Ce mois-ci, je suis la marraine des #HistoiresExpatriées – c’est-à-dire que j’ai choisi le thème que plusieurs blogs vont suivre. J’étais curieuse de savoir comment ça se passe au niveau du tourisme dans les pays voisins de ceux où on habite.
Parce qu’en effet, vu d’ici, c’est très simple. Le Manitoba a une position centrale, on est exactement au centre géographique du Canada en longitude. Si vous voulez partir facilement et rapidement à l’étranger, vous n’avez pas vraiment le choix : vous allez aux États-Unis. Le Manitoba borde deux États américains : le Dakota du Nord à l’ouest et le Minnesota à l’est.

La plupart des Français, quand ils vont aux États-Unis pour la première fois, vont à New York, Los Angeles ou Miami. Moi, ma première fois, c’était à Minot, Dakota du Nord. Pour les Manitobains, les États voisins sont une destination shopping, ils y vont la journée et reviennent le coffre plein. Sinon, ils vont aux États-Unis pour prendre l’avion à l’aéroport de Grand Forks puisque les coûts aériens sont moins élevés de l’autre côté de la frontière.

Et c’est tout ! Il n’y a pas vraiment d’autres destinations accessibles par la route, en tous cas depuis le Manitoba. Aller chez les “voisins au sud” (appellation donnée aux Américains par les Canadiens) n’est pas un acte touristique. Pourtant, à douze heures de route, il y a des Badlands, le Mont Rushmore, des tas de choses à voir. Mais non. Ce n’est pas assez exotique.
Le tourisme à l’étranger le plus populaire pour les Manitobains en général, c’est de prendre l’avion pour passer une semaine dans un resort all-inclusive à Cuba ou au Mexique. En langage normal, ça veut dire : aller dans un complexe hôtelier en pension complète pour échapper à l’hiver. La plupart des gens sont déjà allés en Amérique Latine ou dans les Caraïbes, mais sans sortir de leur hôtel. Ou alors ils partent en croisière au départ de Floride et passent quelques heures chaque jour sur une île différente. La dernière option touristique sinon, c’est l’Europe : deux semaines, cinq ou six sauts de puce entre capitales. C’est particulièrement populaire chez les jeunes.
Aucune de ces trois façons de voyager ne correspond à ma vision du voyage, mais il ne faut pas oublier que la norme ici c’est deux semaines de congés payés, qu’il n’y a pas de compagnies aériennes low-cost et que voyager coûter cher, en temps comme en argent. C’est en général aussi moins cher d’aller en Europe que de voler à l’intérieur du Canada.
Moi, j’aime aller au Minnesota, et pour d’autres raisons que pour faire du shopping (même si, évidemment, j’en fais parfois).
Ely, Minnesota, est une petite ville tout ce qu’il y a de plus classique dans le nord du Minnesota, à six heures de route de Winnipeg. C’est un peu étrange comme destination de week-end, cela a beaucoup étonné les douaniers américains lorsque nous y sommes allés en mars 2018, mais c’était un séjour très cool.
Après Ely, la prochaine partie de ce voyage nous fera remonter les abords du Lac Supérieur, entre dégel et glaces et la dernière nous fera visiter Thunder Bay en Ontario. Oh et si vous aviez raté le premier article, Ely, contrairement à ce qu’on pense, ne se prononce pas i-laï mais i-l-i. Oups.
La petite ville d’Ely
Le centre-ville d’Ely est tout petit mais très mignon. Tout se fait à pied sur quelques rues, il y a plein de cafés, de restaurants et de petites boutiques.
Pas une seule chaîne à l’horizon, ce qui est assez reposant pour les yeux. Pas de publicité criarde non plus, juste l’impression d’être un peu au Far West. La majorité des bâtiments en ville sont assez bas et en bois, ce qui renforce ce sentiment.








Pour manger, on a trouvé deux endroits cools à Ely : le café Insula, tellement parfait qu’on y est retournés deux matins de suite, et le Front Porch Coffee. On est entrés dans ce dernier pour se réchauffer seulement parce qu’il faisait vraiment froid (environ – 20 degrés) mais finalement c’était tellement cosy, j’y serais bien restée plus longtemps si la propriétaire ne nous avait pas mis dehors parce qu’elle fermait !


Le sanctuaire des loups
Une des raisons pour lesquelles je voulais aller à Ely, c’est pour son Centre des Loups. Cette visite pourrait faire débat mais le sanctuaire des loups n’est pas un zoo. C’est un lieu qui essaye d’éduquer la population sur la nécessité d’avoir des loups en liberté autour d’eux, sur le fait qu’ils ne sont pas dangereux et qu’il n’est pas nécessaire de les abattre (on est quand même aux États-Unis où le port d’armes est légal).

On en apprend beaucoup sur les loups et leur mode de vie pendant cette visite. Il y a en fait une grande salle, avec des baies vitrées, qui fait office de salle de conférence. On peut en suivre plusieurs au cours de la visite, il y en a une différente par heure. Et lorsque nous y étions, les loups étaient juste de l’autre côté de la vitre. Il y a aussi une partie musée sur les animaux qui peuplent le Minnesota, depuis l’ère glaciaire jusqu’à aujourd’hui.

Ils ont habitué les loups à la présence des hommes en les prenant tout bébé et en les laissant avec des humains 24 heures sur 24 pendant deux semaines. Bien sûr, les visiteurs ne sont pas admis dans l’enclos, ils restent de l’autre côté de la vitre mais les vétérinaires et le personnel du centre peuvent ainsi s’approcher des loups sans danger.


Les visiteurs étaient extrêmement respectueux des animaux, personne n’essayait de taper sur les vitres pour attirer l’attention des loups. Il y avait au moment de notre visite cinq loups dans la meute principale et deux loups “à la retraite”, dans un enclos à part, plus petit que le terrain à disposition des autres. Depuis, un autre loup a été mis à la retraite – à l’âge de dix ans environ. Les loups vivent bien sûr plus longtemps dans le centre que dans la nature.


Au total, on a passé trois heures dans le sanctuaire des loups. Et j’aurais pu rester à les observer encore longtemps. Même s’ils dormaient la plupart du temps, ils étaient beaux et majestueux.

Les autres attractions d’Ely
Le problème de voyager en hiver, c’est que la majorité des attractions sont fermées et que les chemins de randonnée sont impraticables. Ely n’a pas que le sanctuaire des loups : il est également possible de visiter le Centre américain des ours noirs, sur le même principe que celui des loups avec des conférences, un musée, etc. – mais la différence, c’est que les ours hibernent en hiver ! Le centre ferme de novembre à mars et les dates de réouverture varient chaque année en fonction de la saison. En 2018, Pâques était tombé fin mars, il faisait encore -15 ou -20 degrés donc les ours dormaient encore lors de notre passage !
Il y a plusieurs randonnées à faire dans le secteur d’Ely, mais tout était encore complètement gelé. Il aurait fallu des crampons pour pouvoir avancer correctement sans risque de glisser à chaque pas.

La région d’Ely était également un important centre minier et il est possible de descendre dans une mine en été. Ce doit être une expérience fascinante, bien plus intéressante que la mine de sel de Cracovie que j’ai trouvé bien trop commerciale. Il y avait d’ailleurs une ancienne mine juste en face de l’hôtel, avec un petit musée. Fermé pour la saison, malheureusement. Il faut décidément que je retourne à Ely!

Cet article participe au rendez-vous des #HistoiresExpatriées, initié par l’Occhio di Lucie. Et le tourisme dans les pays voisins chez les autres blogueurs, qu’est-ce que ça donne ?
17 comments
Aaaaaw les photos des loups sont <3
Super intéressant comme article, et comme thème ! Je ne pensais pas les vols internes plus chers que les vols externes… Dommage, j'imagine que le Canada a tellement à offrir en diversité de paysages plutôt qu'un resort dans les Caraïbes…
Belle journée 🙂
xx
Je n’avais jamais entendu parler de cette ville auparavant mais ton article donne envie de la visiter. Surtout pour le sanctuaire des loups je dois avouer.
Trop mignons ces loups ! Il y a aussi une ville appelée Ely, dans le Cambridgeshire. Mais rien à voir avec celle-ci. 🙂 xx
J’adore ces maisons et le cote Far West !
C’est super pour le sanctuaire des loups, une belle initiative 🙂
Oui, ce sont des animaux tellement mal aimés !
Très jolies photos qui donnent envie d’aller découvrir le “coin” ! Le sanctuaire des loups a l’air vraiment passionnant et c’est certain que mes enfants adoreraient y aller.
C’est pas vraiment un coin où on arrive par hasard 😀 j’ai vraiment hâte d’aller voir celui des ours maintenant !
Sa “soeur” pour nous à Ottawa, ça serait Ogdensburg, la ville-frontière la plus proche dans l’État de NY. C’est une p’tite ville, assez mignonne, qui a son charme… et qui attire les Canadiens quand le dollar est bas (ou notre dollar est haut). C’est pas le NYC que les touristes français visent, mais c’est aussi un pan de la culture américaine à voir.
Je suis d’accord. Toutes ces petites villes reflètent beaucoup plus les “vrais” États-Unis que toutes les mégapoles!
C’est chouette d’aller en weekend dans des lieux aussi inusuels je trouve, ça donne envie. Je peux comprendre le besoin des Canadiens d’échapper à l’hiver, même si personnellement, je ne me reconnais pas non plus dans cette façon d’envisager les vacances ! Merci pour ce thème d’HE !
La notion d’échapper à l’hiver, il m’a fallu deux ans pour la comprendre…
Des petits loups!!!!!!!!!
Quand j’étais au Kosovo j’ai visité un sanctuaire pour les ours sauvés des méchants et c’était trop bien !
Et les oeufs benny….. (je pleure un peu là)!
Alors reviens !
Magnifiques, ces loups ! Ça a dû être superbe de les observer et de les photographier. Et la petite ville a l’air très charmante, avec ses jolies maisons.
C’était vraiment une chouette découverte. J’aimerais y retourner en été maintenant !
Cuuuute. <3
I'm more familiar with this Ely, cute, but no wolves: http://www.visitely.org.uk/ 🙂
It's interesting to see how pilgrims built new cities by mirroring their native cities. When (when! not if 😉 ) I create a city I will have to call it Arras then…
Oui, j’y pensais aussi ! Il n’y a aucun Arras ni au Canada ni aux Etats-Unis, je pense que tu as trouvé ta prochaine “mission” !