Mes coins de France à Winnipeg… J’ai hésité à publier cet article, mais finalement, pourquoi pas ! Il s’inscrit dans le rendez-vous #HistoiresExpatriées organisé par Lucie, et c’est Patrick qui a eu l’idée du thème du mois de mai.
Mes coins de France à Winnipeg
Le français et le travail
Même si je jongle chaque jour entre l’anglais et le français, mon quotidien à Winnipeg se fait en français. En effet, j’enseigne le français à l’Alliance Française du Manitoba, mes collègues sont francophones et notre langue de communication est le français.
Je parle français aux étudiants le plus possible, selon leur niveau. Je trouve que c’est un savant dosage à trouver entre une relation plus amicale et décontractée (qui passe parfois par l’anglais pour les petits niveaux) et une relation plus formelle de maître à élève finalement qui se fera uniquement en français, au risque qu’ils ne comprennent pas. Ça dépend des classes, ça dépend des jours. L’humour se fait en anglais en général, si je veux décoincer une classe.
Certaines Alliances Françaises revendiquent à fond leur côté franco-français. Ici, il n’y a pas de drapeau sur la façade, de cartes de France aux murs ni de nappes à carreaux mais c’est un coin de France, surtout quand Paris Match traîne sur la table et que le consul fait sa tournée : les bonjours volent à la cantonade et la photocopieuse crache des copies de passeports bruns. Après, il y a aussi des jours où cette proximité avec la France se ressentira moins.
À Winnipeg, côté nourriture
On est pas mal lotis à Winnipeg, il y a plusieurs boulangeries tenues par des Français ou avec des boulangers-pâtissiers français. Il y en a d’ailleurs une juste à côté du travail… mais j’ai retrouvé le goût authentique des pains au chocolat de mon enfance dans les chocolate croissants de chez Stella’s, une chaîne winnipegoise.
Pour les restaurants d’inspiration française à Winnipeg, j’aime Resto Gare qui est dans un wagon reconverti et
À Winnipeg, on a donc des restaurants français, des vrais avec du confit de canard et des escargots. Dans ces établissements, les serveurs sont souvent bilingues, ce qui ajoute une touche d’authenticité… dont raffolent les anglophones. Je ne fréquente pas souvent ces restaurants pour autant, si j’y vais c’est plus pour changer des burgers-frites ou célébrer un évènement que par manque de nourriture française.
Au niveau des produits français au supermarché, on trouve de la confiture Bonne maman, de la buchette de chèvre frais français à sept dollars, des Danette, quelques fromages, de la moutarde Maille. Depuis fin 2019, on trouve aussi tout un tas de fromage : du comté, du camembert Président, de l’emmental à des prix tout à fait corrects.
Je ne consomme pas énormément de produits français, mais pas parce qu’il n’y en a pas. Je m’achète un bout de fromage de temps en temps et ça suffit. Mes parents ne m’ont jamais envoyé de colis de nourriture comme beaucoup d’expats, je m’adapte simplement et refuse de troquer la qualité pour le fait de se qualifier d’expat en manque. Je n’achète pas de pain car je sais qu’il ne sera pas forcément très bon, surtout en ayant un frère boulanger qui m’a habitué à de très bons produits. J’avais lu une fois le témoignage d’une française à Montréal qui s’était découvert une passion pour le fromage une fois arrivée au Québec alors qu’elle détestait ça avant…
Je ne veux pas adhérer au moule de l’expatrié français qui se languit de la gastronomie. Et à vrai dire, j’applique cette philosophie tout le temps : je n’achetais pas de Tim-Tam (des biscuits australiens) en France, je ne consommerai pas de sirop d’érable dans un autre pays qu’au Canada, le Pimms a meilleur goût en Angleterre. Chaque pays est associé dans mon esprit à des habitudes culinaires que je ne cherche pas à reproduire ensuite.
À la maison
Là par contre, c’est plus français que dans mon assiette. Je vis avec un Français, donc on parle français à la maison, on a des habitudes françaises (ne pas dîner à 18h comme les Canadiens par exemple) et comme lui aussi travaille en français on n’a pas cette coupure linguistique entre les différents moments de la journée.
Par la culture
Niveau coins de France culturels à Winnipeg, il n’y en a pas beaucoup. Une chaîne d’infos tourne en continu au travail mais je ne regarde pas vraiment, jetant juste un oeil aux gros titres. Je parcours les unes de quelques journaux en fonction de ce que je vois sur mon fil Twitter, j’écoute quelques podcasts en français mais qui ne sont pas en lien avec l’actualité, je n’ai pas du tout de coins de France de ce point de vue là.
Je ne regarde presque jamais de films français, bien qu’il y ait un festival du film français annuel en mars, et je lis ponctuellement en français, en fonction de mes envies et de ce que je trouve : le dernier Fred Vargas était disponible dans les bibliothèques de Winnipeg par exemple, je guette le prochain Joël Dickers, j’ai lu Chanson Douce parce que tout le monde en parle à cause de la traduction en anglais et du procès. Je lis beaucoup plus en anglais maintenant.
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Finalement, le plus français que j’ai fait, c’était de célébrer le 14 juillet… dans le seul village canadien qui le fête officiellement : Saint Claude, Manitoba.
Saint Claude a été fondé par des immigrants du Jura et ce jour-là, c’était un peu comme une fête de village de l’hexagone. Le consul jouait à la pétanque, c’était très franco-français mais avec quand même une touche de Canada – comme l’encan silencieux, une genre de tombola où vous placez vos billets dans un petit sac près de chaque produit, et au menu c’était des burgers évidemment. Mais avec du fromage !
– les coutumes canadiennes que j’ai adoptées
– pourquoi je suis partie
– suis-je une expat ?
– ce que j’aurais voulu savoir avant de partir
– bilan de 10 ans à l’étranger
7 comments
Hola,
Quand je pars plus d’un mois en voyage, la gastronomie française me manque mais tout comme toi, je ne comble pas ce manque par l’achat de ces produits dans le pays visité. On est souvent déçu par le pain, le fromage… Notre niveau d’exigence est trop élevé ! lol
Je ne sais pas comment faire pour m’abonner à ta newsletter et tes nouveaux articles , je viens de découvrir ton site et j’ai hate de lire tes aventures au Costa Rica. Nous y sommes allés il y a quelques années déjà mais si t’as besoin de conseil , j’ai quelques pages dessus sur mon blog.
A bientot
Chris
Salut Chris! Merci pour la remarque, j’ai ajouté l’option de souscription par email, j’avais juste oublié de le mettre en changeant de thème. Je ne manquerai pas d’aller lire ton blog en préparant mon voyage 🙂 Bienvenue par ici !
Moi j’ai jamais mangé de canard confit de ma vie (ni d’escargots), haha ! Intéressant point de vue, surtout sur ton Alliance Française (trop jolie d’ailleurs). Par contre moi je parle 100% français à mes élèves même débutants complets, avec force gestes et images (mais c’est rare les italiens qui ont vraiment un niveau zéro)
Ah je fais partie de ces francais qui reçoit des colis de France mais ça c’était avant ! Depuis que je suis À Edmonton j’en ai reçu qu’un seul. Donc tu vois Jai arrêté 🙂 plus on est loin de la France moins on recherche nos habitudes c’est comme ça que je le vois !
Pour les pims tu m’as bien donné envie de retourner en Angleterre rien que pour les goûter !! Chui déjà super fan des LU lol
Je crois que tout.es les profs du RDV histoire expatriées vont avoir un coin de France similaire! Merci du partage
C’est bien que tu te sois adaptée à ce point et que tu ne sois pas en manque 🙂
ahah je me rappelle quand, au fin fond de ma campagne des Maritimes, je trouvais des Danette au supermarché… comme une denrée rare et précieuse 🙂
je trouve ton approche très saine, il vaut mieux ne pas se focaliser sur ces trucs-là.