Ma première tasse de café est un de mes souvenirs les plus vivaces.
J’avais seize ans, j’étais en terminale. En cours d’italien, on avait étudié un extrait de tragicomédie vénitienne, qui parlait de torréfaction et de saveurs. On avait donc appris tout le vocabulaire du café… Mais je n’en avais jamais bu. Un après-midi d’hiver, gris et sous la pluie, j’attendais le bus qui ne venait pas place de l’Europe. C’était le moment.
J’ai descendu la rue et je suis entrée dans un café de St Lazare. J’ai demandé un expresso avec une assurance toute feinte. Installée, j’ai ouvert Montherlant ou Aragon, je ne sais plus ce que je lisais, et je l’ai bu à petites gorgées. Le goût m’avait ravi.
L’histoire avait commencé. Dix ans plus tard, je ne peux pas vivre sans.
Mes goûts en café changent avec le temps et les pays où j’habite. Je me souviens avoir apporté dans mes valises pour l’Angleterre la vieille cafetière italienne de mes parents. J’ai appris à écouter le chuintement chaque matin pour ne pas faire brûler le café. Et puis j’ai découvert les cafetières à piston, French press en anglais. J’en ai cassé une demi-douzaine, trop enthousiaste en faisant la vaisselle.
Le café noir sucré, c’est pour le matin. Une grande tasse. Et je ne trempe jamais mes tartines dedans.
Quand je suis arrivée en Amérique du Nord, j’ai découvert les gobelets XXL en carton. Le café avait un goût… particulier. Très très allongé, bien trop clair pour me réveiller. Mais je pouvais être fancy et je rajoutais souvent du sirop de noisette. J’arrivais à mon bureau ou en classe tous les jours le gobelet greffé à la main. Il m’a fallu du temps pour m’habituer mais je m’y suis fait. Le café fait partie de ces rituels rassurants. Et dans les dinners, lorsque les serveuses venaient resservir, j’avais l’impression d’être dans un film.
De retour en France, je ne pouvais plus avaler l’expresso bien serré post-déjeuner.
Et puis j’ai encore changé de continent. J’atterrissais à Melbourne, ville du café. Le tout premier matin, encore jetlaguée, j’allais boire un café sur Degraves St. Si court, si fort, si… pouah.
Il a fallu que je me réhabitue au café corsé et de qualité. À Melbourne, on ne plaisante pas avec le café. Il faut le boire d’une certaine façon à certains endroits. Et la mousse de lait a des motifs toujours plus raffinés. Très vite, le flat white est devenu mon café de prédilection, pour l’après-midi. Le matin, c’était encore et toujours un Long Black.
Le premier jour où j’ai descendu les escaliers de l’université avec mon gobelet XXL en main, j’ai eu une impression de déjà-vu. Ne manquait que l’énorme muffin au chocolat que j’avalais au Canada – j’avais pris près de vingt kilos cette année-là. Et pourtant je veux y retourner, oui oui oui.
Et maintenant j’habite en Hongrie. Le café long (hosszú) n’est pas si allongé et de toutes façons pour commander il faut utiliser l’accusatif – le hongrois, c’est compliqué. Dire cappucino-t c’est plus facile, au moins je suis sûre de ne pas faire de fautes de grammaire. Il y a des cafés ici bien sûr, ou traditionnels façon viennoise et on ne peut pas prendre à emporter, ou bien design à la scandinave. Un café long coûte en moyenne un euro dans les quartiers populaires – les Starbucks et autres Costa sont remplis d’expats et d’étudiants, les boissons y sont trois fois plus chères. Ici, je bois moins de café. Ca me manque un peu et il m’en faut deux par jour pour “fonctionner” correctement.
Et vous ? dans vos pays respectifs, dans votre quotidien, c’est important ? Y a-t-il des cafés aux arômes étranges ? Vous êtes accros aussi ? Racontez-moi !
21 comments
Il est original cet article, et c’est intéressant toutes ces différences entre les pays. Je n’aime pas le café, je n’aime que son odeur et je suis une Madame Thé, tout le temps, partout. Et j’ai donc pu aussi voir la différence entre les pays dans lesquelles j’ai vécu.
C’est très intéressant cet article et l’idée est originale 😉 Je ne bois plus de café depuis quelques mois, ça m’a pris un peu du jour au lendemain à vrai dire, mais je le digérais de plus en plus mal et aujourd’hui, j’ai remplacé le café par le thé à tous moments de la journée. Les seules boissons à base de café qui me plaisent encore sont les cappuccino ou les latte par exemple, donc pas du café pur 😉
Ici en Suisse, de ce que j’ai pu voir, il y a peu d’expresso, les Suisses dans les cafés boivent davantage des cafés allongés ou avec du lait. Comme on est très proches de l’Allemagne, ils sont très friands des gros gâteaux bien riches qu’on trouve dans les vitrines des cafés et des pâtisseries !
Alors, moi mon premier café c’était celui de ma mère : elle me laissait le fond dans sa tasse et j’en imbibais un sucre, façon canard. Sinon, le café c’est l’espresso (enfin, cafetière italienne) après le déjeuner, noir. J’en ai bu le matin mais je ne supporte pas bizarrement. Ca me fait palpiter le coeur. Du coup je suis repassée à la ricoré. Mais comme je ne veux pas boire trop de lait, je mets juste un nuage, et le reste en eau, avec un demi-sucre.
Le café, c’est la vie ! 🙂
Pour moi le café, c’est un petit plaisir, plus qu’une nécessité. Je peux passer une journée sans café (même si c’est extrêmement rare) ou en boire une flopée. L’essentiel: profiter de l’instant. Seule en tête à tête avec lui pour mieux le déguster, ou en bonne compagnie !
Mon premier café ça devait être vers 10 ans, un café au lait dans un bol avec trois sucres, comme papa!
Jusque l’an dernier j’en buvais tout le temps,toute la journée mais j’ai arrêté pour limiter mon apport en sucre et finalement ça ne me manque pas au quotidien.
Mais j’adore me commander un latte au café, avec un bouquin, c’est mon petit bonheur.
Le café noir j’adore l’odeur mais je n’ai jamais aimé le goût.
Je crois que plus que le café ce que j’aime c’est le rush de la caféine!
Je n’aime pas le café, avec ou sans ait, avec ou sans sucre c’est cuit je n’aime pas ça. Du coup je suis au chocolat chaud , et je me régale 🙂 Sympa le schéma des cafés en Australie, j’imagine que tu as dû en découvrir des dizaines dans tes voyages ^^
Excellent le dessin avec le detail de la composition des cafés australiens!!! (tu permets que je te le pique au cas où un jour je voudrais l’inclure dans un de mes articles? :D)
Concernant ma consommation de café, j’ai dépensé des sommes astronomiques dans la machine à café de ma fac quand j’étais étudiante, le premier cours de la matinée, et la pause clope de 10h, et souvent le premier cours de l’aprèm, c’était toujours avec un espresso sur la table!
Puis j’ai commencé les expatriations. L’AF où je bossais au Canada avait une super cafetière avec long black à volonté, j’en ai bu des mugs et des mugs. Puis en Angleterre, c’était le café soluble par flemme chez moi et la machine à café à l’école! Et finalement ici en Australie… je bois beaucoup de thé!!!! J’en bois des tasses et des tasses quand je bosse de chez moi, mais quand je me déplace chez mes étudiants, j’ai souvent un café French Press made qui m’attend!!! et bien sur le joli flat white avec ses dessins de temps en temps, quand je le prends en ville…
Et beeeehhhhh j’aurais pas cru pouvoir dire tant de chose sur ma consommation de café!!!!!
Je sais pas si tu as eu l’occasion d’aller boire du café en Islande mais en général tu paies, on te donne une tasse et tu te sers toi-même, à volonté. J’avais beaucoup aimé (surtout les après-midi de révision) !
Ne digérant pas le lait de vache, je découvre avec émerveillement qu’ici au Canada on peut facilement avoir du lait de soja à la place et que beaucoup de gens boivent leur café avec du lait ou de la crème d’ailleurs.
J’aime bien ces petits détails des vies d’expats en série ! Les petites différences culturelles qui accumulées font qu’aucun pays, lieux, ne ressemble à un autre et qu’il a toujours quelque à apprendre ! Etre expat, c’est être modelable, adaptable, transportable ! Merci pour le partage 🙂
Cheers xx
J’ai été un peu trop accro jusqu’à l’an dernier mais je me suis bien calmée depuis que j’ai compris que c’était pas le café en lui-même que j’aimais, mais le côté pause/discussion autour du café. Maintenant c’est une ou deux fois par mois et encore.
Ah le café, j’adore le gout et l’odeur mais je suis allergique 🙁 Alors qu’en France j’étais accro a la machine a café au lycée et qu’en Ecosse j’adorai les latte au costa coffee. Ici j’aime bien les Chai latte 🙂
Je n’aime pas le café, j’ai goûté enfant et je goûte à nouveau de temps en temps mais j’aime toujours pas. Et je déteste l’odeur du café noir qui fume le matin.
Je réalise aussi que ne pas boire de café c’est un peu handicapant dans la société parce que vu que je ne fume pas, je fais ni pause clope, ni pause café et je n’ai jamais les petits potins !
Mon premier café, j’avais 19 ans, je venais d’avoir mon permis et j’avais ce job d’été qui me demandait de me lever tôt. J’entends encore mon père me dire “boit un café, ça va te réveiller”. Ça ne m’a pas spécialement réveillée, mais j’ai pas détesté et c’est devenu ma boisson du matin. Mon café est toujours sans sucre (comme mon thé d’ailleurs). Au départ, je le buvais corsé exclusivement. Avec le temps, je me suis assouplie et j’apprécie autant un expresso ultra serré, qu’un long café léger. J’ai appris à y ajouter du lait parfois, en mousse ou comme ça; je crois que ça vient de mon séjour au Royaume-uni. Peu d’arômes ajoutés mis à part de temps en temps du sirop de noisette (comme dans mon lait!). En revanche, chez moi, le café a rarement été un booster d’énergie et je pourrais en boire plusieurs d’affilé et ne pas être sur les nerfs ou ultra réveillée…
Pareil pour le thé sans sucre !
Pour l’énergie, ça dépend. Je me souviens de soirées pré-partiels studieuses où un café me tenait éveillée jusqu’à 2 ou 3h du matin. Maintenant, c’est la vieillesse, c’est terminé 😀
J’adore le café, mais en extérieur. à la maison, je me fais un café instantané sorte de rituel pour me préparer à travailler.
En extérieur, j’adore les espresso corsés, mais j’essaye tout ce que je trouve. J’ai découvert le cappucino en australie et je n’ai bu que ça pendant des années. Au Canada, j’ai aussi découvert le café long et en gobelet. où je suis actuellement il y a une maison du café, il est possible de commander des cafés différents, j’adore ça. Par contre il n’y a pas de starbucks et certains jours ça me manque.
Sinon à Paris je te conseille la caféothèque et simplement le café du jour. J’aime beaucoup cet endroit et les arômes variant selon les jours.
Merci pour le nom parisien, j’irai cet été 😀
Très original cet article, et super chouette à lire ! Le café, c’est au minimum trois par jours, et toujours noir ! Je déteste le sucre, alors le bon café noir du matin, c’est celui qui retire le nuage qui flotte dans ma tête ; celui de dix heures, chez moi ou en salle des profs, c’est celui qui m’empêche de grignoter, et celui d’après déjeuner me permet de finir les cours sans bailler toutes les cinq minutes. t au café, c’est un “large cappuccino”, si possible avec du lait de soja et avec un peu de cannelle parsemé sur le dessus. Par contre, et tu dois t’en souvenir, le café moulu est hors de prix en Angleterre, alors mes adorables parents/amis/colocataires m’en ramènent de leurs pays (je dois avouer que celui autrichien est très bon !). Bref, voilà pour ma vie avec le café ! 😉 xx
J’achetais le mien à la Coop au début. C’est je crois le seul item de ma liste de courses où je ne regarde pas le budget. Et j’ai trouvé que souvent, c’est moins cher chez les petits distributeurs plutôt qu’au supermarché. En salle des profs, c’est du vrai café ? on en avait mais il n’y avait qu’une cafetière, il fallait vite laisser les élèves et descendre avant qu’il n’y en ait plus 😀
Malheureusement, pas de Coop à Stamford. :/ Dans la salle des profs, c’est du vrai café, et il y en a deux différents : un normal pour les chochottes et un “fort” pour les gens qui ont du goût ! Et ça, ça fait super plaisir ! 😀 Les élèves n’ont pas accès à la salle des profs et les profs préfèrent le thé, ou le café moins fort, ce qui me laisse le loisir de boire beaucoup de café le matin ! 😀 xx
J’ai eu la chance de boire un cafe genial au Mexique…mon propriétaire était un descendant des francais de Barcelonnette qui ont débarqué à Mexico il y a longtemps. Il avait gardé le goût du cafe fort par l’espèce de cafe allongé qu’ils servent d’habitude, sa cousine avait une plantation. Du coup, elle le fournissait directement en grains de cafe qu’il faisait sécher au soleil sur le toit en terrasse et la gouvernante le torréfier….je m’étale mais c’est le meilleur cafe que j’ai jamais bu, un grand souvenir!
Au contraire, je voulais des récits 😀 ce café a l’air délicieux !