Je n’ai pas aimé vivre à Budapest mais un avantage indéniable de cette année était la proximité avec d’autres pays et leurs capitales. Passer un week-end à Prague est très facile, la capitale tchèque étant accessible en train ou en bus depuis la Hongrie, mais j’ai longuement hésité à y aller. Je savais que j’allais trouver trop de monde, des prix trop chers, la même chose que ce que je vivais au quotidien. Alors j’ai attendu et me suis décidée un peu à la dernière minute, sur un de mes derniers week-ends avant de quitter l’Europe centrale. Mieux valait aller me faire ma propre opinion.
Ai-je aimé mon week-end à Prague ? Pas trop. Mon opinion était positive à chaud dans mon article mensuel de juin 2016, mais deux ans plus tard, je réserve beaucoup plus mon jugement et suis plus neutre dans mon appréciation de la ville.
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Alors oui, Prague est belle mais j’ai eu l’impression de me retrouver dans un Disneyland géant. On dirait que personne ne vit dans le centre-ville, qui serait juste réservé aux touristes. C’était propre, bien rangé, bien ordonné. Tout le monde parle anglais, la communication est simple, les panneaux et les menus sont traduits et la navigation est assez facile (sauf dans les transports en commun, où il faut acheter son ticket de métro en pièces seulement dans une machine antique comme celle-ci). Mais finalement une ville doit vivre, doit être vivante, être habitée. Cracovie donne un peu la même impression, alors que Budapest a encore ce côté réel, où les locaux côtoient les touristes. À Prague, je ne crois pas que les locaux fréquentent les mêmes lieux que les touristes.
L’architecture
Gros gros point positif de Prague : la ville est super jolie. Je n’y connais rien en architecture, mais tous les styles semblent se côtoyer, du gothique au baroque, de l’art nouveau au presque communiste. Et c’est beau ! Les immeubles pastels sont parfaitement entretenus, les façades sont belles et rénovées, on ne sait presque pas où regarder.
L’horloge astronomique
Je pense que j’ai dû passer à côté de cette… attraction ? curiosité ? L’horloge a plus de six cents ans et des figurines bougent à chaque heure. La foule se rassemble devant toute la journée et attend, tête levée. Je l’ai fait aussi, mais sans plus.
Monter en haut de la tour de l’horloge
La tour de l’horloge abrite par contre un point de vue. Il est possible d’y monter et d’avoir une magnifique vue sur toute la ville… Mais c’est assez étroit en haut et je ne pense pas qu’ils contrôlent le nombre de visiteurs. Je m’étais levée tôt et j’y étais pour 9h, à l’ouverture. J’avais monté les escaliers assez vite pour arriver au sommet plus rapidement (il y a aussi un ascenseur) mais finalement, on était que cinq. Et c’était parfait de ne pas se marcher dessus et voir la place se réveiller doucement.
L’entrée semble être à 250 couronnes en 2020, soit 10 euros, ce que je trouve un peu cher, je ne pense pas avoir payé autant en 2016 considérant le coût de la vie à Prague. Mais la boîte où je garde tous mes billets de tout depuis que j’ai 12 ans est chez mes parents. et je ne peux pas vérifier !
Les arnaques aux touristes
Les pays d’Europe centrale se disputent la paternité de la brioche roulée. En Hongrie, ça s’appelle un kürtőskalács (à vos souhaits) et à Prague, un trdelník. J’en mangeais très souvent à Budapest et avais trouvé le meilleur marchant de la ville, où la brioche se vendait un euro. Je n’étais donc pas spécialement pressée d’en manger à Prague, mais j’avais vu sur Instagram que là-bas, il en existait une variante avec de la glace à l’intérieur. Idée géniale. Il faisait assez chaud lors de mon voyage début juin, j’avais hâte de faire une pause sucrée en parcourant la ville.
Les marchands se suivent et se ressemblent tous, j’ai donc choisi complètement au hasard. Ça a l’air appétissant n’est-ce pas ? En fait, cela ne l’est pas du tout. La brioche utilisée comme contenant pour la glace est rassie, de la veille ou de l’avant-veille. Elle était inmangeable. J’étais furieuse et ai fait les cent pas devant la boutique parce que je voulais aller me plaindre. Mais je me doutais qu’ils auraient fait semblant de ne pas comprendre l’anglais, ce qui m’aurait encore plus énervée. Donc j’ai mangé la glace et jeté le reste, en colère, parce que même en Hongrie je n’avais pas été arnaquée comme ça.
L’église St Nicolas
Parmi les églises qui se trouvent sur la place de la Vieille Ville, il y a l’emblématique Notre-Dame-du-Tyn mais aussi l’église St Nicolas. D’extérieur, c’est un combat gothique vs. baroque, vous pouvez choisir votre camp ! Je ne me souviens pas avoir visité l’église gothique, je ne trouve pas de photos sur mon disque dur et celles que je peux voir sur Google ne me rappellent aucun souvenir. Est-ce à cause des horaires restreints d’ouverture ? D’un oubli ? Je ne sais pas !
Le mur de John Lennon
Il y a un mur de street-art assez célèbre à Prague, dédié à la mémoire de John Lennon et utilisé comme levier politique lors du communisme. Aujourd’hui, ce n’est plus trop ça et le capitalisme est transformé en godets de peinture.
Juste en face de ce mur se trouve l’ambassade de France, dans un palais absolument magnifique. L’idée qu’ils aient plein de hippies juste sous leurs fenêtres toute la journée m’a fait sourire (je suis méchante).
Le pont St Charles
Ce pont est un peu une blague. Il y a tellement de touristes et d’attrape-touristes au mètre carré que je n’ai pris aucune photo. On est forcé à une lenteur exagérée mais les statues sont noires et n’accueillent pas non plus le regard. On ne peut s’arrêter sans peine de se faire bousculer. Je ne l’ai emprunté qu’une fois, le deuxième jour, j’ai trouvé d’autres ponts plus praticables pour les autres fois où j’ai eu besoin de traverser la rivière…
Le château de Prague
En quittant le Pont Charles, le château n’est pas très loin, et tout semblait familier… C’est parce que la saison 2 de Outlander, censée se dérouler en partie à Paris, a été tournée ici. Je m’attendais d’une seconde à l’autre à voir Claire et Jamie arriver en calèche, ça faisait bizarre de voir au contraire des touristes partout.
Car là-haut, il y a du monde. Beaucoup de monde. Les touristes jouent des coudes pour avoir LA photo du haut des remparts, LA pose parfaite. Aucun système de queue évidemment, c’est à celui qui forcera le plus. Comme vous pouvez imaginer, je ne suis pas restée très longtemps et ai très peu de photos de cet endroit.
Une autre raison à mon manque de photos, c’est que le château de Prague est tout un complexe avec une cathédrale, un palais, des expositions, une reconstitution d’une rue du 17e siècle… Mais qu’à part une fraction de la cathédrale, absolument tout est payant. Ils laissent les gens approcher et bim, des barrières viennent bloquer l’entrée des sites. J’ai été un peu déçue mais à ce moment-là, j’étais trop fauchée pour pouvoir payer l’entrée – quand je vivais en Hongrie je gagnais trois cents euros par mois, donc quand je voyageais je ne pouvais faire presque que des activités gratuites. Si j’avais eu un meilleur budget, j’aurais visité le château, avec un guide peut-être ?
Pour m’échapper au monde, je suis descendue, j’ai trouvé un parc et j’ai lu un livre. Parce que finalement j’aime aussi ces moments de down time, plus tranquilles, et Prague était trop oppressante pour moi.
Le musée Mucha
Le musée Mucha est un peu décevant car photos interdites et surtout la différence de style dans la collection est frappante. Le musée est chronologique : ça commence avec quelques esquisses étudiantes. Et puis c’est la période parisienne, les affiches colorées, les femmes sublimes, les chevelures luxuriantes, le Mucha que j’aime.
Et à un moment dans sa carrière, il est revenu s’installer en République Tchèque et a peint de grandes épopées slaves. C’était tout d’un coup triste, morne, dans des couleurs sombres. Ça m’a fait penser à la tristesse du peuple hongrois (qui a la plus grande proportion de suicidés par noyade au monde (pardon)) et finalement au fait que les slaves sont éloignés de nous, ils ont une résignation et une force de caractère différente.
Mais je suis une rebelle française donc j’ai sorti l’Iphone quand même.
Et si j’avais eu plus de temps ou d’argent ? Je serais allée voir la mini Tour Eiffel, j’aurais visité la galerie Narodni qui avait aussi une exposition sur Mucha, j’aurais quitté l’hyper-centre pour découvrir d’autres rues, d’autres quartiers, j’aurais visité de fond en comble le complexe du château, j’aurais aussi visité certains endroits du quartier juif.
Prague et moi, ce n’était pas un coup de foudre. Mais peut-être aussi que je n’ai pas aimé Prague car je n’étais pas dans un très bon état d’esprit à ce moment-là, j’avais juste envie d’être ailleurs et j’en avais un peu marre de voyager en solo. J’ai préféré Cracovie et j’ai adoré Belgrade. Bratislava ne mérite pas vraiment le détour, et Budapest a des avantages et des inconvénients, même si je pense que c’est une ville fantastique comme touriste avec un peu de préparation (comme ma liste des 50 choses à y faire).
Et maintenant que je vis au Canada, ça me semble bien loin de faire quelques heures de bus pour me retrouver dans un autre pays proche et lointain à la fois en en ayant traversé d’autres au passage ! J’ai bien fait de saisir l’opportunité de passer un week-end à Prague quand elle s’était présentée.
14 comments
J’aime bien ton article, parce qu’il contraste avec l’avis très positif que j’ai de la ville. J’ai adoré mon séjour à Prague, même si comme toi, je décris la ville comme un Disneyland grandeur nature. Mais j’ai apprécié l’effort de conservation des vieux bâtiments et des vieilles ruelles. Le flot de touristes, que ce soit dans les “attractions” (au Pont Charles, au Château…) ne m’a pas dérangé outre mesure, même s’il faut avouer que, comme Barcelone, les touristes sont partout dans la ville. Et, comparé à la France, le coût de la vie sur place (et les visites) m’ont paru tout à fait raisonnable, même si ça doit augmenter chaque année vu le succès de la ville. Après, j’y suis allé en hiver et l’ambiance était assez magique… Peut-être essayer d’y retourner à cette saison ?
Moi j’ai aimé l’architecture de Prague, j’ai beaucoup aimé cette ville mais je partage également ton opinion sur certains points. J’aimerais bien découvrir le reste du pays !
Oui, si c’est à la mesure de la campagne hongroise, ça doit être quelque chose 😀 tu repars bientôt toi c’est ça ? Tu as dit où ou j’ai manqué l’info ? 🙂
TEs photo sont belles. Ville a decouvrir et planning a bien organise apparemment 😉
Complètement: avoir un-e ami-e sur place, rien de mieux pour visiter un lieu. Surtout lorsque tu ne parles pas la langue locale!
Pour une prochaine visite, rien de particulier: trouver d’autres chouettes cafés, salons de thé, resto (la dernière fois, je me suis fait un plaisir sucré par jour 😉 revoir l’épopée slave (lors de ma dernière visite, les tableaux étaient en déplacement), aller au vieux cimetière juif, me perdre dans les rues, …
Comme toutes les “villes-musées” il faut essayer de sortir un peu de l’hyper- centre pour saisir son art de vivre inégalable. Cette ville me rappelle beaucoup Venise dans le sens où il y a tant à voir dans un petit périmètre encombré de touristes qu’elle peut effectivement devenir vite oppressante. Malgré tout, elle possède un charme très “MittelEuropa” auquel il faut être sensible pour pouvoir l’apprécier à sa juste valeur.
Je pense que vivre un an en immersion complète à Budapest a refroidi mon sens de l’émerveillement en Europe centrale 🙂 tant pis, il y en faut pour tout le monde !
Prague est une de mes villes préférées. J’y suis allée trois fois et je compte y retourner très bientôt! Sans doute est-ce du au fait que j’ai une amie (tchèque) qui y vit et que la première fois que je m’y suis rendue (2010) c’était magique: hiver, lumières, chocolats dans des cafés rétros, aller voir un ballet… La deuxième fois (2014), ce fut plus “terre à terre”: de magique, ma vision s’est peu à peu confrontée à une réalité moins funky et je suis repartie avec une vision qui me semble plus “réaliste” de la ville. La troisième fois enfin (2016), j’ai passé une semaine quasiment hors des quartiers touristiques à m’imprégner de l’atmosphère et de l’histoire des lieux. En revanche, passer du temps dans les quartiers touristiques est un calvaire – mais ça, c’est pareil dans à peu près toutes les grandes villes, malheureusement.
Avoir un-e ami-e sur place change toute la donne des visites ! Tu prévoirais quoi pour ta quatrième visite ? J’aurais aimé aller dans la ville avec les ossuaires mais je manquais de temps !
L’architecture est jolie mais ce n’est pas le genre de villes qui m’attirent. La barrière de la langue, la ville chargée et les différences culturelles ? Peut être un peu de tout ça 🙂 Je préfère me régaler de tes photos du Canada 🙂
Après, l’Europe de l’est a aussi des avantages, c’est pas cher du tout quand on a un salaire français et si on aime la nourriture un peu grasse, les pâtisseries et le chocolat chaud c’est un bon endroit 😀
Hey coucou 🙂 Oh mince, on dirait que Prague a bien changé depuis quinze ans. C’est la toute première ville que j’ai visité en dehors de la France. On s’y était arrêté en voyage scolaire pour la Pologne puis l’Allemagne. J’avais beaucoup aimé cette ville, mais à l’époque, on ne croisait pas autant de touristes. Ma photo du pont Saint Charles n’est pas du tout noire de monde, bien au contraire, on avait juste croisé un peintre et une petite vingtaine d’habitants et touristes ^^ Ca fait drôle du coup en te lisant ! Ce qui m’avait vraiment plu par contre, c’était l’architecture et les bâtiments colorés 🙂
Tu m’étonnes, ce devait être tellement différent ! Tu aimerais y retourner ?
Oui, ça à du beaucoup changer ! Mais trop ! Ca fait partie des villes que je voudrais faire un week-end ou sur quelques jours 🙂 L’avantage, c’est qu’aujourd’hui, il n’y a plus de douane à passer ^^