Miami était la cinquième étape de mon road-trip américain.
Goodbye Georgia, hello Florida
Atlanta, mercredi soir, 22h, le bus part, il y a quinze heures de route pour traverser la Floride et atteindre Miami. Miami, dont je ne sais finalement pas grand-chose sinon qu’il y a deux grosses communautés cubaine et haïtienne, beaucoup de soleil et un culte des apparences. Et des alligators dans les Everglades.
Peu après qu’on soit partis, je me suis mise à pleurer. Un peu de tristesse, de bonheur, beaucoup d’émotions. C’est le moment où j’ai vraiment réalisé l’ampleur de ce que j’étais en train de faire et le travail sur moi accompli. De progrès en avancées, la petite parisienne effrayée a disparu, elle voyage avec son sac à dos et elle plaît à des musiciens, en sweat XXL et pas maquillée, et les trois jours magiques sont terminés.
Le soleil se lève sur Orlando. Et les églises sont belles à Fort Lauderdale.
Il fait trente degrés à Miami, c’est complètement surréaliste, ça va être Noël sous les palmiers. Jambes nues, tongs, c’est comment de vivre sous les tropiques ? Ne pas avoir besoin de manteau, qu’il ne fasse jamais froid ?
Ma première impression de Miami est très positive : la chaleur, les couleurs éclatantes du ciel, des arbres, des maisons. Et je visite le Fairchild Tropical Garden. Je n’ai jamais vu une telle végétation, autant de palmiers, de papillons dans la serre qui leur est dédiée. Les allées sont vides, mon host me raconte ses histoires de CouchSurfing, avant de me montrer un peu plus loin une petite crique avec une vue magnifique sur Downtown.
Le soir on est allés manger cubain, à Little Havana, dans un restaurant qui s’appelle Versailles, comme en France. C’était délicieux. Dans chaque ville, j’ai essayé de goûter la spécialité culinaire du coin, donc à Miami la cuisine cubaine. J’aurais voulu plus et aller à Calle Ocho mais des galères de transports et d’humeur m’en ont dissuadé.
Le lendemain, vendredi, il fait toujours aussi beau et on va prendre le petit déjeuner à Coral Gables. J’ai Dexter en tête et le quartier fourmille de Français, très Neuilly Auteuil Passy. J’écoute leurs discussions d’une oreille. Ce sont les premiers que je croise depuis des mois, il n’y en a pas vraiment dans mon coin de Canada…
Key Biscayne, un Miami préservé
Nous sommes ensuite allés à Key Biscayne. Je dois vous avouer que j’ai confondu avec Key West, j’aurais dû regarder Dexter et une carte plus attentivement. Les Keys sont les îles le long de la côte, plus ou moins rattachées, plus ou moins sauvages.
Key Biscayne est la plus proche de Miami, peut-être à vingt minutes de voiture. Elle a son lot de gratte-ciels, plages et grosses voitures, mais surtout elle abrite un parc naturel protégé. Et je suis vraiment heureuse d’y être allée, à cause du lendemain.
La plage est dépeuplée, la vue du phare incroyable. Le phare de Key Biscayne est le plus vieux bâtiment de Miami et ça me frappe, d’être dans une ville si jeune, et sans histoire… Pas de vieilles pierres, pas de passé. Et la modernité faisant que sans voiture, Miami est complètement impraticable. Le lendemain il m’a fallu presque trois heures pour aller de South Miami et l’université à South Beach en transports en commun.
À ce moment-là, l’inquiétude commence à monter. Mon hôte ne m’avait pas vraiment prévenu qu’il ne pourrait pas m’accueillir trois nuits comme prévu mais seulement deux, et à Miami il est très difficile de faire du CouchSurfing, les banlieues sont tentaculaires, et le dimanche mon bus part à 7h de la gare routière, qui est de l’autre côté de l’autoroute qui mène à l’aéroport, donc inaccessible à pied ou en transports. Je stresse de plus en plus et le sentiment diffus me gâche un peu l’après-midi, que je préfère passer au frais au Starbucks – tant pis pour l’évasion fiscale, leur Wifi gratuit et le fait qu’ils laissent le consommateur rester aussi longtemps qu’il le souhaite ont fait de Starbucks mon fournisseur officiel de café tout au long du voyage.
Une mauvaise journée
Samedi matin, il est temps de remettre le sac sur le dos et d’aller voir South Beach. Et ça a été la plus mauvaise journée de tout mon voyage. Trois heures pour y arriver, avec plus d’une heure d’attente à un arrêt de bus où on m’avait bien conseillé de ne pas m’attarder parce que it’s not safe, je n’ai trouvé personne pour m’accueillir le soir, je ne sais pas où passer la nuit, il fait plus de trente-cinq degrés, personne n’a même répondu à mon message pour aller boire un café.
L’arrivée à South Beach est éblouissante, sous le soleil les immenses paquebots de croisière brillent. Ca donne envie d’aller aux Bahamas, en Jamaïque… Mais pas cette fois. Il est midi trente je cherche un hôtel où faire enregistrer mon sac, je trouve (la plupart des hôtels vous le permettront, pour trois dollars ou rien si vous bluffez suffisamment) et je commence à explorer.
Et très vite je me suis sentie mal à l’aise. Les restaurants racolent les passants, les gens dévisagent ma tenue – débardeur, vieille jupe en jean, Bensimon trouées, pas coiffée, pas maquillée, fatiguée. C’est aussi le moment où j’ai parlé avec ma mère pour la première fois en quinze jours, devant la plage. Il fait beau, il fait chaud, la mer est magnifique, j’ai vu trois quatre bâtiments Art Deco et après ? C’est tout ce que South Beach a à offrir ? Vanité, superficialité, et regards en coin ?
Je crois que Miami n’est pas un endroit pour être seule. Je me réfugie dans un cinéma, loin des gens et ne réfléchis pas pendant trois heures (American Hustle est un très bon film). Mais en sortant il faut résoudre le dilemme : est-ce que je dors à l’aéroport (ou ne dors pas, toujours ce sentiment de sécurité) ou essaye de trouver une chambre d’auberge ?
Une soirée étrange
Deux amis avec qui je discute par SMS m’aident à prendre la décision. Je trouve une auberge de jeunesse, qui me déleste de 45 dollars. Ca va mieux, je me sens rassurée, en sécurité. Dans le dortoir il y a une Coréenne et je ne suis pas longue à convaincre : c’est samedi soir sur South Beach, il faut sortir.
Et là.. je découvre la maffia des auberges de jeunesse. Ils vendent aux touristes naïfs une entrée pour un club, vous offrent un verre, vous font monter dans un bus qui vous emmène dans une autre auberge, puis dans un club encore vide, rempli de pauvres jeunes ne pouvant pas s’offrir ni de carré VIP servi par les hôtesses peu habillées, ni de boissons à vingt-cinq dollars pièce. Je regrette de m’être laissée convaincre, d’avoir dépensé cet argent dont j’aurais besoin pour prendre le taxi le lendemain, que la conversation avec tous ces internationaux n’aille pas plus loin que what’s your name where are you from how long are you here for et je m’ennuie. Sauf que la pointe sud de South Beach, ça craint et je ne veux pas rentrer seule à l’auberge. Le temps de convaincre mes compagnons d’infortune et de revenir, il est presque 2h.
Mon réveil sonne 4h plus tard, j’enfile un jean, taxi, Greyhound station. Je suis prête à quitter Miami et la Floride sans regrets pour retrouver la douce Géorgie si accueillante. Au terminal il y a le Wifi et je vois qu’un de mes hosts de New York ne peut ou ne veut plus m’héberger, six jours avant mon arrivée. Je serre les poings, et ne pleurerai pas. Heureusement une longue discussion avec ma copine S me remet d’aplomb. La traversée dure, dure, je discute en espagnol, et arrive à Savannah.
La suite au prochain épisode, cet article est beaucoup trop long, bravo et merci d’être arrivé(e) jusque là !
Tous les articles de mon road-trip aux USA :
Étape 1 : Chicago
Étape 2 : la Nouvelle-Orléans
Étape 3 : Chattanooga, Tennessee et un peu de Géorgie
Étape 4 : Atlanta
Étape 5 : Miami
Étape 6 : Savannah
Étape 7 : Washington DC
Étape 8 : Philadelphie
Étape 9 : New York partie 1 et New York partie 2
Étape 10 : Boston
17 comments
Je rejoins un commentaire qui dit que la vie au soleil, c’est super cool mais ca peut etre lassant, je me rappelle regretter de ne pas avoir d’hiver, d’automne. De ne pas voir les feuilles tomber des arbres et changer de couleur, virevolter a la force du vent. Je me rappelle regarder les images du Canada ou des USA sous la neige et de souhaiter tres fort me ballader dans ces paysages. Bon apres, revenir en France dans le froid, la chaleur m’a manque. on est jamais vraiment content de toute facon :p
J’ai lu cet article et je ne savais pas trop quoi dire, j’ai ete decue pour toi et ca se ressent dans tes ecrits. J’ai eu un peu mal au coeur que tu ai a vivre ces peripeties mais en meme temps, cela fait le voyage, il n’aurait pas ete pareil sans ses anecdotes et sans ton ressenti de Miami mais effectivement, j’aimerais y passer un jour mais y passer, pas y aller en vacances ou alors road trip en Floride.
Des bisous !
Tu attises ma curiosité, où as-tu grandi ?!
En France, dans le froid. Je faisais juste une comparaison avec mes quatre mois d’Haiti (désolée pour la fausse joie, j’ai du mal m’exprimer)
La suite arrive ! Pleine de péripéties…
Toute ma vie sous les tropiques, pour moi c’était l’inverse : ça ressemble à quoi la vie en 4 saisons ? Et Noël avec de la neige, comme c’est magique ! Ahah , hâte de lire la suite !
Oups :-/ J’avoue, les gens qui te dévisagent à South Beach et le coup de la “maffia des auberges de jeunesse”… ça a pas du être cool du tout !! Hâte de suivre la suite 🙂
Je suivais Dexter de pres, pour l’intrigue bien sur mais aussi pour les lieux… J’ai toujours eu envie d’aller a Miami, notamment pour l’ambiance cubaine/jamaicaine, les Key Lime Pies, les marecages… Mais oui, j’ai aussi souvent entendu dire que c’etait tres superficiel, et que tu peux facilement te sentir mal a l’asie sur South Beach avec tout ces coprs bodybuildes/silicones autour… Hate de connaitre la suite, c’est vraiment un super road trip que tu as fait !
Oui ! C’est pas sérieux hein de vouloir y aller juste à cause de Dexter… mais on est la génération séries télé. Quand j’étais à New York je pensais à Friends et How I met your mother tout le temps (je n’ai jamais regardé Sex in the city, sinon j’y aurais pensé aussi !)
Ce n’est pas long du tout! Par contre, ça ne donne pas envie d’y aller malgré tes photos magnifiques. J’espère que le reste de ton périple était plus agréable.
Oh oui ! Retour vers de grandes villes, pleine d’histoire et de vieux bâtiments, avec le froid et la neige !
Ne t’excuse pas pour la longueur de ton article, c’est vraiment très agréable/intéressant de te lire ! Disons qu’on partage émotionnellement les galères que tu as traversé. J’admire le courage que tu as déployé lors de ce voyage ! J’espère un jour être capable d’en faire autant. Et tes photos sont très jolies. J’aime beaucoup tes références à Dexter, ah, ah x) Dès que je lis Miami, c’est aussi à cette série que je pense. C’est quasi automatique x)
Je crois pouvoir répondre à une de tes questions:
La vie sans le froid, au soleil, à la mer, sans manteau, c’est… chouette, génial et (quelque chose que je n’aurai jamais osé penser dans ma vie 😉 ) lassant. Mon retour aux Antilles me confirme ce que j’ai pressenti lors de mon départ en Suisse. Ici, pas de saisons, pas de changement de couleurs (où sont le vert du printemps, le jaune du soleil d’été, les orangés de l’automne et l’hiver blanc?)… Bien sur, je caricature, mais sincèrement, je pense que ça peut très vite manquer.
Sinon, comme je te l’avais dis avant ton départ: il y aura des galères ; il y en a eu apparament, mais ça fera les meilleurs souvenirs, les meilleurs histoires à raconter… Tu te souviens de cette fois où tu t’es retrouvée à Miami, sans logement, à squatter une auberge dans le quartier qui craint et sortir dans une arnaque pour touristes?? Quelle nuit!
Je lis tout aussi et souris aux passages censurés que l’on peut apercevoir entre les lignes. Profites! On ne vit qu’une fois!
Oui c’est clair que je ne regrette pas une seule seconde ! Les galères font partie du voyage, et tout n’a été que matériel, rien d’important. Ca m’a vachement appris à relativiser !
Il n’est pas si long que ça, avec les jolies photos 🙂 Hâte de lire la suite !!
Tu es là ! Merci… La suite arrivera vite, encore cinq villes et deux semaines à raconter !
Oui oui, je lis tout 🙂 (Mais il me semble qu’il y a du Dallas censuré non ? 😉 ) Tiens d’ailleurs, ça aurait été drôle d’aller faire un tour à Dallas !
Je voudrais aller au Texas oui ! Va voir le blog de From Side 2 Side, elle y a passé ses vacances de Thanksgiving et elle raconte plein de trucs intéressants !