Il est grand-temps que je participe au rendez-vous mensuel organisé par L’occhio di Lucie : #HistoiresExpatriées.
Ce mois-ci, pour la troisième édition, c’est Jéromine qui a choisi le thème et posé la question qui fâcherait presque : mais pourquoi es-tu partie ? Pourquoi avoir quitté la France ? Pour aller où ? Pourquoi avoir choisi de s’expatrier ?
Mais aussi dans mon cas puisque je me suis expatriée dans plusieurs pays, on pourrait se demander pourquoi je ne suis pas restée dans chaque pays dans lequel je suis passée… Évidemment, j’ai beaucoup à dire sur le sujet !
Quitter la France
Pourquoi je suis partie 1 : de la France vers l’Angleterre
En 2008-2009, je suis en double cursus : licence de lettres et licence d’anglais pour devenir prof en France. Mais c’est la grève de la mastérisation, parce que le gouvernement planifie de changer les modalités de recrutement des enseignants. Je n’ai pas cours pendant cinq mois, je dépéris, mais les profs ont fait d’immenses listes d’emails, et, un jour, je reçois un message qui dit que les candidatures sont encore ouvertes pour devenir assistant de français en Angleterre.
Je réfléchis dix secondes, je passe deux coups de fil et je réponds que je suis intéressée. Je décide de quitter la France.
Quelques mois plus tard, je prenais l’Eurostar, loin de la Sorbonne, loin de Paris, loin de toutes ces choses : j’avais besoin d’une pause. Je ne me voyais pas continuer dans le système français, faire un master trop théorique, passer un concours forcé pour aller enseigner dans une banlieue dont personne ne veut.
C’est pour ça que j’ai quitté la France finalement : pour échapper à mon “destin” d’étudiante de la Sorbonne au parcours tout tracé.
Pourquoi je suis partie 2 : retour en France
Je voulais rester en Angleterre à la fin de mon année d’assistanat à York.
J’avais entre temps terminé mon premier diplôme, une licence de lettres, mais pas celle d’anglais. J’avais encore des attaches, un petit ami en France, mes parents me mettaient la pression pour que je revienne et finisse mes études, donc je les ai écoutés et je suis rentrée. Je n’avais qu’une envie, de quitter la France de nouveau, mais je n’avais pas le choix.
Pourquoi je suis partie 3 : de la France vers Jersey
Cette année de retour en France s’est très mal passée : ruptures amoureuse et amicales, sensation de ne plus être à ma place à Paris, nostalgie quotidienne intense de ma vie anglaise… Quitter la France était la suite logique de ma première année à l’étranger.
J’avais décidé que je ne voulais pas passer les concours pour devenir prof en France et que je voulais enseigner à l’étranger.
J’ai donc choisi de faire mon master de FLE par correspondance et de partir. Je cherchais des offres d’emploi comme assistante parce que je n’avais pas encore l’expérience ni les qualifications nécessaires pour un poste d’enseignant, j’ai postulé à une annonce pour Jersey, j’ai été choisie et j’ai donc quitté la France une seconde fois fin août 2011.
Pourquoi je suis partie 4 : de Jersey vers le Canada
J’ai passé deux ans à Jersey au total. En décembre-janvier de la seconde année, j’ai eu le choix entre m’engager pour de bon dans l’école où j’étais assistante et suivre une formation pour devenir enseignante du secondaire, ou bien quitter l’île en postulant à tous les programmes d’échange que mon master proposait.
J’ai choisi la seconde option. Mes copines s’étaient mises en couple, elles restaient à Jersey, mais moi je me sentais à l’étroit sur ce bout de rocher, presque claustrophobe parfois.
Mes candidatures ont donné deux résultats : l’Estonie ou le Canada. Je voulais continuer à parler anglais et j’étais très attirée par l’Amérique du Nord où je n’avais jamais mis les pieds, le choix était assez simple.
Pourquoi je suis partie 5 : du Canada vers l’Australie
Je voulais rester au Canada dès les premiers mois de mon année mais j’avais deux petites voix qui s’opposaient et se disputaient : oui tu veux rester mais ça va être compliqué vs. mais tu es jeune pourquoi tu ne vas pas voyager ?
Je ne pouvais pas rester à mon poste actuel à l’université car il était non-renouvelable (je n’aurais de toutes façons pas signé pour une seconde année même s’il l’avait été) et je n’étais pas assez renseignée sur les autres solutions.
Donc j’ai envoyé beaucoup, beaucoup de candidatures. Une seule a fonctionné, alors je suis remontée dans des avions pour aller au bout du monde.
Pourquoi je suis partie 6 : de l’Australie vers la Hongrie
J’ai failli partir de l’Australie après six petits mois et je me sui longuement posé la question de partir ou rester à Melbourne.
Je n’ai pas aimé l’Australie, mon quotidien était ennuyeux, je ne trouvais pas ma place. Mais après un autre ballet de candidatures, je suis finalement restée et je suis allée au bout de mon PVT Australie.
Une année à Melbourne et pas plus, pourquoi ? Pour des raisons de visa, toujours, parce que c’était hors de question que j’aille travailler 88 jours dans une ferme pour obtenir le droit de rester dans un pays qui ne me plaisait pas plus que ça, parce que j’en avais marre du décalage horaire (huit ou dix heures avec la France selon les saisons), parce que mes copines partaient aussi, parce que je ne voyais pas ma vie là-bas. Je voulais rentrer en Europe et j’ai atterri à Budapest.
Pourquoi je suis partie 7 : de la Hongrie vers la France
Aller vivre en Hongrie était une erreur pour tellement de raisons et je me demande encore comment j’ai fait pour tenir dix mois dans un endroit qui m’a rendu malheureuse.
J’avais sérieusement pensé à démissionner fin janvier, début février, mais il y avait des tas de trucs marqués sur le calendrier qui m’ont aidé à aller jusqu’au bout : les visites de mes proches et un voyage par mois dans une autre ville européenne. Il était tout bonnement hors de question de rester en Hongrie, la question ne s’est jamais posée, je comptais plutôt les jours qui restaient jusqu’à mon départ.
Et quitter la France une seconde fois
Pourquoi je suis partie 8 : de la France vers le Canada
Parce que… Quitter la France, partir vivre au Canada, c’était mon but ultime. Toutes ces expatriations, ces voyages, ces expériences dans ces différents pays m’ont permis de confirmer une chose : ce que je voulais, c’était revenir vivre au Canada et y rester. J’ai quand même fait quelque chose qui m’a tenu à coeur avant de partir pour de bon : revivre quelques mois en France pour être sûre de mon choix.
Revenir dans la mère partie après cinq ans à l’étranger, c’est dur. Les expatriés ne rentrent pas dans les cases, ils ne correspondent pas aux normes administratives, professionnelles, sociales. Le marché de l’emploi dans mon domaine professionnel – l’enseignement du français langue étrangère – est pathétique. J’ai quand même testé quelques mois d’enseigner dans une banlieue difficile, afin de voir ce qu’aurait été mon quotidien si je n’étais jamais partie. L’expérience a été positive, car temporaire.
Je ne veux plus vivre en France, ce n’est plus pour moi, je n’y suis pas à ma place. J’ai besoin de parler anglais, d’avoir la valeur ajoutée du bilinguisme, que mon travail en français m’ouvre des portes, découvrir de nouvelles choses, adopter de nouvelles moeurs, sans abandonner les anciennes que j’ai acquises dans tous ces pays. J’ai d’ailleurs listé toutes les difficultés du retour en France après une expatriation dans un article. Je suis contente de les avoir surmontées mais j’allais repartir, ça ne faisait aucun doute.
Est-ce qu’il y aura un neuvième “pourquoi je suis partie” ? Je ne sais pas !
D’autres articles sur l’expatriation :
– pourquoi je suis partie
– suis-je une expat ?
– ce que j’aurais voulu savoir avant de partir
– bilan de 10 ans à l’étranger
39 comments
C’est très intéressant et je sens que je vais adorer cette nouvelle rubrique !
Pour cette question c’est bien car c’est comme un gros résumé de ce que tu as dit dans plusieurs articles, c’est pratique pour de nouveaux lecteurs 😉
Oui c’est exactement ça, un gros résumé 😀
Je trouve ça super toutes ces expériences à l’étranger, même si elles n’ont pas été toutes positives, tu as voulu retenter l’expérience ailleurs et c’est très courageux! 🙂
Salut Kenza, ça fait un moment que je suis ton blog en invisible, j’admire ton parcours et je me retrouve dans beaucoup de tes articles.
Je suis actuellement en master FLE à distance après avoir suivi un parcours anglophones (BA et MA) et une année d’assistante de françasis en COlombie. Cependant, maintenant , pour des raisons de coeur, je pense retourner en France, cependant il est vrai que prof de FLE en France, ça fait pas rêver…. Je m’accroche néanmoins à ce FLE en me disant qu’on ne sait jamais! Connais tu des gens profs de FLE à plein temps en France? En tout cas je sui heureuse de voir que tu es épanouie au Canada! J’hésite à y postuler pour un stage de FLE du M2, si jamais tu as des pistes, je suis preneuse!
Bonne continuation
Beau parcours ! 🙂
En tous cas, on dirait que tu as trouvé un endroit où tu te sens bien ! 😉
C’est dingue toutes ces expériences 🙂
C’est vrai que depuis que l’on te suit au Canada, tu sembles plus épanouie qu’à Budapest ! Et l’on sent que tu risques d’y rester un bout de temps^^ En tout cas, c’est une excellente nouvelle que tu aies trouvé un endroit où tu te sentes en phase.
Je pense que même à Paris j’étais plus épanouie qu’à Budapest 😀
Wahouuw tellement de voyages !… et de courage !
Je te souhaite encore beaucoup de parties et de voyage !
Des poutoux
Merci beaucoup Soraya !
Je suis toujours très impressionnée par ton parcours et, malgré les hauts et les bas, cette volonté de toujours repartir, d’essayer ailleurs… pour finalement revenir au Canada. Bravo pour ton opiniâtreté ! On ne sait pas de quoi est faite la vie mais je sens que le 9e départ n’est pas pour tout de suite 🙂
Oui, je trouvais important finalement de tester plusieurs endroits jusqu’à ce que le choix se fasse tout seul… J’aurais regretté si j’étais restée au Canada dès 2014, j’aurais eu cette petite voix qui m’aurait reproché de ne pas avoir plus voyagé ou vécu ailleurs. Mais j’aime bien l’idée de l’opiniâtreté, merci 😀
J’adore parce que la rédaction très succincte donne la sensation d’un bal de valises vraiment intense, d’un bout du monde à l’autre. Bravo pour ta sincérité, et pour ton parcours, tu peux être fière de toi je trouve car ça demande du courage ! Bienvenue au club des participant.e.s aux histoires expatriées ! 🙂
Oh un compliment sur le style, ça c’est gentil 😀
Du courage… finalement c’est aussi “classique” pour les profs de FLE qui ne se sont pas spécialisés dans un pays tout de suite !
J’avais lu pas mal de tes histoires… mais je ne me rappelais pas d’autant de mouvements, tous tes efforts ont fini par payer bravo! As-tu un article plus détaillé sur ton passage en Australie et tes impressions?
Oui, bien sûr, tu peux le trouver ici ! J’ai aussi quelques articles impressions au fil des mois passés là-bas : ici, ici, là
Bonne lecture 😀
J’avais suivi un peu tes aventures car je lis ton blog depuis un petit moment mais les voir listées comme ça dans un même article c’est impressionnant comme parcours !
Merci ! C’est fou finalement on voit dans vos commentaires que vous me suivez depuis un bout de temps, je suis flattée 🙂
Je te suis depuis un bout de temps alors ces histoires, je les avais déjà lues… Mais quel plaisir de les voir toutes réunies dans un seul et même article ! Tu peux être fière du chemin que tu as parcouru. ♥ xx
Merci !!
En tout cas, tu pourras dire que tu as fait des choix en connaissance de cause!
Exactement ! C’était le but 🙂 je pense que j’aurais continué jusqu’à ce que je sache sinon.
Même si elles ne sont pas toutes positives, chacune de ces expatriations t’a fait vivre de belles expériences qui aujourd’hui ont de la valeur sur ton CV et ton parcours personnel. Mais j’ai l’impression qu’il n’y aura pas de “pourquoi je suis partie 9”. Depuis que je te suis (pendant ton année à Melbourne) tu ne fais que de parler du Canada et voilà que tu y es aujourd’hui. Tu as trouvé ton chez toi
C’est fou que tu me suives depuis aussi longtemps ! Et oui je pense que j’ai trouvé 🙂
Waouw je suis admirative, tu es très courageuse. Je trouve ça vraiment cool d’avoir pu voyager et découvrir un peu le monde. Joli parcours plein d’aventures 🙂
Merci beaucoup 🙂
Je suis admirative de toutes ces différentes expériences. C’est vraiment un beau parcours que tu as, et tu as su en tirer les meilleures leçons !
Merci beaucoup Aurore ! Mais c’est un parcours assez normal pour mon métier finalement.
Waouh ! Que d’aventures dans une vie ! J’adore ! J’admire !
J’aimerais un jour sauter le pas au moins une fois pour le Canada
C’est cool le Canada 🙂
Je suis aussi une ex-expatriée (pour ma part aux Etats Unis) et voici un an que je suis rentrée en France et ne sais encore comment re-rentrer dans les cases (même si je suis contre ces termes, c’est bien ce qu’on nous demande en France).
Le retour n’est jamais évident, mais je garde espoir de retrouver un jour une situation stable qui m’empêcherai enfin d’avoir encore l’envie de repartir…
Courage Audrey ! Peut-être que cette situation va devenir de plus en plus courante et que ça deviendra progressivement plus facile, en tous cas au niveau administratif ?
C’est fou de mire tout ce chemin parcouru. Quelque part je j’admire parce que moi j’aurais été incapable de faire tout ça aussi longtemps et aussi loin de ma famille par moment. J’espère que tu es enfin à ta place 😉
Mais non, il ne faut pas m’admirer ! tous les paramètres sont différents selon chacun…
J’ai du rentrer en France apres 21 ans d’expatriation. Je suis d’accord avec toi: on ne rentre dans aucune case niveau administratif etc. C’est une galere!
Heureuse que tu te sentes bien au Canada 😉
On essaye 🙂
C’est dingue le recul que tu as sur ces différentes expériences, même les plus récentes. En tout cas je te souhaite que si neuvième “pourquoi je suis partie” il y a, ce soit pour de jolies raisons 🙂
J’ai un esprit très analytique, un peu trop peut-être !
Le Canada te réussit! On te lit épanouie 😉
Disons que j’ai trouvé les bonnes combinations 🙂