Il est temps de faire le bilan des deux ans à Jersey, sur le rocher. Deux ans de contrastes.
Jersey c’est la pluie et le beau temps. Le calme et la tempête. Il a fait beau, jusqu’à trente degrés, il a plu des journées d’affilée sans fin. Il y a même eu un peu de neige, suffisamment pour recouvrir le sable et fermer les écoles. L’humidité s’insinue partout jusque dans le moral et le soleil n’a pas toujours su réchauffer les esprits.
Jersey c’est la haine et l’amour. Éviter certains magasins, certains endroits pour ne pas croiser les gens qu’il ne faut pas. C’est un labyrinthe de sentiments. C’est un jeu de chat et de la souris avec les adolescents, je te vois je te vois pas je me moque de toi je te respecte quand même parfois. Mais ce sont aussi et surtout des relations très fortes, des amitiés durables, en français ou en anglais, et des étudiants géniaux.
Jersey c’est le travail, plus de trente heures par semaine dans quatre ou cinq endroits différents, des centaines d’élèves, de quatre à quatre-vingt ans. C’est parler d’environnement, d’écologie, de vacances, de politique, faire du coloriage et construire un zoo en carton. C’est là où j’aurai appris mon métier pour de vrai. J’ai enseigné à des enfants, des adolescents, des adultes, des bébés à la crèche, du français professionnel, du français bilingue, de la littérature, de la grammaire, de tout. Mes collègues ont été précieuses.
Jersey, c’est la ville, la mer et la campagne. Essayer de profiter des trois éléments, faire trop de shopping, pas assez de promenades sur les chemins de falaise. Le centre de l’île reste encore inconnu, même si j’ai fait chaque morceau des quatre côtes. Aller à la plage, quelquefois, souvent dernièrement avec la canicule, et même bronzer jusqu’à avoir des traces de maillot.
Jersey c’est rire et pleurer. J’ai vécu des moments de galère, dû changer trois fois de logement, me suis fait arnaquer, abuser. C’est vivre aussi des déceptions de coeur, un peu, beaucoup. Et d’autres amicales. Mais pour chaque point noir il y a dix souvenirs éclatants.
Jersey c’est tester et grandir. Je ne sais toujours pas cuisiner mais je crois que j’ai mûri, même si j’ai l’air d’avoir seize ans. J’ai eu les cheveux roses mais mes élèves ont su montrer et me dire que j’avais été un modèle. J’ai énormément appris, sur être prof, sur les relations, et sur moi-même. J’ai fait des choses que je n’aurais jamais cru possible quelques années auparavant – déménager sur cette île est la première.
“Partir c’est mourir un peu”. Comme à York, j’y laisse un morceau de mon coeur. Sur le bateau, je me suis accoudée au ponton et j’ai regardé la terre s’éloigner. C’est fini. Je sais que j’y retournerai en visite, voir mes amis. L’album photo conserve les bons souvenirs.
13 comments
Super Kenza,
je viens de voir le site de La Maison de Normandie …il est très bien fait et semble répondre a toute questions.
Merci encore
Antonio
bonjour Kenza,
je suis tenté depuis longtemps de tenter ma chance a Jersey, hélas je ne connais personne sur place pour réaliser mon projet de petite fabrication artisanale de meubles et tapisseries (salons en particulier) …questions as tu des contacts potentiellement dans le secteur ou simples partners même sans expérience !!
Merci d avance pour tout support ou conseil et chapeau pour tes commentaires toujours très utiles
Désolée, je n’ai aucun contact. Contactez la Chambre du commerce peut-être, ou la Maison de la Normandie. Bonne chance !
Merci Kenza !!
je vous tiendrais au courant
Cordialement
Antonio
Je devore tes articles sur Jersey! 🙂 Je m’y suis rendue quelques jours en septembre dernier et j’ai A-DO-RE cette ile! C’est tellement un coin paisible 😀
Oui, j’ai eu la chance d’y vivre pendant deux ans, de 2011 à 2013, et il y a eu des hauts et des bas comme tu as pu le lire dans mon bilan ! C’est un cadre de vie privilégié mais le côté insulaire finit par peser, et la mentalité à Jersey a quand même des particularités. Je me suis tâtée à y retourner en vacances mais en fait je crois que je n’en suis pas capable…
J’étais obligé de lire cet article 🙂 je rêve depuis des années d’aller visiter Jersey, voir même y vivre? Merci pour cet article vraiment chouette 🙂
Coucou Laure ! C’est très facile d’aller visiter Jersey, il suffit de prendre le ferry pour une petite heure au départ de St Malo ou de Granville en Normandie ! L’ile vaut vraiment le coup, c’est beau, sauvage et mignon à la fois. Y vivre est un peu plus difficile car ils sont très protecteurs (il faut par exemple vivre cinq ans sur l’île pour occuper un poste qualifié) mais en fonction de l’âge que tu as, au-pair est une solution très populaire ! n’hésite pas à m’envoyer un mail si tu as plus de questions 🙂
Et mainteant, avec le recul, tu penses que tu aurais moins de cote negatifs? ou idem?
En tout cas je pense que le fait que ce soit une ile, tu connais plus ou moins tout le monde rapidement…….pas tjs facile a gerer!
Avec le recul j’ai fait ce qu’il y avait à faire et je rencontre les mêmes problèmes ici. Les locaux ont la mentalité de leur île : ils ont les mêmes amis depuis l’école maternelle et ils ont du mal à accepter les étrangers, surtout avec la forte immigration. Et comme il n’y a pas d’université, il y a très peu de jeunes entre 18 et 25-30 ans sur l’île. Après j’ai super bien fait mon taff, je me suis fait des amies extraordinaires (françaises ou européennes) et j’ai pris le meilleur des souvenirs !
😉
J'en profite pour te dire que j'ai pensé à toi ouioui même si on ne se connait pas, je suis passée par St Malo, Jersey n'était donc pas loin, et la statue de Jacques Cartier m'observait 🙂
J'étais toute excitée de voir ton nouveau profil avec le drapeau canadien :)Que la nouvelle aventure commence !