J’ai enseigné le français pendant trois ans en Angleterre (à York et à Jersey dans les îles Anglo-Normandes), ce qui m’a permis d’avoir une bonne idée du fonctionnement du système scolaire anglais.
Le système scolaire anglais
L’école en Angleterre et au Royaume-Uni peut commencer à 3 ans. La maternelle se compose de la Nursery et de la Reception mais n’est pas obligatoire.
L’enseignement obligatoire commence à l’âge de cinq ans en Angleterre. L’enfant entre en Year 1, puis avance progressivement jusqu’en Year 11 où, à seize ans, les examens des GCSE marquent la fin de la scolarité obligatoire.
Le lycée, appelé Sixth Form, n’est pas obligatoire et ne dure que deux ans : Year 12 avec les examen AS et Year 13 avec les examens A-Level.
L’année scolaire dans les écoles anglaises commence en septembre et se finit tard : mi-juillet. Les trois trimestres font environ douze semaines chacun et les vacances scolaires en Angleterre sont réglées avec minutie :
- six semaine de cours
- une semaine de vacances (appelée half-term)
- six semaines de cours
- deux semaines de vacances.
J’ai beaucoup aimé cette façon de voir le calendrier scolaire. On sait exactement où on est dans sa progression fixe, on peut mieux gérer les niveaux de travail et de fatigue. Aucun trimestre ne sera plus long que l’autre et il n’y a pas non plus de zones scolaires pour les vacances, tout le monde a le même calendrier partout au Royaume-Uni.
La vision de l’éducation en Angleterre
Débarquer dans une école anglaise, c’est découvrir un tout autre monde.
Dès l’école primaire, dans le système scolaire anglais, les élèves sont responsabilisés à agir : ils peuvent aller aux toilettes sans demander la permission, se lever pour aller chercher quelque chose sans autorisation, etc. Toutes les fournitures sont mises en commun au fond de la salle et la notion de collectivité est très importante. La parole est encouragée et jamais réprimandée.
Au collège et au lycée, toutes les activités extra-scolaires sont mises en valeur, le bénévolat est extrêmement important et les écoles ont souvent un système de maisons comme dans Harry Potter pour valoriser ce sentiment de fierté et d’appartenance. Et bien sûr, l’uniforme joue un rôle primordial dans le développement de cette attitude.
Les classes dans les écoles anglaises ont également chaque jour un moment avec leur professeur principal, le form time, qui dure en général une demi-heure, soit le matin en arrivant, soit après le déjeuner.
Les types d’écoles en Angleterre
La dichotomie école privée – école publique est extrêmement importante au Royaume-Uni. Si l’école publique est gratuite, tous les parents ne veulent pas y envoyer leurs enfants. L’inspection académique, l’OFSTED, fait la loi sur le niveau de qualité des écoles et leurs rapports publics (par ici) sont extrêmement importants pour la réputation d’une école.
Les écoles privées prospèrent donc et leurs frais de scolarité se comptent en plusieurs dizaines de milliers de livres sterling annuelles. Les écoles non-mixtes sont également monnaie courante. J’ai enseigné en simultané dans un collège-lycée privé de filles et dans la troisième pire école du Royaume-Uni en termes de résultats scolaires et la différence était frappante.
Il existe aussi cependant des Grammar Schools, des collèges publics sélectifs qui visent à rassembler les meilleurs élèves d’une zone géographique. La notion de compétence est importante dans le système scolaire anglais et pour de nombreuses cours, les élèves sont mélangés selon leurs habiletés. Ainsi, en mathématique ou en français, tous les élèves d’une même année auront cours en même temps mais seront dans un groupe précis, du top set au bottom set, selon leurs résultats dans cette matière. Cela permet de mieux adapter l’enseignement aux élèves en face et de mieux les préparer aux examens qui ont deux niveaux au choix : fondation ou higher.
Le lycée en Angleterre
Énorme différence avec le système scolaire français : en Angleterre au lycée, on choisit ses matières. Les étudiants en prennent en général cinq la première année et quatre la seconde année. Ils n’ont plus que 20 heures de cours par semaine, à raison de 5 heures par matière. Ils se spécialisent donc très vite mais sans avoir à rentrer dans des cases ou des filières pré-établies : il est possible de faire des sciences et des langues, des maths et de la musique.
L’enseignement du français
L’enseignement du français en Angleterre peut laisser perplexe plus d’un aspirant professeur. En cours d’anglais, la grammaire n’est pas étudiée, pas même à l’école primaire. Les élèves n’apprendront jamais ce qu’est un verbe ou à quoi sert un adverbe. Donc il est difficile d’enseigner une langue aussi grammaticalisée que le français sans ces connaissances grammaticales.
L’examen du GSCE de français demande aux élèves d’être capables de parler d’eux, de leur famille, de leur quotidien proche et immédiat. Donc il n’est pas vraiment non plus nécessaire d’apprendre à conjuguer un verbe en entier, puisque l’examen est uniquement à la première personne. Il y a beaucoup de vocabulaire, mais peu d’explications concrètes sur la structure de la langue.
On peut avoir son GSCE de français en ayant appris par coeur ses leçons. Par contre, le fossé est énorme avec le français au lycée, qui demande d’avoir acquis cette maîtrise de la langue, les temps, le lexique, assez pour pouvoir étudier une oeuvre littéraire en français classique ! J’ai par exemple étudié Maupassant avec mes Year 13.
Les examens en Angleterre
Outre différents tests tout au long de la scolarité pour vérifier les niveaux de compréhension en lecture et mathématique des élèves, les premiers vrais examens du système scolaire anglais sont les GSCE qui se passent en fin de Year 11. Cinq matières sont obligatoires :
- mathématiques
- anglais
- biologie
- chimie
- physique.
Les autres sont au choix de l’élève. Plus l’école sera compétitive, plus l’élève passera de GSCE (environ une douzaine en moyenne).
Le GSCE de français
Quand j’étais assistante de français, une grosse partie de mes tâches consistait à aider les élèves à réviser et pratiquer pour le GSCE de français. L’examen comporte une partie écrite et une partie orale en contrôle continu, qui est enregistrée et envoyée au siège social de la compagnie qui fait les examens pour double correction. Il y a une note pour la prononciation, la communication, le vocabulaire et l’interaction, le tout faisant un total ramené en lettres.
L’oral du GSCE de français consiste à répondre à six questions en fonction de thèmes étudiés dans l’année. Cette année-là, l’examen portait sur le lieu de vie : parle-moi de Jersey, des choses à faire, du tourisme, des avantages et des inconvénients à vivre ici. L’élève a plusieurs mois pour préparer ses réponses par écrit à ces questions. Dans le cas de ma classe de l’école publique, ils avaient tous recopié sans réflexion aucune ce que le professeur avait pu mettre au tableau, ou ce que leur disait le dictionnaire. Certains n’avaient rédigé que la première question, alors qu’ils avaient la date de l’examen depuis début septembre. Le taux de réussite n’était pas haut.
Les A-Levels
Les A-Levels sont l’équivalent anglais du baccalauréat français. Puisque les étudiants n’avaient que quatre ou cinq matières au programme tout le long de leur année scolaire, ils n’ont que quatre ou cinq examens à passer pour terminer leur scolarité dans le système éducatif anglais.
Et l’uniforme alors ?
J’ai personnellement beaucoup aimé cette composante du système scolaire anglais : l’uniforme, à tout âge. Cela permet non seulement de renforcer le sentiment d’appartenance à son école mais de gommer une partie des inégalités. Elles restent cependant visibles, via les téléphones, les sacs, etc. mais en classe, tout le monde se ressemble. Les personnalités ne sont pas non plus complètement annihilées pour autant, chaque élève ayant la place de s’exprimer au quotidien d’autres façons que par ses vêtements.
Et pour en savoir plus sur le FLE, ces liens sur le blog satisferont votre curiosité :
– le métier de prof de FLE en résumé
– tous les articles sur le FLE avec des billets d’humeur sur les étudiants ;
– une longue FAQ sur enseigner le FLE ;
– mes conseils pour chercher du travail comme prof de FLE ;
– mon job d’assistante à l’université au Canada avec le CIEP ;
– mon job comme assistante de français au Royaume-Uni ;
– mon parcours ;
– tous les aspects négatifs du métier ;
– un article sur le système scolaire hongrois ;
– un article sur le système scolaire britannique ;
– pourquoi il ne faut pas aller enseigner en Hongrie ;
– salaires et conditions de travail dans le FLE à Paris ;
– pourquoi j’ai arrêté le FLE ;
– des témoignages de profs de FLE en Australie, en Équateur, à Amsterdam,
en Irlande, à Beijing, au Japon, en Corée du Sud et en Afrique.
1 comment
Je crois qu'il y a énoooormément à faire pour l'enseignement des langues en UK, ce n'est pas un scoop mais c'est triste de se dire que ça va pas être facile avec les réductions de budgets…Bon courage à toi en tout cas 🙂