Si on s’intéresse au Canada, il est indispensable de s’intéresser aussi à son histoire et à ses premiers habitants, les Premières Nations – et aux questions de réconciliation.
Ce qui fait l’actualité ces derniers temps, c’est la découverte de tombes d’enfants non marquées. Les 215 tombes trouvées sur le site de l’ancienne école résidentielle de Kamloops en Colombie-Britannique ont défrayé la chronique, à raison.
Une école résidentielle, autrement appelé pensionnat autochtone : pendant plus d’une centaine d’années, de 1831 à 1996, le gouvernement canadien a séparé les enfants de leurs familles pour les envoyer dans des écoles religieuses, gérées par l’église (différentes confessions). Abus, mauvais traitements, maladies, les conditions étaient dramatiques. Le but, c’était d’assimiler les enfants, qu’ils perdent leur langue, leur culture, leurs traditions.
Les sursauts d’horreur ont traversé le pays et il y a eu pas mal de contestations cette année autour de la célébration de la Fête du Canada, le 1er juillet. À Winnipeg, on a eu des manifestations violentes contre les institutions et des statues royales (Victoria et Elisabeth II) ont été renversées et décapitées.
Le 30 septembre, un nouveau jour férié (ou presque) apparait dans le calendrier canadien : la Journée nationale de la Vérité et de la Réconciliation. Pourquoi je dis que c’est un presque jour férié ? Parce que c’est un jour férié au fédéral (donc pour le gouvernement et les enterprises associées comme les banques) mais pas au niveau provincial.
Le 30 septembre coïncide aussi avec la Journée du Chandail Orange, une initiative visant depuis 2013 à porter du orange ce jour-là pour réfléchir sur l’histoire des pensionnats.
Bref, cette semaine, c’est donc le moment d’essayer de dresser une liste, loin d’être exhaustive, de ressources pour comprendre les pensionnants autochtones et les luttes des autochtones aujourd’hui.
Cette liste n’est pas vraiment pas complète, c’est surtout ce que j’ai lu ou vu, et j’ai essayé de classer par langue plutôt que par thème. Je suis d’ailleurs surprise de l’absence de traductions françaises pour pas mal des oeuvres ci-dessous, surtout que la plupart ont reçu des prix.
Ressources en français
Espaces Autochtones – la partie spéciale du site de Radio-Canada sur les questions autochtones.
Les bandes dessinées Riel Patriote en deux tomes de l’auteur manitobain Robert Freynet, pour une approche imagée de la vie de Louis Riel et des débuts du Manitoba.
Tuer l’Indien dans le coeur de l’enfant, documentaire de Gwenlaouen Le Gouil disponible ici au Canada
Ressources dans les deux langues
Les rapports de la Commission de Vérité et Réconciliation du Canada (National Centre for Truth and Reconciliation en anglais) sont disponibles dans les deux langues officielles.
J’ai vu plusieurs personnes lire sur mes réseaux sociaux le sommaire du rapport final qui condense les résultats de cette initiative. Le chapitre “appels à l’action” semble incontournable.
Côté fiction, Richard Wagamese semble être le seul auteur autochtone vraiment traduit en français. J’ai reçu un de ses livres en cadeau mais ne l’ai pas encore lu.
Ressources en anglais
Le MOOC Indigenous Canada de l’Université de l’Alberta est gratuit et s’intéresse à l’histoire des Autochtones au Canada jusqu’aux problématiques modernes en douze unités. J’y suis inscrite mais je ne l’ai pas encore commencé.
First Nations 101 de Linda Gray, accessible même avec un niveau d’anglais courant. Ce guide thématique reprend les problématiques sociales, religieuses, culturelles, sous forme d’entrées courtes (une page environ). C’est une excellente introduction aux questions des Premières Nations mais le livre date de 2010 et certains éléments sont un peu datés.
We were children, de Tim Wolochatiuk est un film de 2012 qui reprend l’histoire d’enfants envoyés dans un pensionnat autochtone. La Cinémathèque de Winnipeg propose le film gratuitement entre le 30 septembre et le 3 octobre sur leur site (il faut être au Canada cependant).
21 Things You May Not Know About the Indian Act, de Bob Joseph, s’intéresse à la Loi sur les Indiens de 1876 et ses conséquences depuis près de 150 ans.
Seven Fallen Feathers de Tanya Talaga reprend l’histoire de sept jeunes, assassinés ou disparus sans que les autorités de Thunder Bay en Ontario ne s’en inquiètent plus que ça. Le retentissement autour de son oeuvre a permis de rouvrir les enquêtes, c’est une lecture édifiante.
Highway of Tears de Jessica McDiarmid se focalise sur une portion de route en Colombie-Britannique où les femmes autochtones disparaissent ou sont assassinées. Il y aurait environ 4000 de ces femmes partout au Canada.
Five Little Indians de Michelle Good. Ce livre est beau, et triste. C’est de la fiction qui n’en a que le nom tant tout ce qui s’y trouve pourrait être vrai. On suit cinq enfants en pensionnat et à leur sorties, leurs luttes, leurs souffrances, c’est à lire.
From the Ashes de Jesse Thistle est une autobiographique, entre drogue, pauvreté, itinérance jusqu’à un doctorat. C’est très contemporain et tourne autour de la question de l’identité et du passé.
C’est tout pour l’instant. Je vais continuer de lire, regarder, me renseigner pour apprendre et progresser vers la réconciliation. Si vous voulez trouver d’autres ressources, notamment musicales ou cinématographiques, je vous recommande l’incroyable guide de Mannick et Matt sur leur blog Expatriation Canada.
Si vous avez d’autres ressources à partager, n’hésitez pas non plus !
2 comments
Hello,
En France, nous avons entendu parler de ce scandale.
D’ailleurs, dans une saison de la série “Anne with an e”, on nous avait montré comment ces enfants étaient maltraités dans ces écoles. Ca m’avait vraiment marquée.
Autre fait d’actualité provenant du Canada, un peu surprenant pour ma part :
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1830094/avion-trudeau-covid-canada-interdiction-voyage
Comment est la situation sanitaire chez toi ? Tu es toujours en télétravail ?
Ah, Anne with an E, il est dans ma liste, je sais pas si je lis le livre ou regarde la série…
Oui, le coup de la fermeture intérieure des frontières, il va falloir un amendement à la loi, ça fonctionne pas. On peut pas empêcher les gens de quitter le pays si leur statut migratoire le requiert!
Nous, on a de nouveau un pass sanitaire depuis début septembre, et toujours en télétravail. Possibilité d’aller un jour par semaine au bureau si on le souhaite. Les cas sont encore pas mal élevés dans le sud de la province car certaines régions (très religieuses) ont à peine 25% de vaccination.