La Nouvelle-Orléans est une ville de sensations. On sent, on vit, on voit, on mange, on respire, débauche et luxure sont omniprésentes. J’ai souvent lu des récits de voyage avec des impressions négatives sur la Nouvelle-Orléans, et il me semble qu’il faut un peu se préparer psychologiquement à ce qu’on va avoir devant nos sens. Ça sent l’herbe à chaque coin de rue, il y a des gens un peu nus, d’autres habillés de façon excentrique, l’alcool coule à flots au son du jazz. Et grâce au CouchSurfing, j’ai adoré mon expérience à la Nouvelle-Orléans. Mais je m’avance… reprenons.
Vendredi, 19h, gare de Chicago. Le train Amtrak est en retard, sans trop d’informations et le blizzard approche. J’observe les gens dans la foule et tente aussi discrètement que désespérément d’attirer l’attention du garçon mignon derrière moi dans la queue. Finalement ça marche et on discute pendant une heure pour passer la lente attente. Il me quitte même sur un hug. La chaleur des Américains me surprend encore à ce moment du voyage, avant de devenir une douce habitude.
Les Américains disent adorer le train. Mais sans vouloir être chauvine, la SNCF bat Amtrak (qui l’aurait cru !). J’ai apprécié le confort des sièges et qu’il n’y ait pas d’annonces tonitruantes avant, pendant et après une gare. Mais sinon… si les lignes étaient à grande vitesse, que de temps gagné ! Il a fallu près de dix-huit heures pour traverser le pays… et arriver dans les marais de Louisiane.
Samedi, 17h, j’arrive à la Nouvelle-Orléans; Il fait vingt degrés et une chaude averse tombe. Je m’empresse de ranger mon manteau au fond de mon sac mais je suis un peu nerveuse. Mon host au téléphone ne m’a pas donné une bonne impression. Mais il faut avancer, toujours avancer, et le taxi me dépose dans cette petit rue du Faubourg-Marigny. Pour la première fois, je comprends que le taxi est une nécessité aux États-Unis, quand il n’y a pas ou peu de transports publics, des distances trop grandes pour être faites à pied et des quartiers peu sûrs.
J’attends sous la pluie et un grand blond finit par venir m’ouvrir. Il pourrait sortir d’un film et sa manière de parler ferait le bonheur des linguistiques. Je n’ai jamais compté autant de man! à la minute. Et finalement il m’explique que la veille ils ont eu trois détestables françaises, qui ont confondu CouchSurfing et AirBNB et sont parties sans un mot de remerciement. Ils au pluriel car dans la maison, les trois colocataires sont musiciens professionnels. Je n’aurais pas pu mieux tomber pour découvrir la vraie Nouvelle-Orléans.
On discute, on dîne, et ils se changent car ils doivent aller jouer. Ils sont dans un brass band, donc des cuivres, et assise au bar à déguster un excellent mojito je me dis que la vie n’est pas si mal ! Le soir on est sortis sur Frenchmen Street, la rue des bars. À la Nouvelle-Orléans on peut boire dans la rue, donc on vous sert, pour la modique somme de trois dollars, dans un gobelet en plastique, et il suffit de passer de bar en bar au son des groupes qui jouent live… C’est une atmosphère qui aurait du mal à déménager. Je n’ai rien vu de pareil.
Le lendemain je pars explorer le French Quarter, sous un joli ciel bleu. Et je suis stupéfaite par l’architecture, les balcons, les beignets du Café du Monde (je regrette de n’y être allée qu’une fois !), la musique… un peu de français au hasard. C’est presque Noël et les décorations tentent de le rappeler, entre soleil et palmiers.
Au coeur du French Quarter de la Nouvelle-Orléans, il y a Jackson Square, des animations de rue, des artistes qui m’ont rappelé la Place du Tertre (quatre mois sans rentrer à Paris commencent à se faire sentir !) et la cathédrale Saint Louis. C’est l’une des plus belles que j’aie jamais vues, même si ma préférée viendra plus tard dans le voyage.
J’aurais aimé aller explorer davantage, et manger créole, mais une journée à la Nouvelle-Orléans pour une fille qui voyage seule ne suffisait pas. Je suis donc rentrée à la maison vers 17h, impatiente d’aller écouter plus de jazz. Mon host ne peut pas sortir avec moi, alors je décide de passer une soirée tranquille et réserve un taxi pour 6h le lendemain, j’ai un train pour Atlanta. J’en profite pour traîner sur Facebook, et écrire mon carnet. La dernière ligne du dimanche est “soirée seule sur le canapé, je dois me lever tôt demain”.
Et là, la magie du voyage a frappé, comme un des colocs à la porte, m’invitant à aller voir le spectacle de stand-up comedy au bar d’à côté. Je troque mon pyjama pour un jean et le suis. On discute, on change de bar, et il décide de me donner l’expérience complète de la Nouvelle-Orléans : on prend le chemin de Bourbon Street.
J’ai entendu et lu beaucoup de choses sur cette rue. J’étais allée voir, à quatre heures de l’après-midi. Et je ne sais pas si c’est d’avoir grandi à côté de Pigalle ou bien d’avoir souvent été à Amsterdam, je n’ai pas trouvé ça pire que le Quartier Rouge. Et de nuit, j’ai passé un excellent moment. Seule ou avec un(e) compagnon de voyage, je n’aurais jamais osé m’aventurer dans les endroits où je suis allée ce soir-là. Mais bien entourée, bien accompagnée, avec un local qui sait où quand comment, et surtout quoi répondre aux démarcheurs et aux gens saouls, cela change tout !
Cette soirée a été magique, un peu surréaliste, tendre et dégoûtante à la fois. J’ai vécu la Nouvelle-Orléans comme il fallait. En rentrant pas très droit, il est déjà plus de 4h du matin et je dois me lever dans trop peu de temps. Le musicien me dit alors qu’il va dans le Tennessee passer la semaine chez son meilleur ami, qu’il n’y a rien à voir à Atlanta, qu’on pourrait passer trois jours ensemble et qu’il promet de me conduire à temps pour ma prochaine correspondance.
Trois minutes d’hésitations, une pensée pour ma pauvre mère là-bas de l’autre côté de l’océan, sept heures en avance, qui n’a pas idée de la folie que je m’apprête à faire. Trois petites minutes à peser le pour et le contre… et j’accepte. Adieu Atlanta, bonjour road-trip et Tennessee !
Tous les articles de mon road-trip aux USA :
Étape 1 : Chicago
Étape 2 : la Nouvelle-Orléans
Étape 3 : Chattanooga, Tennessee et un peu de Géorgie
Étape 4 : Atlanta
Étape 5 : Miami
Étape 6 : Savannah
Étape 7 : Washington DC
Étape 8 : Philadelphie
Étape 9 : New York partie 1 et New York partie 2
Étape 10 : Boston
17 comments
Ah la Nouvelle Orléans, C’est clairement dans ma liste, avec La Colombie Britannique, Antelope Canyon, et bien d’autres!
J’adore le retournement de situation, l’opportunité qui s’est présenté à toi! T’as bien raison d’avoir foncé!
Je vais en BC mi-février ! Je passe souvent sur ton blog, j’espère que tu auras l’envie de l’actualiser bientôt 🙂
Ton récit est vraiment une gigantesque aventure !!!! Super trip et j’ai vraiment hâte de découvrir la Nouvelle Orléans et d’embarquer pour le Bayou !
Je sais que pour les enfants il y a un zoo, et y a pas d’âge pour les beignets du Café du Monde et leur bon chocolat chaud !
Rahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh!!! La chute de l´article m´a tuée!!! Je peux aussi avoir le romantisme par mail?? J´ai besoin de rêver là…
Si tu veux ! 🙂
Encore une fois ton article m’a fait rêver ! Hâte de lire la suite ^^
Merci pour tes adorables petits mots <3
c’est normal que la description que tu en fais me donne trooooooooooooooop envie d’aller voir la Nouvelle Orleans?? ou alors c’est l’architecture? :-p
Hihi tu saurais où loger si tu y allais :p
C’est magnifique,et j’adore lire tes aventures, quel sens de l’improvisation!
Merci ! J’avoue que ça m’a beaucoup appris à relativiser les imprévus… et merci encore de traîner par ici et toujours revenir !
Hihihi..on ne se débarrasse pas facilement de moi!
Je veux bien croire que le départ pour le Tennessee décidé en 3 minutes ait été meilleur moment du road trip. Vive le romantisme !
Le meilleur moment je ne sais pas, mais définitivement quelque chose à part ! Par contre, le romantisme… tu peux l’avoir par mail si tu veux :p
Hate de lire la suite ! C’est le meilleur non les imprevus en vacances!?!!
Oui ! Surtout quand c’est positif comme ça et pas une galère !