Visiter Belgrade en Serbie n’était pas vraiment dans mes projets. Je dois avouer que j’étais pleine de préjugés, parce que dans le 18e arrondissement de Paris, juste à côté de chez moi, il y a la rue de la Serbie. Magasins, église, habitants, épiceries, restaurants, c’est changer de pays pendant 500 mètres. Et je n’avais jamais été vraiment attirée par ce que je voyais. Les Serbes ont la réputation d’être durs et fermés, peu accueillants.
Mais j’ai voulu vérifier. Depuis Budapest, Belgrade n’est pas si loin : il y a 8h de train et ça coûte 26 euros. Malheureusement en 2020 les trains Budapest-Belgrade sont suspendus pour cause de travaux et la modernisation de la ligne devrait réduire le temps de trajet. À suivre !
Jeudi, Budapest, 22h30
Le train de nuit Budapest-Belgrade part. Je n’ai jamais pris de train-couchettes, c’est tellement exigu que ça devient drôle. J’ai l’impression que je vais tomber du deuxième étage, je me force à me coller au mur sous mon drap trop petit. La nuit va être longue. J’en oublie d’en faire des photos.
1h20 : le contrôleur frappe à toutes les portes, premier passage de frontière, la police hongroise souhaite joyeusement une bonne matinée à tous les passagers endormis.
1h50 : c’est la police serbe qui arrive, tamponne les passeports en dévisageant tous les passagers.
Vendredi, Serbie, 5h50
Le contrôleur nous réveille pour nous rendre nos billets et nous arrivons à Belgrade une petite heure plus tard. Le spectacle est surréaliste : c’est ça la gare de la capitale de la Serbie ?

Nos premiers pas à Belgrade sont mêlés de oh et de ah, regarde ci, regarde ça. Ca a l’air très pauvre, bien plus que la Hongrie subventionnée par l’Union Européenne. Les trottoirs sont inégaux, les transports vieillots, les bâtiments vétustes.
On se perd un peu en se dirigeant vers notre auberge de jeunesse. Ça monte, ça descend, certains noms de rue ne sont qu’en cyrillique, la ville nous fait nous perdre. La même chose se reproduira tout le séjour, nous faisons de longs détours pour finalement rejoindre un endroit qui n’était qu’à quelques mètres.
Vendredi, Belgrade, 8h30
Une douche, un petit déjeuner, il est tôt et on repart avec dans l’idée de faire un free walking tour du centre-ville. On cherche à changer de l’argent aussi. Les bureaux de change sont à tous les coins de rue et parfois dans des échoppes improbables, au kebab, dans un magasin de cravates, dans un magasin de chaussures. Mais nous n’avons que des forints hongrois et personne n’en veut.
Après comparaison entre plusieurs bureaux et taux, on se décide et on récupère des jolis billets de Monopoly. 1 euro = 120 dinars serbes en moyenne.


La rue principale de Belgrade, Kneza Mihaila, a les boutiques habituelles et quelques fantaisies architecturales. Il y a du street art partout et des cafés design. On tombe sur une fanfare, parce que c’est la fête de la ville, il y a un grand soleil, on a l’impression d’être en vacances. Il y a deux walking tours du centre de Belgrade : un part à 10h30 et l’autre à 11h. On profite trop de notre café et on manque le premier.

Le rendez-vous est place de la République. Mais la carte que vous voyez ci-dessus n’est pas du tout à l’échelle. On se perd et on manque l’heure de peu. Plutôt que de se greffer à groupe déjà imposant, on préfère aller déjeuner et rejoindre l’un des tours de l’après-midi.




On finit dans la rue Skadarlija, le Montmartre serbe. Comprenez : il y a de vieux immeubles, des restaurants et des pavés. On se décide au hasard pour le restaurant Zlatni Bokal et on mange des plats du coin : le pljeskavica, une sorte de steak haché mais avec au moins trois viandes dedans et les ćevapi, de petites saucisses. Comme la Hongrie, la Serbie n’est pas un pays pour les végétariens et les portions sont énormes.

Vendredi, 14h30, Place de la République
C’est parti pour 2h et quelques de free walking tour. La guide a un bon anglais, le groupe est petit, on avance vite et elle explique pas mal de choses. Le sujet qui est sur toutes les lèvres, c’est le communisme et les bombardements de 1999. Les réponses sont feutrées, comme elles le seront le lendemain lors de notre second tour, c’est un peu tabou je crois.
Entre corruption – le musée national est en travaux depuis douze ans – et modernité, la capitale serbe est étonnante. On retourne dans le quartier de Skardalija, elle nous parle des Kafana, ces coffee houses où les poètes et révolutionnaires venaient changer le monde, inspirés par la rakija, la liqueur locale aromatisée aux fruits.
On passe par la mosquée puisque la moitié ouest de Belgrade a été dans l’empire ottoman pendant plusieurs siècles – alors que de l’autre côté du Danube, Zemun (où nous irons le lendemain) était sous domination austro-hongroise.




On se dirige ensuite vers Kalemegdan et la forteresse de Belgrade. On s’arrête en chemin discuter de cyrillique et d’alphabet latin mais aussi de la Silicon Valley serbe (ce n’est pas une histoire de technologie mais une de prothèses).
J’aime bien les free walking tours qui parlent du quotidien et racontent des anecdotes drôles. Ça me fait me demander si je ferai une bonne guide sur mes pavés parisiens.

La forteresse de Belgrade a donné son nom à la ville : la ville blanche. Ce point stratégique de Belgrade porte les couches successives des envahisseurs. Nous n’avons pas eu le temps d’y retourner, j’aurais bien aimé. Le coucher de soleil depuis les hauteurs doit être magnifique. Les pierres sont différentes, dues aux réparations successives hâtives. Et la statue… du Victor, du Vainqueur, symbole de liberté. Je trouve que c’est le cousin éloigné de celle de Budapest !


La fin du free walking tour nous ramène devant notre auberge, au restaurant ? – oui c’est bizarre comme nom. Situé à côté de l’église, ses appellations successives n’étaient jamais du goût de la religion. Les gérants ont donc décidé de ne plus nommer l’établissement.

Vendredi soir, Belgrade
On se promène un peu au hasard, on cherche le marché de Skadarlija mais il est en train de fermer ses portes. On redescend vers la place Tasmajdan où se trouve la grande église St Marc qu’on voit à plusieurs rues de distance, le Parlement et la Poste Centrale (j’y reviendrai). Le coucher de soleil est sublime.



Le soir, nous dînons à côté de l’auberge, au restaurant ? Le service est nul, la nourriture fade, ce n’est vraiment pas un succès. Nous rentrons nous coucher. L’hostel Che est super bien situé mais un peu étrange. Installé dans un appartement privé, il n’y a que trois chambres, un salon, une cuisine et une salle de bains. L’alcool local y est gratuit donc lorsque nous rentrons vers 21h, les mecs déjà bien joyeux préparent leur soirée. Nous, nous n’avons qu’une envie, celle de dormir. Heureusement, ils partiront assez rapidement.
Samedi matin, centre-ville de Belgrade
Nous avons un planning bien chargé pour cette deuxième journée à Belgrade : aller voir la cathédrale St Sava, la plus grande église orthodoxe d’Europe, puis manger dans un restaurant bien précis pour lequel nous avions obtenu une réduction lors du free walking tour et enfin faire un second walking tour qui cette fois-ci nous emmènera de l’autre côté du Danube dans la partie austro-hongroise de la ville.
Mais nous ne savions pas que c’était le jour du marathon de Belgrade. La ville est coupée, les transports ne circulent plus. Nous galérons pas mal mais à chaque fois que nous sortons notre carte de la ville, quelqu’un vient nous demander en anglais s’il peut nous aider et ce que nous cherchons. Ça fait bizarre.
La promenade était cool, un peu surréaliste dans une ville fantôme. Au gré de nos pas, nous sommes aussi tombées sur des bâtiments bombardés en 1999 et laissés tels quels. Certains se trouvent dans la rue des ministères, le calme, l’absence de trafic, la sensation était étrange.





La cathédrale St Sava était fermée au public ce week-là. Sa construction est très récent et elle n’est même pas terminée. Regret numéro 2 après ne pas avoir vu le coucher de soleil de la veille depuis la colline de la forteresse. Mais la déception a vite été oubliée en passant devant les boulangeries et en retournant manger. Le plat ci-dessous c’est une sorte de ratatouille dont je n’arrive pas à retrouver le nom. Mais c’était bon.

Samedi, 15h, Place de la République pour le Zemun Tour
C’est l’heure du free walking tour de Zemun, qui commence normalement par un trajet en bus. Mais toujours à cause du marathon, ces derniers ne circuleront pas avant une bonne heure – donc le guide propose qu’on y aille à pied. Il estime la balade à cinquante minutes, on mettra près de deux heures. Mais c’était agréable quand même.
On traverse le Danube, on tombe sur un certain nombre de mémoriaux de plus ou moins bons goûts, d’architecture communiste, et on aperçoit les péniches qui se transforment en night club une fois les longues soirées d’été arrivées. Il faisait près de 30 degrés.





Je n’ai pas pris trop de photos une fois arrivés. L’attraction principale, c’est une tour qui permet d’avoir une magnifique vue sur la ville. Après quatre heures de marche, le guide a eu la bonne idée de nous offrir un shot de rakija, c’est le premier walking tour que je fais où ça arrive ! C’est aussi le premier où il portait un costume traditionnel complet, chaussures-chaussons compris et vêtements en laine…



Après… nous sommes revenues en bus, sommes repassées à l’auberge, avons fait quelques courses et sommes allées à la Poste centrale, ouverte 24h sur 24. Un samedi soir, à 21h, le guichetier parlait anglais et a même collé les timbres lui-même. Impressionnant. Pour le dîner, nous sommes allées manger dans le restaurant Zavicaj, classé numéro 7 à Belgrade sur Trip Advisor. C’était vraiment nul, il faut que j’aille laisser un commentaire. Finalement, c’est la rue touristique qui comportait les meilleurs endroits où manger, contrairement à de nombreuses autres villes où ce serait l’inverse.
Retour à l’auberge, courte nuit car lever à 6h pour attraper le train de 7h20 pour rentrer à Budapest. Dix heures de train plus tard, entre 1h30 de passage de frontières (et ce moment sitôt la frontière passée où un passager a un problème avec son billet et où la contrôleuse hongroise s’exclame à travers le wagon – je ne parle pas anglais, qui peut traduire du hongrois à l’anglais ?) et 1h30 de câble sectionné juste à l’entrée de Budapest. En rentrant, j’ai dormi de 18h à 7h le lendemain matin mais ça valait le coup !
J’espère vous avoir donné envie d’aller en Serbie et voir Belgrade comme elle est avec ses contrastes et imperfections. C’est surprenant, positif, mais visiter Belgrade est une excellente idée et un week-end donne le sourire.
Ce voyage à Belgrade reste un de mes meilleurs souvenirs de mon année difficile d’expatriation en Hongrie.
Et pour un voyage Paris-Belgrade ? Pas de problème avec la compagnie Wizz Air depuis l’aéroport de Beauvais ou Orly. Ailleurs en France, EasyJet dessert la capitale serbe depuis Mulhouse. Le taux de change euro – dinar serbe est intéressant et le coût de la vie est plus bas qu’en France. Il vaut mieux cependant parler un peu anglais pour visiter Belgrade de façon optimale.
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23 comments
Ton article m’a rappelé plein de souvenirs ! Je suis passée par Belgrade il y a quelques années, en vadrouillant à travers l’Europe. Juste 24h donc j’ai vu la ville en coup de vent mais j’en ai gardé l’envie de revenir.
Je me souviens que je devais prendre un tram pour aller à la gare d’où partent les trains pour le Monténégro, à cause de Google Maps, j’ai pris le mauvais tram et les gens auxquels j’ai demandé de l’aide étaient extrêmement gentils et prévenant, ça m’a marquée…
J’en profite pour te dire que j’adore lire ton blog, qui “me suit” depuis au moins 6 ou 7 ans… Chaque article est comme un voyage intérieur et on en a bien besoin en ce moment 🙂
Hannah, ça fait dix jours que je viens relire ton commentaire tous les jours. MERCI, ça me remonte tellement le moral!
<3! Merci à toi pour tout ce que tu partages ! Cette semaine, je me suis replongée dans tes voyages en Europe et aux États-Unis, ta plume et tes photographies m'ont permis de m'évader et d'imaginer de futures aventures Un vrai bonheur.
Belles photos qui reflètent bien le style particulier de la ville ! J’y suis en ce moment et malgré les vieux immeubles communistes je trouve la ville très moderne, aérée et agréable pour une ville de l’est (venant de Sarajevo, j’ai eu l’impression de faire un bond de 20 ans dans le futur).
Je confirme, Belgrade, c’est vraiment cool ! Vous allez y rester longtemps ?
Oui, un mois !
Après ton article, je ne suis toujours pas convaincue par visiter Belgrade malgré le beau ciel bleu des photos… mais en tout cas, la ville semble dépaysante 😉
Qu’est-ce qui ne te convainc pas ? j’ai raté mon but alors 😀
Ah ah, la nourriture je crois 😉
(non c’est juste que j’ai déjà beaucoup trop de choses à voir qui se précipitent dans ma tête 😉 )
En photos pourquoi pas mais ce sera pas ma destination de prédilection 😉 Trop vieillot à mon goût
Ca l’est mais c’est ça qui est intéressant à voir ! ça met en images ce qu’on a pu apprendre dans nos livres d’histoire sur le communisme.
Merci pour ce petit aperçu. Ça donne tout de même envie de découvrir Belgrade. C’est super que tu en profite d’être à l’Est pour visiter des villes mal connues
C’est la seule ville pas trop connue que je vais visiter – à part celles de Hongrie. Le reste a été assez classique quand même 🙂 (Berlin, Cracovie, Vienne…)
Moi ça me donne bien envie, super reportage 🙂
Merci Alexia !
CA semble tres space quand meme…..!!
Ca l’est. Mais la ville se relève doucement de son passé communiste et des destructions. C’est amusant d’observer la période de transition 🙂 et essayer d’imaginer cette période qu’on n’a pas connue…
ça donne effectivement vraiment envie ! Je l’ajoute à la liste des pays européens à visiter 🙂
Oui oui et oui ! et avec un pouvoir d’achat européen de l’ouest, ça devient vite très intéressant financièrement. La campagne doit être super jolie.
En photo, Belgrade est très jolie. A te lire, ça me donne envie d’y aller, de découvrir cette ville de mes propres yeux. xx
C’est un peu loin pour n’y aller que pour ça, mais c’était cool !
Avec ces photos pleines de soleil on a l’impression que vous avez passé un bon moment, ça donnerait presque envie d’y aller 😉
Presque 😀