Pour le week-end de Pâques 2018, on ne savait pas trop où aller. On a pensé aux Rocheuses, à Chicago… Mais on a mis trop de temps à se décider, tout était assez cher, donc on a fini par choisir la solution de facilité : descendre au Minnesota, un des États américains en-dessous du Manitoba.
Le Minnesota n’est pas vraiment une destination glamour ni très célèbre, et c’est dommage, parce qu’on a passé un super week-end ! Même si partir fin mars – début avril (Pâques était vraiment très tôt cette année) limite pas mal le choix d’activités possibles puisqu’il y a encore de la neige, de la glace et des températures autour de -20, les paysages sont beaux, les prix sont abordables, les gens sont aussi gentils que dans les Prairies canadiennes… Le Minnesota c’est effectivement presque comme dans les clichés d’How I met your mother !
Niveau trajet, ça donne :
A – On est partis de Winnipeg le jeudi soir, on a passé la frontière, on a dormi à Warroad,
B – on a repris la route le lendemain, on s’est arrêtés à Baudette (C)
D – on s’est promenés dans International Falls
E – puis on a visité le Minnesota Discovery Center
F – et on a atteint Ely, notre destination en début de soirée.
Après, on a passé la journée du samedi à Ely, puis on a repris la route dimanche matin, longé la route scénique du Lake Supérieur, et atteint Thunder Bay en Ontario. On y est restés le lundi puis on a conduit presque d’un trait – après des chutes d’eau gelées – jusqu’à Winnipeg, pendant huit heures environ. Mais ça sera l’objet d’autres articles !
Il y a 550 kilomètres entre Winnipeg et Ely, soit 6 heures de route (on compte en heures de trajet ici et pas vraiment en kilomètres… C’est plus parlant !) et il est possible de conduire sans s’arrêter ou presque. J’avais d’ailleurs une étudiante qui l’avait fait le week-end d’avant et m’avait donné plein de recommandations et de bonnes adresses. Mais on voulait prendre notre temps, visiter des trucs et surtout ne pas risquer de rencontrer une biche sur la route (mon étudiante, elle a vu un lynx, c’est pas mal !)
Bienvenue aux États-Unis… ou pas
Je n’étais pas retournée aux États-Unis depuis 2013, et j’avais failli rester coincée à la douane. J’avais eu droit à une fouille complète de mes affaires et à un interrogatoire détaillé, ce qu’ils appellent une inspection secondaire. Et j’avais lu quelque part qu’une fois qu’une personne subit l’inspection secondaire, elle y sera soumise tout le temps par la suite. Donc je ne faisais pas la fière et j’avais prévenu mon copain que ça risquait de ne pas être un passage de frontière très simple.
Lui, il a pas mal traversé (mais au plus gros poste frontalier qui se trouve à l’ouest de celui-ci) et il a reconnu qu’effectivement cette fois était la pire de toutes. J’avais prévu quelques-unes des questions des douaniers : où allez-vous, pour combien de temps, quel est votre trajet, depuis combien de temps vous vivez au Canada, quelle est votre profession, qu’emmenez-vous avec vous...
Mais la question “pourquoi” nous a pris de court. Ah oui tiens, pourquoi on va à Ely au fait ? Ajoutons aussi que nous n’avions pas vérifié la prononciation de la ville : ce n’est pas “i-laïe” comme on pourrait s’y attendre mais “i-li”… donc les douaniers ne comprenaient pas où on allait…
Ils ont inspecté la voiture, posé encore les mêmes questions une fois qu’on est entrés, et je me suis assise bien droite sur le banc en ayant l’air sûr de moi. Ils ne doivent pas voir passer souvent deux Français avec des passeports français dans un coin perdu du Manitoba pour aller au Minnesota, et je n’étais vraiment pas rassurée. Je houspillais mon copain qui m’adressait la parole comme si de rien n’était en français, et répondais systématiquement en anglais, histoire de ne pas mettre les douaniers en colère.
On a fini par avoir nos papiers verts et notre coup de tampon et je me suis vraiment sentie soulagée en quittant le poste frontière. Je serai encore mieux préparée la prochaine fois !
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Welcome to Minnesota
Nous n’avions pas réservé d’hôtel à Warroad et le premier dans lequel nous sommes entrés était complet. Heureusement, les gens sont cools et le réceptionniste nous a indiqué où trouver d’autres hôtels – ses concurrents donc – sans aucun problème. Il y avait de la place dans le second hôtel, donc nous avons pu nous focaliser sur un autre aspect très important : où dîner. On a fait une rapide recherche en ligne et trouvé un restaurant encore ouvert à 21h : il s’avérait que c’était le sports bar !
Maillots de hockey au mur, crosses dédicacées, écrans avec le match… C’était plein et on s’est fait dévisager en entrant mais l’atmosphère était vraiment bon enfant. J’avais oublié à quel point les portions sont gigantesques aux US, bien plus qu’au Canada où elles sont déjà assez importantes… Cf. mon dîner et nos petits déj du lendemain.
Le petit déjeuner, on l’a pris au Northlake Cafe, à Baudette, dans un dinner comme dans les films, avec des banquettes en cuir coloré et des refills de café, c’est-à-dire que la serveuse apparaît pour vous resservir dès que votre tasse est presque vide. Ça ne coûtait rien (mois de dix dollars l’assiette), c’était que des petits papis et mamis qui connaissaient tout le monde et était avec la propriétaire on a first name basis. Le café se trouve en face du McDo, et c’est juste tellement mieux de faire vivre un petit commerce et des locaux.
International Falls
On repart le ventre bien rempli, je somnole dans la voiture, les sapins, la neige, des lacs parfois, c’est beau, en tout cas de ce que j’en vois. La route nous fait passer par International Falls, première vraie ville que l’on rencontre depuis notre départ de Winnipeg (Warroad, la ville à la frontière a 1730 habitants. Baudette 1000. Et International Falls, 6000). On n’avait pas prévu de s’arrêter, mais en passant en voiture on aperçoit des fresques de street art, des jolies façades, donc on pose la voiture et on va se promener. Et c’était cool !
Il faisait un bon -15 avec le vent par contre (fin mars, l’hiver était interminable) donc on a fini par abréger la balade… et pas seulement parce qu’on avait fait le tour entier de la ville. Et je dois avouer qu’un troisième facteur nous a fait remonter dans la voiture : l’odeur dégagée par l’usine de papier. Ce serait un parfait motif de dispute avec le Canada, juste de l’autre côté de la rivière, selon le sens du vent.
Smokey, c’est le symbole de la prévention anti-incendies aux États-Unis, et plus généralement la mascotte du Service des Forêts. Sur tous les panneaux indiquant le niveau de risque, il y a un petit ours. L’histoire est mignonne (à lire ici), et est due à des pompiers du Nouveau-Mexique qui ont sauvé un ourson d’un incendie en 1950.
Franchement, on dirait plutôt que les oursons sont pyromanes. On dirait des méchants de dessins animés.
Le Minnesota Discovery Center
Dans mes recherches, j’avais trouvé deux-trois musées à visiter : une serre, le musée du Greyhound et le Minnesota Discovery Center. Pas mal d’endroits avaient des horaires restreints à cause du week-end de Pâques (quand il ne s’agit pas carrément de téléphoner pour ouvrir le musée pour une visite privative), et quand on est partis d’International Falls, il était déjà 13h.
Il a fallu faire un choix et on a choisi le lieu qui fermait le plus tard, soit le Minnesota Discovery Center. On y est arrivés 1h30 plus tard et la madame à l’accueil a décidé de nous faire payer moitié prix, parce que la journée est bien entamée. Les gens sont tellement adorables dans ce coin.
Le Minnesota Discovery Center se visite toute l’année mais seule la moitié du musée est ouverte en hiver. Et ça suffit pourtant à passer un bon moment, instructif et amusant. Le musée est organisée par zones : ça parle du passé minier, de la naissance des syndicats et de leur héritage aujourd’hui (avec une petite affiche de campagne de Bernie Sanders) de l’immigration qui a construit le Minnesota, des pierres et fossiles de la région, du rôle des autochtones.
On y a passé tellement de temps qu’on s’est fait mettre à la porte parce que le musée fermait.
Il y a un point d’observation, laissant voir une mine désormais à ciel ouvert. Le sol était encore couvert de neige mais à plusieurs endroits, le rouge se laisse apercevoir, ce qui donne vraiment envie de revenir dans le coin en été ! Le paysage doit être différent des Prairies, avec des couleurs, du relief…
Pour la journée suivante, je vous promets une petite ville mignonne, un beau coucher de soleil et… des loups !
8 comments
Quelle aventure !! Hâte de lire la suite 🙂
Tu me donnes faim avec ton diner!
Les passages de frontière, c’est souvent quitte ou double. J’ai eu de bonnes et mauvaises expériences des deux côtés, c’est à dire pour entrer aux USA et pour réentrer au Canada. Des fois, les douaniers canadiens sont franchement… pas avenant. Ça destabilise quand on n’a rien à se reprocher et qu’on est habitué à des interactions plutôt cool. Et j’ai aussi eu des interrogatoires en règle du côté US.
J’ai bien aimé le passage sur la frontière. Cela m’a rappelé deux souvenirs vécus à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis et un autre à Atlanta…je devrais songer à en parler sur le blog. Tes photos sont superbes et j’aime toujours autant le caractère spontané et authentique de tes articles. C’est toujours un plaisir!
Merci pour ces jolis compliments <3
Super ce début de WE ! C’est sympa de pouvoir bouger un peu plus loin de temps en temps, vive les We à rallonge 🙂 Hâte de lire ton récit avec les loups !
Oui ça fait du bien et c’est cool de pouvoir avoir quand même accès à de jolis coins à 6-7h de route !
Ahhh les loups <3
En tout cas encore de superbes photos et oui vaut mieux parler en heures de route car je doute bien que les km soient tres tres nombreux!
C’est tellement normal ici de conduire 6h une journée pour faire un aller retour quelque part ! les loups arrivent dans le prochain article !