Je suis allée visiter Athènes en février dernier. Avec quelques heures d’écoles qui sautaient, j’ai voulu jouer sur l’emploi du temps et partir un peu de Hongrie. Ryanair m’a fait hésiter entre le Danemark et la Grèce, mais c’est cette dernière qui a gagné, pour ses prix abordables et son soleil.
En effet, j’étais sous 25 degrés, en t-shirt, loin du froid hongrois et de la déprime. J’ai passé un très bon week-end à Athènes : surprenant – je ne connaissais rien de la capitale grecque avant d’y poser les pieds – ensoleillé, savoureux, mais sans une certaine part de questions et remises en question sur le voyage solo.
Premier jour à Athènes
Le départ a été chaotique. C’était mon tout premier vol Ryanair (je n’avais jamais pris l’avion en Europe avant cette année, habituée aux voyages en train et plutôt effrayée avant d’aller vivre au bout du monde) et il a été retardé de deux heures parce qu’il y avait un bagage non identifié dans la soute. La police a dû encercler l’avion et nous faire longer un cordon de sécurité digne d’un film américain. Nous sommes partis avec plus de deux heures de retard, ce qui m’a fait arriver au milieu de la nuit avec une hôte airbnb qui est quand même venue me chercher à l’arrêt de bus à côté de chez elle (j’ai pris un airbnb car une chambre privée coûtait moins cher qu’un lit en dortoir d’auberge de jeunesse).
Je logeais dans le quartier de Kallithéa, sans hôtels ni touristes (en tous cas visibles) et il fallait un peu plus d’une demi-heure de marche pour rejoindre le centre et la rue qui abrite les restaurants, le musée de l’Acropole et l’entrée principale du bas de la colline.
Dès les premières minutes, j’attrape un jus d’orange frais (un litre pour un euro, oui) et je suis stupéfaite. Athènes ressemble à la vieille Espagne de mon enfance, il y a le même carrelage sur le sol des trottoirs et les odeurs d’ordures. Les gens sont dehors, assis sur des chaises en plastique, jouent au backgammon. Le café coule à flot, chaud ou freddo. Personne ne ramasse les oranges qui font plier les branches d’arbres et tombent sur les trottoirs.
Ce premier jour, je me promène, je visite Athènes sans but particulier, j’observe les inscriptions en alphabet grec, je marche, je prends à gauche ou à droite sans choisir, je photographie les ruines au coin des rues en tombant dessus par hasard.
Deuxième jour à Athènes
Je décide d’aller voir l’Acropole d’Athènes, enfin, après ma presque heure de marche et mon jus d’orange à emporter – en voyage, quand je trouve un endroit qui me plaît, j’ai tendance à y manger plusieurs fois sans vouloir changer !
J’avais payé un ticket combiné à 12 euros qui permet d’entrer sur les sites d’onze monuments-ruines de la ville (le musée de l’Acropole n’est pas inclus). Mais maintenant, c’est 30 euros pour le billet combiné et 20 euros pour l’Acropole seule, ce qui n’est vraiment pas donné. Peut-être parce qu’on était en février, il n’y avait pas systématiquement de gardes ni de contrôles à chaque entrée, j’avais pu la veille pénétrer sur un site sans avoir de billet. Et les horaires d’ouverture n’étant pas clairs ni même vraiment disponibles, je n’ai jamais pu m’approcher de plusieurs autres ruines, en y allant pourtant à différents moments.
Mais aujourd’hui, ce qui m’intéresse, c’est de grimper en haut de l’Acropole. Je m’engage complètement au hasard et me retrouve pas du tout à l’endroit attendu. C’est fascinant de déambuler au milieu de ces ruines, d’essayer d’imaginer à quoi la scène pouvait bien ressembler au Ve siècle. Entre les échafaudages et les tentatives d’explications historiques – et leurs points d’interrogation – je dois avouer que je n’imaginais pas ça. J’imaginais des temples restaurés au marbre brillant, reconstruits jusqu’à la moindre pierre. Leur état n’est finalement pas dérangeant – est-ce la faute de la crise ? une mauvaise politique culturelle ? un choix ?
Le but c’est de monter, je finis par m’engager dans la courte file pour le Parthénon. Y aller un vendredi était une bonne idée, en repassant par là le lendemain les queues étaient bien plus importantes.
L’entrée entre deux colonnes gigantesques fait se sentir minuscule. Je vais parler en clichés mais le poids des siècles, la trace de l’histoire, etc. Le manque de panneaux et le chantier qui suivait son cours m’ont vraiment déroutée mais c’était très très impressionnant de se retrouver là. J’étais férue d’histoire antique quand j’étais petite et j’ai longuement étudié les mythes lors de ma licence de lettres. C’était comme lorsque j’étais à Washington DC, y aller rend tout ce qu’on a pu étudier et apprendre plus tangible et concret.
L’après-midi, après un kofta à l’agneau, je suis allée faire un free walking tour d’Athènes. Les tours n’ont pas lieu tous les jours et j’ai eu le pire guide parmi la dizaine de tours que j’ai pu faire l’année dernière aux quatre coins de l’Europe. Il n’avait pas absolument pas préparé son truc, était un peu trop “relax” à mon goût et nous entraînait un peu au hasard : voici un bar que j’aime bien. Entrons. Voici donc un bar. Et je n’exagère pas, c’est promis !
Il nous a par contre emmenés en face de l’Acropole et le point de vue sur le temple était agréable. En redescendant la colline, nous sommes passés par le versant qui abrite Anafiotika, un quartier de maisons bleues et blanches comme dans les îles – car quand ces habitants, originaires de l’île d’Anafi, sont arrivés à Athènes, ils ont essayé de recréer leurs conditions de vie.
Troisième jour à Athènes
Le programme de cette avant-dernière journée de visite à Athènes était de parcourir un maximum de sites dont l’entrée était contenue dans le billet combiné et d’aller voir le coucher de soleil du haut du Mont Lycabette. Je suis pas mal revenue sur mes pas, le centre-ville étant assez petit, mais j’ai développé un certain sens de l’orientation au fil des rues.
J’ai commencé par contourner la colline de l’Acropole pour avoir encore un point de vue différent sur le Parthénon – ce qui m’a amenée à passer par un autre chemin et le parc de la colline de Philopappos. C’était un peu effrayant car je n’ai pas croisé âme qui vive, à part le fantôme de Socrate dont la prison a été conservée (pas de photo, j’ai trouvé ça glauque).
Je me suis promenée ensuite dans les quartiers de Plaka et de Monastiraki. J’ai cherché à entrer sur le site de la bibliothèque d’Hadrien mais pour la troisième fois en trois jours, il est encore fermé. On voit que la crise est passée par là, par les pans entiers de ville laissés à l’abandon, par le street-art un peu revendicatif, par l’absence d’entretien de la chaussée ou des bâtiments.
Je me suis dirigée après vers un site gigantesque dont l’entrée est incluse dans le pass : l’Ancienne Agora. À la fois musée à ciel ouvert, parc urbain et musée proprement dit, il y a un peu de tout et j’y passe au moins deux heures. Avec la BO d’Hercule de Walt Disney en tête.
Le temple d’Héphaïstos, qui est le mieux conservé de la ville, n’apparait plus si parfait de près. Le musée n’est pas extraordinaire, il mérite d’être dépoussiéré dans tous les sens du terme. Mais les allées sont presque vides, il y a peu de visiteurs, seulement des locaux avec leur chevalet, c’est très agréable.
Je n’ai pas pris beaucoup de photos de mes repas lors de ce voyage. Mais plusieurs fois j’ai cherché des endroits où manger mais ai renoncé sur le seuil car les terrasses étaient pleines de familles, de couples et de groupes. Visiter Athènes ne semble pas du tout être propice au voyage en solo. La seule fois où j’ai vaincu ma peur – et ma faim – on m’a vraiment regardé bizarrement quand j’ai demandé une table pour une personne (et encore plus quand j’ai commandé à manger pour trois. Oups.)
Je suppose que j’ai dû avaler un truc avant d’aller visiter un autre site, le Kerameikos, dédié à la céramique et incluant pas mal de poteries en plein air, une église orthodoxe et un musée.
Et puis j’ai sorti mon plan, ai retraversé Athènes et me suis lancée dans l’ascension du Mont Lycabette pour aller voir le coucher de soleil. Il y a bien un funiculaire mais le prix dissuasif – sept euros – et ma forme physique normalement pas trop mal m’ont convaincue d’y aller à pied. Hé bien, je n’ai pu grimper les 277 mètres, sous le regard perplexe des joggers qui dévalaient les marches sans effort.
Je me suis arrêtée au milieu et ai trouvé un coin tranquille. J’étais très en avance sur l’horaire, ce qui m’a laissé un peu trop de temps pour une introspection. J’ai ouvert un carnet et j’ai écrit, écrit, écrit, tout ce qui n’allait pas à Budapest, dans ma vie, dans ce style de voyages.
En fait, le voyage en solo reste ma façon de voyager préférée. Choisir ce que je veux faire, quand je veux le faire, passer des heures au café ou au musée, toujours marcher, sauter des repas ou bien en faire six par jour, faire des détours de plusieurs kilomètres pour aller voir un truc repéré sur un blog… J’ai des compagnons de voyage avec qui je m’entends bien, bien sûr, mais je me suis habituée à être seule.
Mes premiers voyages solo se sont faits au Canada et aux États-Unis, où j’étais très entourée au quotidien, très sociable et jamais seule dans ma vie. Du coup, voyager seule permet de prendre une pause vis-à-vis des autres, me retrouver, réfléchir plus et partager aisément ce que je vois et fais. J’ai de plus uniquement fait du Couchsurfing ce qui me permettait d’échanger avec mon hôte le soir venu et poser toutes mes questions sur la vie à cet endroit. Les voyages solo suivants, en Australie ou en Europe de l’est, ont été effectués au milieu d’un quotidien très solitaire. J’en ai plusieurs fois parlé, j’allais à l’école, où personne ne m’adressait la parole, rentrais chez moi, ne sortais pas vraiment. Voyager dans cet état d’esprit-là décuple la solitude. Et je ne trouve pas toujours de compagnie agréable en allant en auberge de jeunesse.
Je ne vais pas arrêter de voyager de cette façon, il faut juste que je m’organise différemment. En rendant visite à des amis expatriés, par exemple comme c’est le cas la semaine prochaine aux Pays-Bas.
Mais du coup, alors que le spectacle était glorieux devant mes yeux, j’étais un peu écrasée par toutes ces considérations et ne savais que faire à part poster sur Instagram.
Et le dernier jour à Athènes
Mon avion étant en milieu d’après-midi, j’avais toute la matinée pour visiter les derniers temples qui m’avaient échappé et prendre un dernier petit déj jus d’orange frais – viennoiserie au fromage et au sésame.
J’ai commencé par me rendre au temple de Zeus Olympien, qui s’est avéré être mon préféré. Je l’ai trouvé plus majestueux, plus détaillé que les autres, avec la tristesse de la colonne solitaire effondrée au sol…
Et sur les conseils de ma hôte, j’ai choisi comme dernière visite à Athènes le Zappeion, qui se trouve dans les jardins botaniques d’Athènes (pas très impressionnants au passage). Ce bâtiment sert pour les cérémonies officielles et sa symétrie se lie à la perfection. Par contre, le tout dernier bâtiment qui se situe à l’extrémité du parc, le stade olympique, je ne l’ai pas visité pour cause d’entrée payante (je préfère faire peu d’activités payantes mais rester plus longtemps à un endroit)
Et il était déjà temps de repartir. J’ai adoré visiter Athènes, j’y ai super bien mangé, m’y suis sentie en sécurité, ai trouvé des gens sympathiques – et anglophones – et des prix très intéressants pour mon faible pouvoir d’achat de salaire hongrois. La ville ne mérite pas que d’être une escale entre les îles, on peut y passer plusieurs jours sans s’y ennuyer. Et maintenant ai-je envie d’aller dans les îles ? mille fois oui !
10 comments
Je cherchais autre chose dans la catégorie “Europe” et ma curiosité m’a fait lire cet article parce que bon j’ai passé 4 mois là-bas alors c’est drôle. (?)
Mon endroit préféré à Athènes c’était la colline juste à côté de celle de l’Acropole, où on avait une belle vue et y’avait des arbres sur le chemin donc il faisait pas trop chaud !
Est-ce que tu as raté ce truc génialissime que sont les café Freddo ??? J’espère que non parce que moi c’est un truc qui me manque à chaque fois que les températures repassent au dessus de 25°C !
J’ai découvert Athènes en 2013, nous nous y étions arrêté 3 jours de retour des Cyclades, et cela avait été une excellente surprise. Tes photos sont très jolies et fidèles au souvenir que j’ai gardé de cette ville passionnante 🙂
Très joli carnet de voyage Kenza (comme d’hab) ! Tu m’as vraiment donné envie de découvrir Athènes et d’ailleurs, je ne pensais pas que c’était si chouette à faire en Février. J’ai eu l’impression de marcher avec toi sous les orangers.
Ca a l’air très beau la Grèce ! Pour le côté historique et culturel, j’en rêve ! Une de mes amies y a été cette année et en tant que prof d’histoire, elle a adoré 🙂
Concernant le passage sur le voyage solo quand on se sent déjà seul à la base, je partage complètement ton avis : quand on est super bien entouré, voyager seul ne pose pas de problème (parfois même bien au contraire ahaha) par contre quand on se sent isolé, ça n’a plus ce côté “aventure”, “je me retrouve un peu seul pour m’écouter réfléchir”, c’est plutôt … “encore seul”. ça m’a fait le coup une fois ou deux, et si j’ai adoré les visites faites ces jours-là, je me rappelle aussi que mon état d’esprit était bien différent de d’habitude!
Je l’attendais ce billet et je suis contente que la ville t’ait plu. Je me suis arrêtée à Athènes pour l’escale obligatoire afin de rejoindre une amie ailleurs en Grèce. Je craignais un peu les touristes, la pollution, le trop plein de gens. Cependant c’est une belle ville chaleureuse. J’en garde un bon souvenir. Et tes photos (plus culturelles que ce que j’ai fait), me donne envie d’y retourner.
12 ans déjà que je suis allée à Athènes ! Je retrouve certains de mes souvenirs, mais ça me donne envie d’y retourner.
Par contre, je t’admire… Je n’arriverai pas pour ma part à voyager seule … J’ai toujours besoin de quelqu’un avec qui partager mes découvertes (et mes repas hihiii)!
Athènes me tente aussi énormément quand il fait froid en France et apparement, j’ai raison : cette ville a l’air très chouette ! J’adore <3 Merci de la promenade 😉
C’est très joli, beaucoup d’architecture tu as dû te régaler ! la langue est très étrange mais c’est chouette tu as dû être dépaysée 😉
Que de jolis souvenirs et de belles découvertes durant cette escapade !
Mon seul voyage en solo c’était à New York, j’y étais restée quelques jours après avoir assisté à un séminaire. Une très chouette expérience, j’avais rencontré pas mal de “locaux”, dont un avec qui j’ai été danser la salsa un soir et un professeur d’université, rencontré sur le ferry, qui m’a servi de guide ! Que de super souvenirs, mais je crois que je ne saurai plus faire, je suis trop habituée à voyager avec Mathieu maintenant <3
En tout cas c'est une chouette aventure que nous raconte là !
Athènes semblait très belle en Février ! Et puis les orangers *_*
Bref, tu m’as donné envie de re-découvrir Athènes (j’y suis allée avec le collège, et mes souvenirs sont très flous)(je ne me souviens que de la bouffe^^).
Je n’ai jamais fait de voyage en solo, juste des sorties / aprem en solo. Et j’ai toujours beaucoup de mal à aller au restaurant toute seule, je me sens toujours peu à ma place dans une salle de resto remplies de discussions … auxquelles je ne peux pas participer, car je suis seule 🙂
Alors, pour mes voyages, j’essaie de ne jamais partir seule, même si du coup, je loupe quelques occasions de découvrir des jolis endroits ! Mais au final, ton article m’a donné envie de voyager seule, histoire de voir comment ça fait !