Ce long article sur Edmonton et Calgary pourrait s’intituler “le week-end des premières fois” : premier voyage seule, premier Couch Surfing, premier road trip. C’était un petit aperçu de mon voyage aux États-Unis qui approche (dans moins d’un mois !)
Pourquoi Edmonton et Calgary ?
Le 11 novembre est férié au Canada et il n’y avait pas cours à l’université le mardi (ils appellent ça Reading Break, même si ça fait un peu court pour étudier quand même), j’ai donc décidé de partir en week-end. Dans ma tête tout était clair : le road-trip américain occuperait mes longues vacances de décembre et j’irai explorer le Canada en avril lorsque la neige aura un peu fondu. Mais où aller au mois de novembre ?
Pendant cinq jours et sans avoir à prendre l’avion, l’Alberta m’a semblé une bonne destination. Relativement accessible, assez de choses à faire, et une envie d’aller découvrir le coin du pétrole et du rodéo. J’ai donc réservé mes billets de bus pour Edmonton et Calgary et suis partie le jeudi soir.
Prendre le Greyhound est une expérience culturelle fascinante. C’est une population hétéroclite de voyageurs fauchés, d’étudiants, de backpackers (Vancouver-Montréal en bus pour certains) de gens en DUI (interdiction de permis pour conduite sous influence), d’hommes âgés au visage rougi par l’alcool, d’immigrés qui baragouinent un anglais timide. Et au milieu vous me mettez, moi la Parisienne, qui ouvre un livre de Douglas Kennedy aux accents de Quartier Latin assise par terre dans une gare routière. Mes univers se sont entrechoqués.
La nuit dans le bus entre jeudi et vendredi a été entrecoupée d’arrêts, et dès le passage en Saskatchewan, la neige, partout, mes petites Bensimon ne faisaient pas le poids. Pendant dix heures le paysage des prairies a égrené sa mélancolie, sa monotonie.
Edmonton
À 15h le vendredi, je suis arrivée à Edmonton et j’ai rejoint la maison de ma host, Bonnie. Le CouchSurfing vous devez savoir ce que c’est, ces habitants qui vous ouvrent la porte de leur maison et vous laissent un coin de canapé ou une chambre, vous offrent un peu de compagnie ou non. Pour une première expérience, j’étais la Princesse au Petit Pois dans un grand lit au sous-sol. Elle avait mis le dîner dans le four et elle avait du thé à la grenade.
Samedi matin elle m’a montré la ville, sa ville, sa routine, son église, ses habitudes, avant de me laisser vagabonder. J’ai commencé par aller acheter des vêtements d’hiver parce qu’en Alberta, il n’y a que la TVA fédérale de 5%, pas la taxe provinciale donc les prix sont moins chers. Puis je suis allée au marché de Old Strathcona, où un accordéoniste jouait Piaf et Tiersen, entre étals de viande de bison et perogies. Deux mondes, etc.
Le système de transport en commun n’étant pas des plus performants, une adorable étudiante m’a accompagnée à l’arrêt de bus tout en discutant entre les flocons. Cette gentillesse, cet accueil, je n’ai vu ça qu’ici. J’ai rejoint Downtown Edmonton et j’ai admiré les buildings… entre deux magasins je suis allée visiter le Palais Législatif de l’Alberta (infos ici).
Chaque province a sa propre Assemblée, son propre gouvernement. J’ai appris des choses qui pourraient traverser l’Atlantique, que les femmes ont pu voter en 1916, que le cumul des mandats est interdit, et qu’être député c’est un job à plein temps, sans autre occupation permise.
Samedi soir nous sommes allées à un concert en l’honneur de Remembrance Day, le 11 novembre. Un ancien pasteur, un chanteur britannique et une blonde folk ont alterné compositions et reprises, dans un petit bar où le mojito remplissait une pinte. J’avais un sweat-shirt XXL acheté en charity shop à Jersey et des Uggs. Six mois plus tôt, ça m’aurait semblé impossible de sortir sans m’habiller un minimum. Mais il fait moins dix degrés, le Canada aura raison de mon sens vestimentaire.
Dimanche matin j’ai pris un brunch avec trois Françaises qui font le même job que moi, lectrice de français, et puis après une frayeur j’ai été l’héroïne de mon propre film à courir mon gros sac au dos à 12h58 pour attraper le bus de 13h…
Et ça valait le coup.
Calgary
Arrivée à Calgary après quatre heures de bus, à 17h30, j’ai été rejoindre la maison de mon host. Le système des blocks, de ces rues à l’américaine toutes quadrillées portant des numéros s’avère, après adaptation, infiniment pratique. Downtown Calgary, avec son métro aérien, ça ressemble à Gotham City. Si ce n’avait pas été un jour férié, j’aurais croisé plein de Bruce Wayne en costume. Tant pis.
Calgary c’est la capitale des rednecks canadiens, parce que c’est la ville du pétrole (et la ville de Stephen Harper, le tant décrié Premier Ministre actuel). Mais j’apprends que son maire est musulman, qu’il y a un certain pourcentage d’immigrés, et ma promenade le lendemain me montre que les clichés ont tort.
Surtout j’ai vu ma première skyline, pour de vrai.
Mon second host Couchsurfing était très différent de la première. Après une soirée film avec ses amis et un canapé très confortable, je me suis réveillée relativement tôt, sous un grand soleil, prête à aller découvrir la ville avant le coucher de soleil à 17h… et l’appartement dormait encore. Alors j’ai arraché un bout de papier et j’ai griffonné un mot avant de fermer la porte doucement.
La journée était mienne, la ville aussi. Ce sentiment de se promener dans un nouvel endroit, sans que personne ne vous connaisse, de prendre les rues au hasard d’un signe ou d’une curiosité, c’est fabuleux. Je suis retournée à la station Greyhound pour mettre mon sac dans un casier, en prenant le métro aérien de Calgary. La station était de l’autre côté de Downtown, j’ai pris le métro, et pour la première fois de ma vie j’ai fraudé, en retournant dans l’autre sens sans repayer de ticket. Tout change !
Mon but était de monter en haut de la Calgary Tower. Certes c’est cher (dix-huit dollars selon leur site) mais la vue est exceptionnelle. Et au loin, il y a les Rocheuses…
Avec un énorme sourire sur le visage, j’ai continué ma promenade dans Calgary : le mall, Eau Claire Market, Prince Island Park, Kensington le quartier hipster, avant de revenir au mall au chaud et dans un bar avec deux Brésiliennes de mon université et deux Bengalis.
J’ai adoré Calgary. Ne conduisant pas, je suis sensible à ce qui est accessible à pied ou en transports en commun, et les centre-villes à l’européenne avec petits cafés, lieux artistiques et animation me manquent. J’ai retrouvé cette ambiance, malgré le jour férié. Et en plus il y a H&M, c’est un petit bout d’Europe que je me suis empressé de visiter.
Mardi à minuit je suis montée dans le bus, pour en descendre à dix-sept heures, pour rentrer chez moi. Souvent au cours du week-end que ce soit à Edmonton ou Calgary, j’ai dû expliquer d’où je venais / pourquoi j’avais un accent britannique / où j’habitais. Et les réponses se font de plus en plus évidentes, j’étais heureuse de revenir dans mon petit coin de Manitoba, au moins autant que d’avoir pris mon sac à dos (enfin celui de ma copine A.) et d’avoir, pour la première fois, voyagé seule.
6 comments
Me donne bien envie de découvrir ce coin du Canada, ce qui m’attire le plus c’est leur gentillesse….
Je suis d'accord Bubulle.. mais en ce moment Blogger fait n'importe quoi et je ne peux plus poster alors j'envisage une solution radicale de migration vers WordPress 🙂
Moi j'ai tout lu !La skyline et les montagnes enneigées en liserai c'est superbe. Calgary a l'air intéressante comme ville… et quand tu parles du Greyhound ça me serre le coeur :'( cette ambiance glauque et incertaine me manque… eh oui. Mais est-ce que tu as envoyé des cartes ?!?!?!
Aussi, si ce n'est que moi, tant pis, et je veux pas être embetante, mais je trouve très difficile de lire la nouvelle calligraphie…
Tu seras bientôt une vraie backpacker! ;)J'ai un souvenir du Canada où les filles sont encore moins frileuse qu'à Jersey… La mini-jupe de mise juste pour aller à la fac par -15°, ça m'a choquée!
hey j'ai pas lu en entier parce que je suis restless et que j'ai plein de trucs à faire, mai juste les premiers paragraphes et je suis in love du Canada!!!Merciiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii!!<3