ailleurs la description de tes aventures administratives à ton retour sont un bon aperçu. Pourtant il y a de la demande, c’est dingue. En passant il faut savoir qu’après six mois de travail à temps complet à l’étranger, on peut prétendre à une allocation de retour de 300€ auprès de Pôle Emploi 😉 .Même si j’ai eu de bonnes expériences aussi, je suis désespérée en ce moment à cause des conditions : salaires, contrats locaux abusifs et de courte durée (bien sûr ! Je lis la convention collective à chaque fois que je m’expatrie, juste avant de signer le contrat –que je ne peux signer que sur place- De toutes façons si je ne suis pas contente je peux toujours squatter sous un pont.) C’est honteux de voir comment les profs de FLE sont traités !
Ce que tu racontes est effroyable ! Mais malheureusement, nous ne sommes que peu à même oser se plaindre, la plupart des gens acceptent, devant manger, se loger, payer les factures… pour ces jobs qu’on a laissés, d’autres en moins bonne situation financière ou moins conscient les accepteront…
même si je l’envisageais même pas, ton article me conforte sur l’idée que JE NE VEUX PAS travailler en France. Tu parles de Paris mais je pense vraiment qu’en province, c’est la même chose. Et je suis contente que tu puisses bientôt t’en échapper. Parce qu’on fait un métier super, on rencontre des géniaux (la preuve avec Lines 🙂 ) et ce serait dommage que cette mauvaise expérience parisienne gâche tout ça.
Prends soin de toi en tout cas, 🙂
Oui, c’est vrai que je n’ai pas parlé de la province car je ne connais pas la situation mais elle doit être assez semblable ! Evidemment, il y a des expériences cools, autant pour le salaire que les collègues et les conditions !! 😀
C’est flippant de lire des trucs comme ça sans déconner … d’un côté on a envie de dire que plus personne ne devrait travailler comme ça, ainsi on ne supporterait pas ce système, mais d’un autre côté il faut bien manger et … ah oui, payer ses impôts. Relou … je comprends que tu râles !!
Merci Stéphanie ! j’espère surtout que cet article va aider des profs un peu perdus qui arrivent ici via Google… sur ce qui est acceptable ou non. Mais il y aura toujours quelqu’un d’encore plus précaire pour venir accepter…
C’est triste de voir que les profs de FLE en France ne soient pas mieux considérés 🙁
Très… mais tout ce qui a trait à l’éducation j’ai l’impression !
courage à toi
c est triste d en arriver la
le reflet de la société actuelle malheureusement
je ne savais pas qu il y avait un tel écart entre les saisons
Si, c’est la même chose dans les pays anglophones, les gens qui vont prendre des cours d’anglais y vont plutôt en été 🙂