Aujourd’hui, je vous raconte le dernier épisode du road-trip en Tasmanie : la magnifique Bruny Island, une tempête de vent à 100 km/heure, des plages multicolores et Truganini, la dernière Aborigène.
Mon road-trip en Tasmanie :
– visiter Richmond et les alentours
– visiter l’ancien bagne de Port Arthur
– passer trop vite à Hobart, la capitale
– aller à Bruny Island
Bruny Island : l’île d’une île d’une île
Bruny Island est au large de la Tasmanie, elle-même dans l’ombre de sa grande soeur l’Australie.
La traversée entre l’île principale et Bruny Island, dure 20 minutes, pour $38 par voiture (prix 2021). Le bateau se prend à Kettering à quarante minutes au sud d’Hobart. Vous trouverez les horaires sur le site officiel du ferry.
J’adore les ferries. Ça me rappelle quand je vivais à Jersey et mes vacances à Belle-Île, en Bretagne, quand j’étais ado.
On débarque à North Bruny alors que la nuit tombe et on se dépêche de rejoindre notre destination : Adventure Bay. On est admiratives du paysage derrière la vitre sans vraiment comprendre la situation géographique : on est sur l’isthme, the Neck, une toute petite bande de sable qui joint les deux îles. Si on avait su, on se serait arrêtées mais c’est dangereux de conduire la nuit en Australie, la visibilité n’est pas bonne et les animaux sortent plus souvent qu’en journée.
Adventure Bay
On voit de jolies choses sur le chemin mais on se dirige vers le camping. Le propriétaire haut en couleurs passait de tente en tente vérifier que tout allait bien. Dans la salle commune, il nous offre de revenir faire du Woofing pour lui. Avec mes copines de voyage, on a presque été tentées… Bruny Island est un cadre magnifique.
On projette de se lever tôt le dimanche matin : j’ai mon vol de retour pour Melbourne à 21h30 à Hobart et le dernier ferry est à 17h30. Mais le mauvais vin et le bruit des vagues font que la matinée s’étire un peu trop. On décide de partir marcher jusqu’à un point de vue en hauteur, revenir et faire le tour de l’île en voiture.
Le soleil se cache derrière les nuages et revient. Pour avoir dû traverser des ruisseaux, l’eau est froide !
Pourquoi l’île s’appelle Bruny Island au fait ? Parce que l’île a été découverte par un Français ! En effet, le célèbre explorateur français La Pérouse dans les années 1780 a disparu en mer entre l’Océanie et la France (c’est précis n’est-ce pas ?) et une mission de sauvetage a été lancée pour le retrouver avec à sa tête Joseph Bruni d’Entrecasteaux. Aujourd’hui, Entrecasteaux est un village du Var de mille habitants, lié avec la petite île au bout du monde qui en compte 620.
À ce moment-là, il est midi et on n’a aucune idée des conditions météorologiques. Une tempête avec des vents entre 60 et 100 km/heure se prépare mais nous avançons joyeusement le long de la plage avant de regarder la carte. Les distances sont trop longues, on n’arrivera pas à marcher jusqu’au point de vue et redescendre. On décide de rentrer au camping pour monter en voiture le plus possible.
J’ai habité sur une île et je sais à quel point les traversées sont dépendantes du vent. On a déjà passé quatre ou cinq jours à Jersey sans aucune liaison maritime avec le continent. La peur de rester bloqué et de manquer mon avion, donc ma classe du lendemain matin, commence à s’intensifier.
On prend la voiture et on monte jusqu’au parking du point de vue. Il y a un mini-bus de touristes chinois. On sort de la voiture. On fait vingt mètres. Le sable poussé par le vent nous aveugle, nous fouette, on lutte à contre-courant. On se regarde et on se dit que non, c’est pas possible. On court se mettre à l’abri – et les Chinois sont hilares derrière leurs vitres.
On s’en va. Mais on croise ceci… avec le sentiment d’être tout au bout du monde loin sur le globe (down under, ça dépend dans quel sens on regarde après tout !). Le globe rend hommage aux baleines qui viennent migrer ici.
Cloudy Bay
En chemin on traverse une forêt – avec notre mini voiture. Le vent souffle mais tout va bien. On trouve un point de vue sur l’isthme – qu’on a traversé la veille sans réaliser que ça ressemblait à ça.
La plage est magnifique. Mais le vent souffle de plus en plus fort… le sable tourbillonne plus haut que moi.
En partant, il y a un arbre abattu sur la route. Deux voitures sont bloquées de chaque côté. L’homme en face descend, sort sa tronçonneuse. En une minute, nous sommes une demi-douzaine à retirer les branches de la route. Nous trouvons ça amusant.
Dix minutes plus tard, nous nous sommes trompées de chemin pour revenir vers le ferry et nous revenons sur nos pas. Un énorme arbre est aussi tombé, à quelques centimètres d’une voiture. Cette fois-ci, il faut attendre les rangers. La voiture tremble, des branches volent, il y a des arbres tout le long de la route. J’ai vraiment eu peur.
The Neck
Une fois la route dégagée, nous n’avons qu’une envie : partir loin. Le vent semble se calmer et repart de plus belle. Mais nous avons un dernier arrêt à faire : monter en haut de l’isthme. Nous n’avions aucun moyen de savoir que le vent cesserait dix minutes après notre visite, alors que nous devions nous cramponner à la rampe, la violence du vent transformant les gouttes de la pluie en véritables gifles. Mais la vue le méritait.
Truganini
Truganini est une devenue un emblème aborigène. Ce serait la dernière Aborigène de Tasmanie et sa vie illustre le conflit entre colons et autochtones.
Née à Bruny Island vers 1812 du chef de la tribu, tout change à l’arrivée des Britanniques. Sa mère est assassinée devant ses yeux, ses soeurs sont kidnappées, son futur mari jeté à la mer. Elle commence à travailler comme guide et interprète pour George Robinson, l’envoyé de la couronne pour pacifier les relations et… récupérer les terres aborigènes. On leur promet qu’en échange de leur installation dans des colonies, leurs terres leur seront rendues. Ce n’était pas vrai, et Truganini a fait partie d’une révolte et d’un groupe d’aborigènes qui ont réussi à s’échapper de Flinders Island où ils étaient retenus. Elle a passé le reste de sa vie entre exil et dissimulation.
Et même dans la mort rien n’a été respecté. Sa volonté était que ses cendres soient dispersés en haut du Neck, où se trouve son mémorial aujourd’hui. Elle ne voulait pas finir dans un musée. Cela a pourtant été le cas jusqu’en 1947.
Et finalement, la tempête s’est arrêtée, on a eu le ferry et c’est mon avion qui était en retard ! Si j’ai l’occasion, j’essayerais de retourner en Tasmanie, surtout pour passer un week-end à Hobart et monter jusqu’à Craddle Mountain.
J’espère que la promenade vous a plu !
17 comments
EN TRECASTEAUX ! un bien joli village du haut var qui doit son nom au navigateur célèbre RAYMOND BRUNY D’ENTRECASTEAUX qui parti en mer à la recherche de LA PEROUSE disparut le 20.07.1793 au sud de l’AUSTRALIE avec un cap du même nom .
Oh super ! Nous n’avons pas pu aller à Bruny et ça a l’air vraiment très jolie. Alors, tu n’as pas vu de diables ?
Non ! Il y a une réserve quelque part sur l’île mais mes camarades de voyage fauchées ne voulaient/pouvaient pas y aller…
Encore de magnifiques paysages !! Un jour j’irai en Australie j’espère ! 🙂
Il faut avoir du temps vue la taille du pays mais ça vaut le coup d’oeil !
ohhh Kenza tes photos sont troop belles !!!! ca donne trop envie d’y aller !!! bisous
Merci Ferdy !
On ne se rend pas compte du vent sur les photos, elles rendent bien ! Juste une correction : C’est Lapérouse avec un “s”, (mais c’était peut-être un doublon quand tu as écriit), il est très connu “chez nous”, on a un lycée à son nom et il y a eu des recherches faites pour tenter de localiser l’emplacement de son navire. Bref, ça n’enlève rien à l’intérêt de ton article et à la beauté des photos !
Ah merci je vais changer ça tout de suite ! Le vent, on le voit un peu sur les photos de la plage avec les couleurs du sable.
C’est magnifique, pas du tout l’image qu’on a ici de “down under”! 🙂
Les gens sont à différencier des paysages 😀 et la Tasmanie de l’Australie…
C’est impressionnante la plage aussi belle et sans un grand monde , c’est pas la saison alors ?
En effet, c’était fin septembre, il faisait une dizaine de degrés !
Les photos sont superbes, notamment les dernières et avant dernières. Merci pour cette ballade, je ne l’aurai peut-etre pas faite toute seule. (et wahou c’est bizarre des fois de prendre conscience qu’on est un peu a l’autre bout du monde :p)
J’étais contente de ne pas être seule non plus 🙂
Merci pour cette belle découverte, les paysages sont wôw grandioses !!!
Dommage que temps était aussi pourri !
C’était le risque d’y aller en fin d’hiver, mais il n’a pas plu, on a eu de la chance quand même !